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On débriefe pour vous … Cardinal, la nouvelle série diffusée sur Canal+ (CTW / Canal Plus)

On prolonge l’hiver avec Cardinal, série policière canadienne classique mais efficace, diffusée sur Canal Plus.

C’est quoi, Cardinal ? John Cardinal (Billy Campbell) , enquêteur de la police d’Algonquin Bay dans la province de l’Ontario, est sous le coup d’une enquête pour corruption. Mis à pied, il reprend toutefois du service lorsque le cadavre d’une adolescente emprisonnée dans un sarcophage de glace est découvert, dans une mine abandonnée : le crime semble lié à une ancienne affaire non résolue.  Flanqué d’une nouvelle partenaire, Lise Delorme (Karine Vanasse), Cardinal mène l’enquête et comprend immédiatement qu’il est face à un tueur en série aussi intelligent que pervers. Dans le même temps, l’inspecteur doit aussi affronter les démons surgis de son passé s’il veut sauver sa carrière et sa famille.

Signée Aubrey Nealon (à qui l’on doit la fantastique Orphan Black), Cardinal est l’adaptation d’un roman de Giles Blunt, 40 Mots pour la neige, premier volet de la série Les Mystères de John Cardinal. Fidèle au livre, la série suit l’enquête de son héros éponyme, John Cardinal (Billy Campbell – vu dans The Killing et Helix), un flic de la vieille école mis à pied suite à l’ouverture d’une enquête pour corruption. Hanté par un lourd passé, l’inspecteur est réintégré lorsqu’un crime, vraisemblablement lié à une de ses anciennes affaires non résolues, est commis dans la petite ville où il exerce. Malgré ses réticences, Cardinal est contraint de faire équipe avec une nouvelle partenaire, Lise Delorme (Karine Vanasse – PanAm, Revenge), pour tenter d’arrêter un tueur en série particulièrement sadique, qui torture et assassine des adolescents (certaines scènes sont d’ailleurs violentes et assez glauques). Mais il ignore que sa collègue fait partie des affaires internes et conduit l’enquête dont il fait l’objet. Pour couronner le tout, notre héros doit aussi gérer une situation familiale conflictuelle, entre sa fille et son épouse dépressive…

Il faut bien l’avouer : en découvrant le scénario et les personnages, on a l’impression d’avoir déjà lu / vu cette histoire. De fait, on est dans une intrigue policière classique, mais efficace et rythmée. Même chose avec le tandem Cardinal / Delorme : les deux héros rappellent tout de même bon nombre d’enquêteurs ayant exercé avant eux.  Cardinal, par exemple, évoque pêle-mêle Wallander, Rebus ou Bosch. Reste que la formule fonctionne toujours, dès lors qu’elle est bien amenée. C’est  le cas ici : forte de ses six petits épisodes, la série déroule une narration dynamique et raconte une bonne histoire policière, sans circonvolutions ou digressions inutiles. Le scénario, solide, est suffisamment intelligent et bien construit pour qu’on s’y laisse prendre, et il n’exclut pas quelques rebondissements de dernière minute.  

La réalisation emprunte le même chemin : il n’y a rien de révolutionnaire, mais Daniel Grou  connaît son boulot, et il le fait bien. Si les scènes d’action sont réussies (on pense notamment à une séquence de course-poursuite), Cardinal reste d’abord un  thriller policier, centré sur l’avancée d’une enquête cohérente et intéressante. Gage de qualité, on pense à True Detective, Bosch ou The Killing… Cette dernière comparaison est encore accentuée par la présence de Billy Campbell, qui y tenait déjà un rôle de premier plan. Il ne déçoit pas ; son interprétation de John Cardinal est remarquable. Il faut dire qu’il peut s’appuyer sur l’excellente performance de Karine Vanasse,  qui donne une belle complexité à son personnage et s’éloigne des clichés sur lesquels elle aurait pu être tentée de s’appuyer.

A lire aussi : Bosch, du roman à la série télé

John Cardinal : Winter is coming…

 

Ce serait déjà bien assez pour les amateurs du genre, qui tiendraient là une série convaincante. Oui, mais il y a plus. D’abord, comme souvent dans ce genre de séries, il y a l’atmosphère. Ici, c’est celle des forêts canadiennes et des grands espaces enneigés, à la fois superbes et paradoxalement oppressants par leur immensité immaculée. A l’opposé des marais moites et sordides de True Detective (Saison 1) ou des zones urbaines grises et pluvieuses de The Killing, les forêts blanches de Cardinal s’y rattachent pourtant : ce décor très particulier donne une ambiance à la série, mais nous dit aussi quelque chose sur ses personnages et sur son histoire. Magnifiquement filmés, mis en valeur par des plans aériens graphiques et inspirés, les paysages grandioses  et sauvages de l’Ontario se démarquent des poncifs du genre dans le sens où, pour une fois, ils véhiculent moins l’image d’une nature écrasante dominant l’homme qu’ils ne donnent un certain reflet des évènements : le décor est celui d’un labyrinthe glacé, dans lequel on s‘égare en perdant tout repère, et où tout est indiscernable.   

Un autre élément illustre parfaitement la manière dont Cardinal s’empare d’un aspect classique et le développe pour  en tirer quelque chose de plus profond : la série est traversée par une question éthique en apparence simple, qui resurgit à chaque épisode, relative à l’implication et l’obsession de l’enquêteur face au Mal. Comment mener une vie normale et gérer ses problèmes personnels, quand un tueur implacable est en liberté ? Comment dormir, manger, s’occuper de ses enfants, lorsque chaque instant consacré à autre chose qu’à l’enquête est susceptible de lui laisser le champ libre pour faire une nouvelle victime ?  Le sujet est récurrent dans de nombreux films et séries, mais il est en général peu exploité ou considéré comme allant de soi ; Cardinal en fait un thème à part entière, moins convenu, et qui donne une dimension supplémentaire à ses héros.

Cardinal réunit tout ce qui fait une bonne série policière : scénario construit, suspense prenant, personnages intéressants et bien interprétés, réalisation efficace. Sans s’éloigner radicalement des codes du genre, elle en approfondit certains aspects tout en restant classique dans sa mise en œuvre. Excellent thriller,  on vous le recommande chaudement – malgré son atmosphère glaciale…

Cardinal – CTW

A partir du 1er Mai sur Canal Plus

6 épisodes de 50’ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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