
Avec Kathy Bates en vedette et annoncée comme un reboot, la série Matlock n’est pas du tout ce que vous croyez.
C’est quoi, Matlock ? Madeline « Matty » Matlock (Kathy Bates), est une avocate septuagénaire à la retraite et c’est amusant, car elle a le même nom que le héros d’une vieille série télé judiciaire. Cherchant un emploi pour pallier ses difficultés financières, elle parvient à entrer dans un important cabinet d’avocats de New York, Jacobson-Moore et à se faire embaucher, au culot. Intégrée à l’équipe de la redoutable Olympia (Skye P. Johnson) et aux côtés de ses collègues Billy (David Del Rio) et Sarah (Leah Lewis) plus jeunes qu’elle, Matty va devoir prouver qu’elle est encore dans le coup. Sauf que… les apparences sont trompeuses.
Aux États-Unis, voilà plusieurs années que la tendance est aux remakes, aux reboots, aux suites, aux prequels et aux spin-of. Ce n’était donc pas vraiment une surprise que CBS annonce ressortir des cartons la série Matlock, diffusée entre 1986 et 1995 – même si le personnage éponyme était féminisé, sous les traits de la grande Kathy Bates ( dont on se souvient surtout pour son rôle dans Misery). Mais quiconque a vu le premier épisode de cette nouvelle version sait bien que ce reboot… n’en est pas un. Et pour parler de la série, créée par Jennie Snyder Urman (Jane the Virgin) et diffusée en France sur SérieClub, on est obligé de vous spoiler le rebondissement qui conclut le pilote . Vous êtes prévenus : continuez la lecture à vos risques et périls.
Escroquerie et usurpation d’identité
Dans ce premier épisode, Madeline Matlock se faufile dans un cabinet d’avocats new-yorkais en trompant la sécurité, grâce au halo d’invisibilité que lui confère la vieillesse dans une société qui a tendance à ignorer les personnes âgées. C’est ainsi qu’elle obtient un emploi, à l’âge de 75 ans, en tant qu’avocate qui doit reprendre le travail pour subvenir aux besoins de son petit-fils, qu’elle élève toute seule. Avec ses nouveaux collègues, elle se retrouve assignée à une affaire – un homme prétend avoir été condamné à tort pour meurtre – et doit prouver qu’elle n’a rien perdu de ses talents d’avocate et de sa connaissance de la loi. Matlock se présente alors comme une série d’avocats classique, mélange entre intrigue judiciaire et comédie légère. Du moins, jusqu’à la dernière séquence.
Car, là, nous découvrons que Matlock n’est pas le vrai nom de l’héroïne, mais un pseudonyme choisi en référence à la série (oui : dans Matlock, il existe une vieille série qui s’appelle Matlock…) Elle s’appelle en réalité Madeline Kingston, elle a mené une belle carrière d’avocate d’affaires, elle est riche, et elle s’est faite engager par Jacobson-Moore dans le but d’assouvir une vengeance : retrouver et traduire en justice les responsables de la mort de sa fille, décédée suite à une overdose d’opioïdes. Or, quelqu’un dans le cabinet a caché des documents qui auraient pu faire retirer ces médicaments du marché…

A partir de là, Matlock conjugue le procedural et le feuilletonnant. Dans chaque épisode, Matty et ses collègues sont assignés à une affaire, mènent leur enquête, interrogent les témoins, construisent le dossier et plaident devant le tribunal ; dans le même temps, on suit Matty à mesure qu’elle tente de se rapprocher de la vérité sur la mort de sa fille, mettant en œuvre toutes sortes de subterfuges et tromperies pour accéder aux fichiers et courriels confidentiels ou être mutée au département chargé du dossier. Généralement, on ne comprend pas bien ce qu’elle trame, jusqu’à la dernière scène qui, avec un enchaînement de courts flash-back, nous explique comment et pourquoi elle a procédé ainsi.
Une série judiciaire plaisante et efficace
La formule est très efficace, renforcée par une touche d’humour légère, même si les blagues sur l’âge de l ‘héroïne et le décalage avec ses jeunes collègues est parfois un peu redondant et certains gags un peu lourds (Au début, Sarah ne retient pas le nom de Madeline et ne cesse de l’appeler Perry Mason ou Angela Lansbury).
Si Matlock est naturellement au centre de la série qui porte son nom (ou son pseudonyme), les personnages secondaires sont rapidement développés et certains ont suffisamment d’épaisseur pour être intéressants – comme par exemple sa supérieure Olympia, ambitieuse et quasiment divorcée de son collègue Julian (accessoirement fils du grand patron joué par Beau Bridges). Certains seulement, car le mari de Madeline ou justement Howard Senior restent complètement à l’arrière-plan.

Kathy Bates (qui a annoncé qu’il s’agirait de son dernier rôle) domine complètement la distribution. Elle est absolument brillante dans le rôle de cette gentille mamie douce et tranquille, apparemment inoffensive et dépassée par les technologies modernes – alors qu’elle est en réalité une redoutable stratège, déterminée à obtenir justice pour sa fille, bien décidée à profiter du fait qu’elle passe inaperçue en raison de son âge. Jouant parfaitement les dissimulatrices, capable de faire sourire ou d’émouvoir, elle transmet avec brio toutes les facettes de son personnage.
Bref, Matlock fonctionne très bien – en tant que série indépendante. Parce qu’une fois passé le premier épisode, il n’y a aucune raison justifiant que la série s’appelle Matlock. Madeline Matlock n’a même pas grand-chose à voir avec Ben Matlock. Il faut l’accepter – et ce n’est pas si difficile, car le fameux rebondissement bouleverse complètement les prémisses et donne son identité à la série. Le résultat est donc une série plaisante, qui conjugue parfaitement drama, intrigue judiciaire, humour léger et émotion. Mais qui n’est absolument pas un reboot de Matlock.
Ce nouveau Matlock est une bonne série judiciaire, classique mais indéniablement bien faite. Une fois passée la révélation de la tromperie sur la marchandise, les épisodes sont très efficaces et se suivent avec beaucoup de plaisir et d’intérêt. Et le public américain a vite pardonné l’arnaque : avec 6 millions de spectateurs par épisodes environ, la série a été confirmée pour une deuxième saison. Plainte classée sans suite.
Matlock
Saison 1 – épisodes de 42′ environ
A partir du 20 Mars sur SérieClub