Apparue dans Bosch : Legacy, Renée Ballard est l’héroïne de sa propre série où elle enquête sur des affaires non classées.
C’est quoi, Ballard ? Ex-enquêtrice du département Vols et homicides du LAPD, Renée Ballard (Maggie Q) a pris la tête de la division des affaires non résolues. Dans ce service sous-financé, elle rouvre de vieux dossiers avec son équipe, enquêtant notamment sur le meurtre de la sœur d’un conseiller municipal (Noah Bean). Alors que tout indique que le coupable pourrait être un tueur en série, Ballard enquête en parallèle sur la mort d’un inconnu. Ce deuxième dossier se révèle explosif lorsque se dessine en arrière-plan un vaste réseau de corruption au sein de la police. Avec l’aide d’un Harry Bosch (Titus Welliver) à la retraite, Ballard entend bien dénoncer les policiers corrompus.
Troisième incursion de Prime video dans l’univers des romans de Michael Connelly – après Bosch et Bosch : Legacy, toutes deux terminées – Ballard est signée des showrunners Michael Alaimo et Kendall Sherwood, avec Connelly himself en producteur exécutif. Dans le dernier épisode de Bosch : Legacy, on croisait brièvement l’inspectrice Renée Ballard : brillamment incarnée par Maggie Q, c’est elle qui est naturellement au centre de la série qui porte son nom.
Les Slow Horses du Department Q
Renée Ballard est une ex-enquêtrice de la section vols et homicides du LAPD. Elle en a été écartée dans des circonstances troubles, reléguée dans un entrepôt de la Valley où elle dirige la nouvelle division des affaires non résolues. Dans cette unité sous-financée, elle travaille avec des bénévoles et des flics à la retraite sur des dossiers oubliés et des cold cases.
Son équipe de bric et de broc ressemble un peu à des Slow horses (humour en moins) employés par le Department Q de Netflix : il y a un officier de réserve qui est là contre son gré, une bénévole passionnée de true crime et de new age persuadée que ses « intuitions » peuvent aider à résoudre des affaires, une toute jeune stagiaire juridique, l’ancien partenaire de Ballard sorti de sa retraite (joué par John Carroll Lynch) et enfin une ancienne flic nommée Samira Parker (Courtney Taylor) dont Ballard a été le mentor et qui reprend du service lorsqu’une affaire résonne avec un de ses anciens dossiers.
Enquêtes méthodiques… à la Harry Bosch
Globalement, Ballard entremêle deux affaires, menées en parallèle au fil des dix épisodes. D’un côté, le meurtre non élucidé depuis 2021 de la sœur de Jake Pearlman, un conseiller municipal à l’origine de la création du service. De la résolution du dossier dépend le financement et donc la survie du département, mais l’affaire se complique lorsque Ballard découvre un lien avec d’autres meurtres et un potentiel tueur en série. Dans le même temps, l’équipe s’intéresse au meurtre d’un inconnu, un John Doe dont personne ne semble se soucier. Moins médiatique, cette affaire-là est pourtant encore plus délicate et explosive puisqu’elle révèle rapidement l’existence d’un réseau de corruption au sein même du LAPD.
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Ces deux fils rouges constituent l’ossature de la série, qui navigue et alterne entre les deux enquêtes tout au long de la saison. Avec la même méthode, le même sérieux, la même austérité que dans Bosch : peu de scènes d’action spectaculaires ou de séquences-choc, mais des investigations rigoureuses et parfois poussives. Nos enquêteurs s’appuient sur le réexamen des vieux dossiers, la relecture de vieux procès verbaux, l’audition des témoins de l’époque, des pistes qu’on ouvre et qu’on referme dans l’espoir de découvrir un élément qui aurait échappé aux inspecteurs, d’une révélation tue jusque là ou d’une percée décisive.
Ballard, un spin-off qui trouve son identité dans son héroïne
Si Ballard est un spin-off de Bosch, la série ne se contente pas de répéter la formule avec une autre protagoniste, mais fait en quelque sorte un pas de côté pour offrir une autre perspective sur les enquêtes. Pas seulement parce qu’il s’agit cette fois de cold cases ou parce que, en tant que femme, Ballard est confrontée à la misogynie ou au harcèlement sexuel, mais aussi parce que le personnage lui-même apporte quelque chose de subtilement différent. Et lorsqu’on recroise brièvement Harry Bosch, on a presque l’impression d’assister à un passage de témoin entre le flic à la retraite et l’inspectrice.
Toute aussi profonde et complexe, Ballard doit affronter de multiples traumatismes (la mort de son père ou les circonstances de son éviction de son poste précédent) ; mais là où Harry est souvent entouré de noirceur, il y a quelque chose de lumineux chez sa collègue. Elle trouve un exutoire à la plage, sur sa planche de surf, comme un refuge loin de la violence et de la souffrance humaine qu’elle côtoie au quotidien.

Ces affaires non résolues sont des blessures encore ouvertes, qui en disent long sur le (dys)fonctionnement de la police et de la justice. Mais quel prix Ballard est-elle prête à payer pour obtenir la vérité ? De la confrontation avec ses supérieurs au compromis moral face à la loi en passant par la dénonciation de vérités dérangeantes, Renée risque sa carrière, ses relations et sa santé mentale.
Parce qu’elle aborde chaque affaire avec empathie et compassion, motivée par le désir de rendre la justice à ceux à qui elle a été refusée – les victimes comme leur famille. Qu’il s’agisse du meurtre de la sœur d’un homme politique influent ou celui d’un John Doe anonyme oublié de tous. Comme un écho au mantra de Bosch : everybody counts or nobody counts.
Reprenant la formule qui a fait le succès de Bosch et Bosch : Legacy, Ballard est une série policière classique dans le meilleur sens du terme. Un scénario intelligent, une écriture soignée, une réalisation élégante, des personnages complexes – au premier rang desquels Ballard, interprétée par une excellente Maggie Q – permettent largement à ce spin-off de soutenir la comparaison. Et même d’offrir une perspective légèrement différente sur les enquêtes, avec une Renée Ballard qui a l’étoffe pour succéder au légendaire Harry Bosch.