Les anglais ont les épisodes spéciaux de Noel, Canal+ lance aussi sa tradition du 25 décembre avec Mortelle raclette.
L’essentiel
L’héritier d’une boîte de films X décide de faire évoluer le genre en engageant, pour son nouveau film « TIRE-FESSES », une coordinatrice d’intimité également formée aux tournages éco-responsables. Une première pour elle. Et pour l’équipe qu’elle va accompagner. Mais la petite troupe, en tournage dans un chalet savoyard isolé, va vite se retrouver coupée du monde par une tempête de neige et une panne de wi-fi. Pendant ce temps, à quelques centaines de mètres, un glacier rejette vivant un chasseur alpin disparu en 1888 qui va découvrir que l’équipe du film squatte son ancien chalet. Pas de bol, il est gymnophobe (phobique de la nudité).
Réinventer l’expérience des films de Noël est l’ambition de la chaîne cryptée. Pour son premier « film de boules de Noel« , Canal+ a fait appel à la fine fleur du web et de l’humour afin de concocter une farce référencée, hommage tout à la fois à la pop culture, aux slashers, mais aussi à l’esprit Canal un peu (même s’il a un peu disparu aujourd’hui).
A la tête de cette réalisation cathodique écrite par François Condamin, Bertrand Delaire, Arielle Saracco, un François Descraques en pleine forme qui a su s’entourer des meilleurs acteurs et actrices du moment : Faustine Koziel, Jessé Rémond Lacroix, Bérangère Mc Neese, Antoine Gouy, … Le ton du film va clairement dans la parodie à l’américaine façon Scary Movie ou films des frères ZaZ dans une film qui se pose en véritable condensé d’humour potache et assumé comme tel d’1h15.
On aime ou pas ?
Soyons direct et cash : c’est du grand n’importe quoi (auquel il faudra adhérer)… mais qu’est ce que ça fait du bien ! A tous les niveaux, on aime l’esprit qui se dégage de Mortelle Raclette. C’est une véritable parodie comme on en fait très peu en France avec une filiation assumée avec une tradition américaine dans laquelle chacun connaissant le genre doit pouvoir cerner les références (et même les découvrir). Mais avant tout, comme c’est toujours le cas avec François Descraques, Mortelle raclette est un film qui fait sérieusement un film qui ne se prend pas au sérieux. L’humour est d’une potacherie clairement assumée, qui ne fait pas dans la finesse et c’est justement ce qui est drôle. Malgré un format court, le film enchaîne les références, les gags et les clins d’œil pour que jamais le spectateur ne se s’ennuie, mais également sans jamais lui faire ressentir « la blague de trop ». On reconnaît bien dans l’esprit du film comme dans son traitement ou mêmes les vannes, l’humour d’Empreintes Digitales et ce qui régnait dans des séries comme Lazy Company. Cet esprit n’est pas mort et c’est plaisant de le retrouver.
Côté mise en scène, malgré une production manifestement à budget limité, François Descraques s’en donne à cœur joie et démontre une nouvelle fois tout son talent pour donner vie à des productions artistiquement ambitieuses. Le film a un vrai style visuel avec lequel le réalisateur semble réellement s’amuser. Pour donner au film cette identité si spéciale et particulière, il a dû « trouver une esthétique visuelle et sonore très « cinéma érotique 70’s » pour la première partie du film. Puis, au fur et à mesure que le film avance dans l’horreur, on bascule dans un délire à la Sam Raimi avec du slapstick à gogo et des effets de caméra exagérés. » Malgré sa volonté de parodier tout un genre, le réalisateur le fait avec soin et intelligence.
Dernier maillon fort de cette raclette mortelle de Noël c’est sa distribution avec de vraies découvertes et de vraies confirmation. En premier lieu, celui dont on ne cesse de souligner depuis de nombreuses années qu’il est l’un des plus fins acteurs comiques de ces dernières années (même si on voudrait le voir davantage) à savoir Antoine Gouy, digne héritier des acteurs anglais dont il a hérité la classe et du sens qu’il donne à son humour et à la manière dont il place chaque mot ou expression. A ses côtés, et c’est pour nous une véritable découverte dans ce registre, jouant sur les mêmes codes qu’Antoine Gouy, on découvre Bérangère McNeese que l’on adore dans ce registre où humour et émotion ne sont jamais loin. Deux autres coups de cœur sont à noter dans ce film « décalé » : Faustine Koziel (que l’on avait adoré dans Close-up avec Zoé Marchal) est une héroïne crédible à la fois dans la parodie mais aussi … dans le slasher dont elle pourrait être une des « reines » à venir. Enfin, son personnage de HMC ne se repose jamais dans le film mais Jessé Rémond Lacroix l’incarne tellement et nous fait tellement mourir de rire qu’on ne s’en lasse jamais.
Mortelle Raclette
Le 25 décembre sur Canal+