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On débriefe pour vous … Glow, saison 2 (Netflix)

Retour sur le ring pour les catcheuses de Glow – qui font semblant de combattre entre elles et luttent contre la discrimination et les stéréotypes.

C’est quoi, Glow (saison 2) ? Après un pilote convaincant, Glow va désormais être diffusée sur une petite chaîne de télévision, et nos catcheuses sont prêtes à donner le meilleur d’elles-même pour produire un épisode hebdomadaire. Confrontées au caractère irascible de leur réalisateur Sam (Marc Maron), aux tensions qui surgissent entre elles malgré leur complicité et à l’inimitié persistante entre les deux têtes d’affiche Ruth (Alison Brie) et Debbie (Betty Gilpin), elles vont s’entraîner, travailler, remodeler leurs personnages et tenter de construire leur show – tout en découvrant les méandres de l’industrie télévisée, avec ses réseaux locaux, les diktats de l’audimat, les abus de pouvoir de certains dirigeants, mais aussi l’affection du public et la célébrité.

Lancée l’année dernière, la première saison de Glow avait rencontré un vif succès, tant auprès du public que des critiques. Inspirée de l’émission de catch féminin homonyme, diffusée de 1986 à 1989 et extrêmement populaire aux États-Unis, la série créée par Liz Flahive et Carly Mensch suivait les aventures d’un groupe de femmes, devenues les protagonistes d’un spectacle de catch féminin. Retour sur le ring avec la deuxième saison, disponible depuis le 29 Juin sur Netflix.


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Un pitch simple et efficace : un groupe de femmes un peu paumées, un réalisateur de séries B et un apprenti producteur tentent de lancer une émission de catch féminin à petit budget, sur une obscure chaîne locale. Cohérente et logique dans son évolution, Glow reprend  la même dynamique et les mêmes ressorts qu’en saison 1. D’abord, beaucoup d’humour : avec ses situations et ses dialogues hilarants, ses personnages excentriques et ses scènes de lutte spectaculaires à prendre au second degré, Glow est extrêmement drôle, légère et rythmée.

Ensuite, un contexte original et une atmosphère pétillante, entre le monde haut en couleurs du catch et la frénésie des années 1980. Costumes improbables, public chauffé à blanc, combats chorégraphiés, lurex et supplex d’un côté ; couleurs pétantes, tenues flashy, coiffures choucroutées, maquillage fluo, décors kitsch et musique pop de l’autre.

Debbie / Liberty Belle vs. Ruth / Zora

 

Enfin, des personnages moins déjantés qu’il n’y paraît. Avec leur vécu et leurs problématiques, les protagonistes ont souvent accepté de participer à l’émission en dernier recours ;  désormais, elles prennent leur rôle à cœur et sont fières d’appartenir à ce petit groupe hétéroclite. Certaines prennent davantage d’épaisseur – à l’instar de Carmen (Britney Young) ou Rhonda (Kate Nash) ; toutefois, la relation principale reste celle des deux rivales – sur et en dehors du ring – Debbie (Betty Gilpin) et Ruth (Alison Brie), partagées entre leur ancienne amitié, leur violente inimitié et leur nécessaire collaboration.

Si, à première vue, ce sont surtout leurs alter-ego loufoques sur le ring qui retiennent l’attention, les femmes cachées derrière les costumes se révèlent progressivement, par petites touches subtiles. Sans complication inutile, Glow impose ainsi des personnages qui sonnent vrai. Une crédibilité qui doit autant à l’écriture ciselée qu’au talent des actrices – Alison Brie et Betty Gilpin en premier lieu, mais l’ensemble du casting est absolument génial. Toutes s’approprient leur personnage sans en faire trop dans le drama ou la comédie ; n’oublions pas Marc Maron, magnifique dans le rôle de Sam, producteur bourru qui révèle aussi un côté plus sentimental.

Derrière la comédie, Glow s’attaque aussi à des sujets sensibles tels que le sexisme et le racisme, particulièrement dans le contexte de l’industrie du divertissement. Cette saison dénonce notamment les stéréotypes et préjugés sur lesquels s’appuie la fiction pour construire ses personnages, principalement à travers Tammé (Kia Stevens – par ailleurs catcheuse professionnelle sous le nom de Awesome Kong). Dans un épisode extrêmement dérangeant, celle qui incarne sur le ring The Welfare Queen (La reine des allocs’), soit une afro-américaine au chômage qui profite des aides sociales, prend soudain conscience de la violence que cette image renvoie. De même, Arthie (Sunita Mani), ancienne étudiante en médecine d’origine indienne, se voit imposer le rôle de  Beyrouth The Mad Bomber – autrement dit , une terroriste. Intelligemment, Glow met en évidence la responsabilité partagée des auteurs, des acteurs qui acceptent de jouer ces rôles et du public, qui se laisse influencer par ces représentations.

The Welfare Queen face à Liberty Belle – ou la question des stéréotypes

 

Autre thème majeur abordé frontalement : celui du harcèlement sexuel. En écho à l’affaire Weinstein (entre autres), Ruth subit des pressions lorsqu’elle refuse de coucher avec le directeur de la chaîne ; celui-ci relègue alors l’émission à la case horaire de 2 heures du matin, la condamnant à l’annulation. Pire encore, lorsque la jeune femme raconte la scène à Debbie, celle-ci lui reproche d’avoir mis en péril le travail de toute l’équipe en se soustrayant aux avances du magnat des médias . Elle-même n’est pas épargnée par le sexisme : productrice de l’émission, elle est royalement ignorée par Sam, qui l’écarte des réunions.  

Sous ses airs de pur divertissement, Glow pose donc aussi un regard pertinent sur des sujets sensibles en résonance avec des problématiques actuelles. Excellente comédie se déroulant dans le monde insolite du catch féminin, la série se révèle ainsi redoutablement percutante lorsqu’elle se confronte à des sujets sociaux à travers ses héroïnes. Soit un groupe de femmes aussi belles, puissantes et inaccessibles sur le ring que fragiles dans la vraie vie ; mais des femmes qui trouvent en elles-mêmes une force physique et mentale qui leur permet de traverser les épreuves auxquelles elles sont confrontées, comme bon nombre de femmes dans la réalité.

Après une première saison remarquée, Glow remonte sur le ring, pour un deuxième round largement à la hauteur du premier. Toujours drôle, rythmée et sympathique, la série parvient à monter d’un cran dans le drama, à aborder des thèmes sensibles sans en avoir l’air. La magie de Glow tient dans ce paradoxe : comédie intelligente et réussie, elle garde sa légèreté tout en gagnant en profondeur. Victoire par K.O.

Glow (Netflix)
Saison 2 – 10 épisodes de 35′ environ.
Disponible depuis le 29 Juin.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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