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On a vu pour vous… Mare of Easttown, polar solide avec une Kate Winslet magistrale

Dans Mare of Easttown, Kate Winslet incarne une inspectrice chargée d’enquêter sur un meurtre alors que sa vie personnelle s’effondre.

C’est quoi, Mare of Easttown ? Mare Sheehan (Kate Winslet), inspectrice au sein de la police de la petite ville de Easttown, est chargée d’enquêter sur le meurtre d’une jeune mère célibataire (Devs Cailee Spaeny). L’affaire s’annonce délicate, non seulement parce que tous les habitants se connaissent et protègent leurs secrets, mais aussi parce que Mare traverse un moment difficile après un échec professionnel, son récent divorce et la mort de son fils aîné. Renfermée et solitaire, elle devra travailler avec Colin Zabel (Evan Peters), policier venu de l’extérieur pour l’aider dans ses investigations.

Dix ans après Mildred Pierce, Kate Winslet fait son retour à la télévision dans Mare of Easttown sur HBO (en France sur OCS en US+24).  Dans la mini-série en sept épisodes (nous en avons vus cinq) créée par Brad Ingelsby, elle interprète Mare Sheehan, inspectrice d’une petite ville chargée d’enquêter sur un meurtre tandis que sa vie personnelle part à vau-l’eau.

Le point de départ est très classique : lorsque le corps d’une jeune mère célibataire est découvert à Easttown, l’enquête est confiée à Mare, seule inspectrice de police de cette petite ville fictive de Pennsylvanie. En proie à l’hostilité de certains habitants et à la pression des médias qui lui reprochent l’échec de l’enquête sur la disparition d’une adolescente survenue un an plus tôt, fragilisée par une tragédie familiale, Mare commence son investigation, secondée par un jeune inspecteur de la police d’état. Ce duo mal assorti et obligé de travailler ensemble se heurte d’emblée au silence de la petite communauté où tout le monde se connaît  mais où personne ne parle, et où chacun protège jalousement ses secrets.

C’est donc une histoire que l’on a l’impression d’avoir déjà vue mille fois ; du point de vue de l’enquête en elle-même, ce n’est pas tout à fait faux, bien que les rebondissements soient nombreux et moins prévisibles qu’on pourrait le penser. De même, l’idée d’une intrigue se déroulant dans une petite localité en vase clôt, avec un meurtre brutal comme révélateur des turpitudes d’une communauté hermétique,  n’est pas nouvelle. Mais dans Mare of Easttown, elle fonctionne extrêmement bien. 

 Zabel vient prêter main forte à l’héroïne

La phrase tient du cliché mais tant pis : Easttown est presque un personnage à part entière, et le fait que la série porte le nom de son héroïne et de sa ville natale ne doit rien au hasard, le  personnage et le lieu étant les deux éléments cruciaux de l’histoire. Easttwown, c’est une petite ville reculée et désargentée où règne une ambiance pesante, qui vit dans le souvenir d’une maigre gloire passée (un championnat régional de basket remporté 20 ans plus tôt), où tout le monde se connaît, où les voisins s’observent et cachent leurs secrets derrière les façades de leurs modestes maisons. 

Ici, c’est le meurtre de Erin, une jeune mère célibataire, qui fait ressortir le côté obscur des lieux parce qu’il concentre en lui la violence et la frustration des habitants. Mais nous ne sommes ni à Broadchurch, ni dans la première saison de  True Detective : Mare of Easttown inscrit son histoire dans une ambiance réaliste et parfois crue, sans aucun élément gothique ou romantique. L’histoire progresse méthodiquement, voire parfois lentement, moins dans l’investigation elle-même que dans la construction des personnages et de cet environnement. 

S’il fallait rapprocher Mare of Easttown d’une autre série, ce serait probablement du côté de Happy Valley qu’il faudrait regarder. Comme dans la série britannique, la vie de l’héroïne  prime sur tout le reste et elle partage d’ailleurs quelques points communs avec l’inspectrice Catherine Cawood : leurs enfants sont absents par leur faute (du moins le pensent-elles),  elles s’occupent toutes les deux de leurs petits-enfants, elles sont isolées et dépressives mais font leur travail malgré tout. 

Kate Winslet, magnifique dans le rôle de Mare Sheehan

Après son divorce et surtout le suicide de son fils aîné lors d’un épisode psychotique, Mare s’est renfermée sur elle-même. Elle est pleine de colère et de tristesse parce qu’elle se sent coupable et, d’une certaine manière, croit qu’elle mérite tout ce qui lui arrive. Même si elle entame une relation avec un écrivain (Guy Pearce), sa vie personnelle est en proie au chaos : elle a des relations tendues avec sa fille, elle se querelle sans cesse avec sa mère (Jean Smart), personne ne l’a informée que son ex (David Denman) allait se remarier, elle accepte mal l’arrivée de Colin Zabel (excellent Evan Peters), un enquêteur venu l’aider dans son investigation. 

Mare est donc au cœur de la série, et les séquences les moins réussies sont sans doute celles centrées sur des protagonistes secondaires qui semblent parfois servir uniquement à faire avancer l’intrigue. En revanche, toutes celles dédiées à Mare sont intenses. Interprétée par une formidable Kate Winslet qui traduit tour à tour la détermination, les angoisses et la détresse du personnage, c’est une héroïne bourrée de contrastes. Avec ses vieux sweat-shirts et sa queue de cheval en désordre, elle n’a rien de glamour et , dès l’une des premières scènes, on comprend que c’est une femme brisée qui pourtant continue d’avancer vaille que vaille, qui se cache derrière une froideur voire une dureté apparentes alors qu’elle est absolument désespérée. Elle se dévoile progressivement au travers de scènes en apparence anodines, et c’est ce qui fini par la rendre  extrêmement touchante. 

Si au départ, Mare of Easttown semble reprendre l’enquête classique sur un meurtre dans une petite localité, la série devient vite extrêmement prenante. Bien sûr il y a l’intrigue criminelle, cette communauté fermée et son atmosphère anxiogène ; il y a surtout le portrait psychologique de son héroïne. Sous les traits d’une Kate Winslet brillante, Mare n’a rien d’une super-enquêtrice, elle se débat avec une vie privée chaotique entachée de traumatismes : elle fait partie de ses personnages fascinants et attachants, précisément parce qu’ils sont à la fois complexes et crédibles. 

Mare of Easttown 
7 épisodes de 55′ environ. 
Sur OCS en US+24 . 

A lire aussi : On débriefe pour vous… Them, du rêve américain à l’horreur raciste

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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