Après Le crime de l’Orient-Express en 2017, Kenneth Branagh récidive et adapte un nouveau gros roman d’Agatha Christie : Mort sur le Nil. Avec le même résultat ?
C’est quoi Mort sur le Nil ? Au cours d’une luxueuse croisière sur le Nil, ce qui devait être une lune de miel idyllique se conclut par la mort brutale de la jeune mariée. Ce crime sonne la fin des vacances pour le détective Hercule Poirot. A bord en tant que passager, il se voit confier l’enquête par le capitaine du bateau. Et dans cette sombre affaire d’amour obsessionnel aux conséquences meurtrières, ce ne sont pas les suspects qui manquent ! S’ensuivent une série de rebondissements et de retournements de situation qui, sur fond de paysages grandioses, vont peu à peu déstabiliser les certitudes de chacun jusqu’à l’incroyable dénouement !
L’essentiel
Durant sa carrière, Agatha Christie a signé de nombreux romans à succès et créé deux personnages iconiques : Miss Marple et Hercule Poirot. Deux des plus gros succès sont justement portés par ce dernier, il était donc logique que Kenneth Branagh porte son choix sur ces deux histoires. Il commence en 2017 par porter sur les écrans le cultissime Crime de l’Orient-Express avec le résultat que l’on connaît. Dès la fin du film, on apprenait de manière peu subtile que le détective belge était appelé pour une enquête sur le Nil.
Outre le fait que ces deux histoires soient iconiques, leur première adaptation a donné naissance à deux interprétations totalement différentes : Albert Finney est bien plus proche du modèle d’origine tandis que Peter Ustinov lui donne une tournure moins guindée et plus excentrique. Kenneth Branagh est en quelque sorte une synthèse des deux incarnations. Longtemps retardée pour cause de crise sanitaire, cette version de Mort sur le Nil est très attendue car on a tous en mémoire (enfin presque tous) l’excellente version de 1978 signée John Guillermin (disponible sur Disney+) avec ses décors somptueux, ces comédiens charismatiques au possible et un Poirot au sommet de art, tentant de déjouer les pièges d’une intrigue aussi redoutable que celle de l’Orient-Express. Un fois encore le crime parfait n’est pas loin ! En revanche, pour « le film parfait » on repassera !
Mort sur le Nil : on aime ou pas ?
Au sortir du Crime de l’Orient-Express, on avait déjà été grandement déçu quant au traitement apporté à cette histoire incroyable, mais aussi au personnage de Poirot, incarné avec beaucoup de cabotinage par Kenneth Branagh himself. Mais le film n’était pas non plus mauvais, même s’il n’apportait rien de plus que le film avec Albert Finney, et encore moins avec la version de David Suchet. En revanche ici, c’est tout le film qui pose problème. A de très rares exceptions, rien ne va !
Cela commençait plutôt pas mal avec un magnifique prélude en noir et blanc situé durant la première guerre et qui aurait pu nous permettre d’en savoir plus sur le personnage de Poirot mais qui, au final, nous permet de comprendre pourquoi … il a sa moustache !? Sérieusement ? Tout ça pour ça ? Et le reste est à l’unisson.
La majesté des décors a disparu pour laisser la place à d’affreux fonds verts et d’horribles effets spéciaux (heureusement qu’ils ont eu plus de temps pour les finir sinon on redoute ce à quoi on a échappé) ; les personnages sont tous plus caricaturaux les uns que les autres, notamment dans leur interprétation ; l’intrigue a été légèrement modifiée (certaines victimes ont changé) pour un résultat qui n’apporte strictement rien, si ce n’est se dire qu’on déjoue les plans des spectateurs qui connaissent l’histoire ; la résolution qui doit normalement être un moment de grâce pour le spectateur qui se réjouit devant Poirot qui prend son temps pour tout dévoiler est ici complètement sabordé et réduite au strict minimum ; enfin, Kenneth Branagh est un excellent réalisateur mais sur ce film il rate totalement sa direction d’acteur (si ce n’est l’excellente Emma Mackey qui est LA réussite ce film). Il est effet tellement tourné vers lui qu’il en oublie qu’il ne joue pas seul.
En somme, on attend qu’une chose c’est que le bateau arrive à quai pour qu’on puisse nous aussi quitter cette croisière …