Le thriller danois Nordland ’99 suit un groupe d’adolescents, à la recherche de leur ami qui a mystérieusement disparu.
C’est quoi, Nordland ’99 ? Nous sommes en 1999 à Nordby, petite ville danoise de la province du Jutland, au milieu des bois. Christian (Troels Lyby), le policier du coin, s’ennuie dans son travail de patrouille ; il vit seul avec son fils Lukas (Elias Budde Christensen), avec lequel il ne communique pratiquement pas. Lukas passe l’essentiel de son temps au vidéo club avec ses amis Kris (Noa Risbro Hjerrild) et Alex (Noah Skovgaard), quand ils ne font pas la fête dans des endroits paumés. Mais un soir, Alex disparaît, et ce n’est pas le premier jeune à se volatiliser… Avec la sœur d’Alex, Emma (Emily Kroyer Koppel), les deux adolescents partent à sa recherche et tentent de comprendre ce qui lui est arrivé, révélant au passage les secrets de plusieurs habitants.
Si l’on devait définit Nordland ’99, créée par Kasper Møller Rask et co-écrite avec Jacob Katz Hansen (Ragnarok), on inventerait l’expression de teen nordic noir. Présentée en avant-première à Séries Mania en 2023, cette série danoise en huit épisodes de 25 minutes arrive sur UniversCiné le 14 Octobre prochain. Comme on le devine aisément, Nordland ’99 se passe en Scandinavie, en 1999. Voilà au moins quelque chose de clair, car pour le reste, tout est obscur, mystérieux voire bizarre, dans cette petite ville danoise où un adolescent disparaît. Et les quatre premiers épisodes que nous avons pu voir posent beaucoup plus de questions qu’ils ne donnent de réponses.
Entre Stranger Things, Twin Peaks, Stephen King et Le club des cinq
Une petite ville perdue au milieu des forêts, des adolescents désœuvrés qui traînent leur ennui au vidéoclub, des habitants un peu étranges avec tous ou presque un secret, un jeune homme qui disparaît, ses amis qui décident d’enquêter. Sans même avoir vu un seul épisode, et plus encore lorsqu’on se plonge dans la série, Nordland ’99 convoque une multitude de références. Certaines assumées et même revendiquées, d’autres laissées à l’appréciation du spectateur.
Møller Rask, lui, décrit Nordland ’99 comme si la bande du Club des cinq menait une enquête dans l’univers de Stephen King. Si ces influences sont patentes, on pense aussi à un Twin Peaks light, en raison des personnages aussi marquants que étranges : le flic désabusé atteint d’une conjonctivite, le père du disparu fana d’armes à feu, son oncle à l’air malsain, la mère d’un jeune garçon disparu lui aussi qui colle des avis de recherches partout et passe pour une folle… Sans surprise, il y a aussi du Stranger Things avec ce retour dans le passé – les années 1990 et les cassettes VHS de Fight Club ou Matrix, les baladeurs, les vieux Nokia, les tubes musicaux de l’époque, les ordinateurs préhistoriques sur lesquels on joue au démineur.
Un nordic noir à l’ambiance réussie
Pour autant, Nordland ’99 réussit à exploiter ces influences ou ces inspirations sans se laisser phagocyter ou engloutir. La série trouve sa propre voie et son propre ton, malgré un budget que l’on devine assez restreint, en déclinant tous les éléments à sa disposition dans un style typiquement nordic noir. Avec les caractéristiques qu’on apprécie ou pas, tout dépend du goût de chacun.
Par exemple, on peut reprocher à la série sa lenteur initiale. Les deux premiers épisodes posent les bases (personnages, cadre, intrigue) mais il y a des longueurs et l’avancée du récit en pâtit indubitablement. Il faut attendre le troisième épisode pour que surgissent les premières pistes et révélations. Heureusement, avec des épisodes d’une vingtaine de minutes (ce qui est assez inhabituel pour le genre), on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Ce qui frappe immédiatement, c’est l’atmosphère si caractéristique. Sombre, un peu anxiogène et un peu déprimante – malgré quelques touches d’humour pince-sans-rire dans les dialogues. Les maisons délabrées, la vieille station service / épicerie, la forêt dense qui entoure la ville, le froid que l’on devine prégnant, les bâtiments agricoles désaffectés… Le cadre parfait pour que quelqu’un disparaisse.
Qu’est-il arrivé à Alex ?
C’est la question qui sous-tend toute l’intrigue. Son père ne semble pas s’en soucier ; Christian néglige l’enquête, considérant qu’il s’agit probablement d’une fugue comme il y en a déjà eu dans la région. Jusqu’au moment où il établit un lien avec une voiture incendiée. Pendant ce temps, les amis d’Alex commencent à fouiller dans son portable, interrogent les dernières personnes à l’avoir vu, s’intéressent au nouveau petit ami de son ex… Intrigant dès le début, le mystère s’intensifie au fil des épisodes, à mesure que nos héros découvrent des secrets et des mensonges enfouis.
Les jeunes acteurs s’en sortent très bien, a fortiori dans des rôles délicats : Lukas ne parle quasiment plus à son père, tandis qu’Emma entretient une relation ambiguë avec son oncle. Du côté des adultes, on suit essentiellement le flic : Troels Lyby est excellent dans la peau de cet homme désabusé, frustré dans son travail et qui ne se remet pas de la perte de son épouse. Et à mesure que le récit progresse et que l’on découvre les ombres qui planent sur la petite ville, l’histoire devient de plus en plus sombre ; trafic de drogue, violences familiales, deuil… A priori, pas de upside down, de clown tueur ou de red room ici – mais finalement, on se dit que ça n’aurait pas été plus effrayant.
En exploitant de multiples références, Nordland ’99 joue sur plusieurs tableaux. Elle le fait avec beaucoup d’intelligence, entre thriller policier, voyage empreint de nostalgie dans les années 1990, série avec des adolescents, touche de drame social et instantané d’une petite ville danoise pleine de turpitudes… On a bien envie de voir la suite et d’élucider avec nos héros le mystère de la disparition de leur camarade. Parce que malgré une légère réserve sur les deux premiers épisodes, Nordland ’99 est diablement intrigante et on ne sait absolument pas où elle va nous emmener.
Nordland ’99
8 épisodes de 25′ environ
Le 14 Octobre sur UniversCiné.