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On a vu pour vous … The many saints of Newark, une histoire des Soprano

Le prequel The many saints of Newark nous replonge dans l’univers des Soprano, alors que le jeune Tony découvre les activités criminelles de son oncle Dickie.

C’est quoi, The many saints of Newark ? En 1967, Dickie Moltisanti (Alessandro Nivola), jeune papa du petit Christopher, fait partie d’une des organisations mafieuses les plus puissantes de Newark. Il est impliqué dans divers trafics et entreprises illicites avec d’autres familles italo-américaines, dont celle des frères Johnny (Jon Bernthal) et Junior (Corey Stoll) Soprano. Lorsque son père, « Hollywood » Dick (Ray Liotta), rentre d’Italie avec sa nouvelle et belle épouse Giuseppina (Michela De Rosi), Dickie tombe sous le charme de sa belle-mère… Entre affaires mafieuses et affaires de famille, Dickie va devoir faire des choix – sous les yeux d’un certain Tony Soprano (Michael Gandolfini), un adolescent qu’il considère comme son neveu et qui ignore tout du business familial.

Quatorze ans après la diffusion du dernier épisode de sa série-culte, David Chase ressuscite Les Soprano avec un film : The many saints of Newark, réalisé par  Alan Taylor (qui a travaillé sur Les Sopranos). Sorti aux États-Unis au cinéma et diffusé sur HBO Max, ce prequel sortira dans les salles françaises le 3 Novembre.  Il s’agit d’un retour aux origines, l’histoire se déroulant à la fin des années 1960 tout en  s’inscrivant dans l’univers de la série. Mais elle se focalise moins sur les Soprano que sur les Moltisanti  – comme le dit d’ailleurs clairement le titre avec son jeu de mots. (Molti Santi, Many saints – vous avez saisi…)

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Nous sommes en 1967, dans un New Jersey où sévit la famille mafieuse des DiMeo qui regroupe entre autres les Soprano emmenés par les frères Johnny et Junior, et les Moltisanti. Alors que des gangs afro-américains commencent à émerger, dans une Amérique en proie aux émeutes raciales et où l’idée de suprématie blanche est remise en question, Dickie Moltisanti peine à gérer ses activités criminelles. Mais c’est un conflit familial qui va provoquer le chaos : lorsque son père (génial Ray Liotta) revient d’Italie avec de sa nouvelle épouse, la jeune et belle Giuseppina, Dickie en tombe amoureux. Une problématique terriblement œdipienne et les ferments d’une tragédie grecque (ou ici, napolitaine) qui feraient les délices du Dr Melfi, la psychiatre de Tony dans la série.

Tony Soprano et son « oncle » Dickie

On suit donc plusieurs intrigues centrées sur Dickie, principalement la trame criminelle et l’histoire familiale ; on les découvre à travers deux points de vue parallèles, un regard objectif et le regard d’un certain Tony Soprano. Le futur parrain n’est encore qu’un jeune garçon fan de rock qui se rêve en star du football mais il assiste, témoin silencieux et attentif, aux vols, extorsions, trafics organisés par Dickie. Et surtout à un acte tragique qui va déclencher sa chute et celle d’une partie de l’organisation mafieuse.

Tragédie grecque et histoire mafieuse prenante et intéressante, avec une réalisation inspirée, une bande-son magnifique (Van Morrison, Sinatra, les Rolling Stones) et ce mélange de violence et d’humour décalé caractéristique des  Soprano : The many saints of Newark se suffit à elle-même et il n’est pas indispensable d’avoir suivi la série pour apprécier le film. C’est du reste moins une « Histoire des Sopranos » comme le dit le sous-titre qu’une « histoire de mafia » dans le style des Affranchis. Et ce, même s’il y a des références et clins d’œil que les fans ne manqueront pas de relever (la scène à la fois drôle et terrifiante entre Tony et Christopher bébé…) et que le récit est narré en off par la voix d’outre-tombe de Christopher (Michael Imperioli)

Pour autant, les fidèles des Soprano appréhenderont certainement le film différemment, en raison des parallèles flagrants. Dans la série, Christopher est le neveu et en quelque sorte le protégé de Tony Soprano ; dans le film, le jeune Tony est en quelque sorte le protégé de Dickie qu’il considère comme un oncle. Et Dickie n’est pas si différent du futur Tony Soprano : mêmes accès de violence, mêmes cellules familiales troublées, même histoire générationnelle portée comme un fardeau, mêmes  références à la culture cinématographique (même si Humphrey Bogart remplace Al Pacino) Oh, et les réunions entre mafieux se déroulent déjà à l’arrière de la boucherie Satriale.

Déjeuner en « familles » entre les Soprano et les Moltisanti

On croise aussi une foule de personnages connus en version plus jeune : Johnny et Livia Soprano (excellente Vera Farmiga), Oncle Junior, Paulie (Billy Magnussen), Silvio (un John Magaro caricatural au possible) – même si dans l’ensemble, ils ne jouent qu’un rôle secondaire. Et si Alessandro Nivola est convaincant dans le rôle de Dickie, c’est évidemment la présence de Michael Gandolfini dans celui de Tony (joué par son père, le regretté  James Gandolfini, dans la série) qui suscite la curiosité et retient l’attention. Le choix est extrêmement judicieux, car au-delà de la ressemblance physique évidente, Michael est vraiment excellent. Il nous offre un Tony qui n’est pas encore celui que nous connaissons, mais un jeune homme  plein de scrupules voire d’innocence, timide, et qui peine à exister entre un père distant et une mère étouffante. Il y a encore quelque chose à briser et  les événements de The Many Saints of Newark sont les premières fêlures, les premiers coups portés à la personnalité de Tony Soprano.

The many saints of Newark n’est pas tout à fait à la hauteur de la série,  mais c’est un excellent film. Histoire criminelle, drama psychologique et prequel des Soprano, il s’adresse aussi bien aux fans qu’à ceux qui n’ont jamais vu un épisode. Mais finalement, le film a presque des airs… de pilote de série. Il y a tellement de personnages, d’intrigues, de relations malsaines et d’affrontements que l’ensemble mériterait d’être développé avec plus d’espace et de profondeur, dans plusieurs épisodes ou  téléfilms. Ce n’est peut-être pas un vœu pieux : WarnerMedia aurait entamé des négociations avec David Chase en vue d’une série se déroulant entre le long-métrage et Les Soprano. Ça s’appelle une offre qu’on ne peut pas refuser. 

The many saints of Newark : une histoire des Soprano. 
En salle le 3 Novembre. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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