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On débriefe pour vous… le premier épisode de Dune : Prophecy

Prequel se déroulant 10 000 ans avant Dune, Dune : Prophecy raconte les origines de la sororité du Bene Gesserit et les conflits qui déchirent l’Empire.

C’est quoi, Dune : Prophecy ? Des milliers d’années avant Dune, le Bene Gesserit est dirigé par l’austère Valya Harkonnen (Emily Watson) et sa sœur Tula (Olivia Williams). Dans cette communauté, les Sœurs développent leurs capacités hors du commun afin de pouvoir un jour influencer les dirigeants politiques. Héritière de l’Empire Coronian, la princesse Nez (Sarah-Sofie Boussnina) s’apprête à rejoindre l’Ordre juste après son mariage, une union arrangée censée porter sur le trône la première membre de la sororité. Mais l’arrivée du soldat Desmond Hart (Travis Fimmel) pourrait bien remettre le plan en question. Et les visions apocalyptiques de Valya laissent entrevoir l’émergence du chaos…

Dune : Prophecy est basée sur Sisterhood of Dune, premier livre d’une trilogie préquelle écrite par Brian Herbert et Kevin J. Anderson en 2012. Si Dune est un monument de la littérature, si les récents films de Denis Villeneuve ont connu un immense succès , nul besoin de connaître la saga pour se plonger dans la série. Évidemment, avoir des notions préalables est un gros avantage, mais Dune : Prophecy (en France sur Max), qui se déroule 10 000 ans avant la naissance du héros de Dune, est accessible même aux néophytes. 

Pour ceux qui connaissent l’œuvre de Frank Herbert, le fait qu’il s’agisse d’un préquel ajoute certainement une couche de profondeur à l’histoire. Aux autres (dont l’auteure fait partie), sur le fond et sur la forme, Dune : Prophecy rappellera  d’autres séries récentes comme Game of Thrones, House of the Dragon, Fondation ou La Roue du Temps. Et même si l’intrigue et la mise en œuvre sont familières (luttes de pouvoir entre classes dirigeantes, ordre religieux aux intérêts cachés et mystérieux étranger), ça n’enlève rien à l’intérêt de la série. 

Avec quelques longueurs, ce premier épisode pourra paraître bavard à certains, mais c’est justement ce qui rend la série accessible : la présentation, classique voire même scolaire, ne lésine pas sur les explications préalables. La séquence d’ouverture pose les bases, en racontant qu’un conflit épique s’est achevé par la victoire de l’humanité sur les machines pensantes, avec pour conséquence l’interdiction de l’intelligence artificielle et l’établissement d’un nouvel ordre. L’Empire Corrino prend forme et où le Bene Gesserit, ordre de femmes aux airs de sorcières dotées de capacités mentales et physiques extraordinaires, commence à tisser ses intrigues politiques. 

Le Bene Gesserit est un des pôles principaux de l’intrigue. Les femmes membres de cette sororité apprennent à distinguer la vérité du mensonge et à développer leurs pouvoirs, avant d’être envoyées dans les grandes maisons pour influencer les décisions de leurs dirigeants. Valya Harkonnen en est la dirigeante, depuis la mort de la Mère Supérieure. Elle défend un programme eugénique visant à « créer de meilleurs dirigeants » pouvant être manipulés, et son but ultime est de placer une des sœurs sur le trône impérial. 

Valya et Tula Harkonnen, à la tête du Bene Gesserit

Le second arc principal de l’épisode est un mariage royal à visée politique, entre la princesse Ynez Corrino (Sarah-Sofie Boussnina), héritière du trône, et  l’héritier de la maison Richese âgé de 9 ans. Ce mariage soigneusement arrangé doit renforcer la position de l’Empire et du Bene Gesserit. Cependant, l’arrivée de Desmond Hart (Travis Fimmel), un mystérieux soldat, va tout remettre en question ; sa présence et ses actes suggèrent un complot qui menace de déstabiliser le délicat équilibre politique. La vision de Valya et d’autres personnages renforce l’idée d’événements catastrophiques à venir  Parmi les autres personnages clés figurent l’impératrice Natalya (Jodhi May), le prince Constantine (Josh Heuston) et le maître épéiste Keiran Atreides (Chris Mason) – dont le nom de famille ne passe pas inaperçu chez les adeptes de Dune. 

Dès les premières minutes, il est clair que Dune : prophecy est spectaculaire.  La direction artistique et la cinématographie créent un univers visuellement puissant, avec principalement une scène d’ouverture impactante et les lieux majestueux que sont le palais impérial et le siège du Bene Gesserit. La réalisation n’a peut-être pas une dimension aussi épique que les films de Denis Villeneuve, mais l’ensemble est convaincant et impressionnant. On n’a aucun mal à s’immerger dans ce monde de science-fiction et à en intégrer les codes. 

Un mariage pour affermir le pouvoir impérial

Derrière les origines du Bene Gesserit et les débuts de l’Empire, à travers les personnages, la série invite aussi à une certaine réflexion. Outre le rôle des sœurs Valya et Tula Harkonnen qui se positionnent comme des figures féminines de pouvoir dans un univers patriarcal, en plus de l’opposition entre destin et libre-arbitre que pose clairement la notion même de prophétie, la série s’appuie sur la question des ambitions, du pouvoir et de ce qu’on est prêt à faire ou à sacrifier pour l’obtenir.  

La manipulation génétique notamment, avec le programme eugéniste développé par Valya, soulève des questions éthiques et alimente la tension au sein même de la communauté. Certaines sont convaincues que l’Ordre doit jouer un rôle de contrôle et prendre l’ascendant sur des dirigeants incapables, quand d’autres pensent que l’Ordre est censé guider l’Empire, pas le gouverner. Dans Dune : prophecy, la quête du pouvoir et les tentatives de contrôle du destin individuel ou collectif se reflète dans « la vérité brûlante », vision apocalyptique de Valya et prophétie du titre, à la fois un avertissement et un rappel que le pouvoir sans contrôle ni garde-fou finit par être destructeur.

Avec un épisode solide qui reprend des éléments chers aux fans de Dune tout en permettant aux néophytes de pousser la porte d’un monde dont ils ne connaissent peut-être pas grand-chose, Dune :  prophecy est prometteuse. Avec une mise en œuvre visuellement convaincante et une narration qui pose les bases d’un récit complexe et intelligent, la série semble capable de s’enrichir de grands thèmes de  réflexion certes classiques, mais qui n’en demeurent pas moins puissants. Pour l’instant, c’est un peu Game of Thrones version Dune (ou l’inverse?), mais c’est au minimum intrigant. 

Dune : prophecy
6 épisodes de 70′ environ.
Sur Max.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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