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On débriefe pour vous… les premiers épisodes de Run, suspense et comédie romantique.

Suspense, romance, humour et émotion : Run est un cocktail surprenant qui mélange tous ces ingrédients et se dévoile progressivement.

C’est quoi, Run ? C’est une journée apparemment comme les autres pour Ruby (Merritt Wever), architecte mariée et mère de deux enfants. Soudain, alors qu’elle est assise dans sa voiture, elle reçoit un bref message sur son téléphone : RUN. D’abord déstabilisée, elle répond par le même mot et sans un regard en arrière, elle part. Elle se rend à l’aéroport, saute dans le premier vol pour New York, rejoint la gare de Grand Central et prend un train à bord duquel elle retrouve l’expéditeur du SMS, Billy (Domhnall Gleeson). Tous deux entament alors un étrange périple, près de vingt ans après s’être quittés.

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Il est à la fois facile et compliqué de parler de Run, nouvelle série de HBO disponible en US+24 sur OCS. Facile, parce que le point de départ du récit est simple ; compliqué parce que la série est construite de manière à plonger directement le spectateur au cœur de l’intrigue et ne dévoile le contexte, les prémices de l’histoire et les éléments-clés qu’au compte-gouttes.

Dans la toute première scène, nous faisons la connaissance de Ruby, une femme qui n’a a priori rien de particulier. Elle est assise dans sa voiture, sur le parking d’un supermarché, lorsqu’elle reçoit un SMS, un simple mot envoyé par un certain Billy : Run. Après quelques secondes d’hésitation, Ruby y répond par le même mot et s’exécute : sans un regard en arrière ni prévenir personne, elle parcourt les kilomètres qui la séparent de sa destination, à savoir un train au départ de New York. C’est là qu’elle retrouve le mystérieux Billy.

Qui sont Ruby et Billy ? Que représente le mot  Run ? Quel est ce pacte implicite qui semble les lier ? A quoi ressemblent les vies qu’ils ont abandonnées derrière eux ? Que cherchent-ils dans cette fuite ? Il ne faut pas attendre de réponses immédiates, même si les dialogues entre les deux personnages, comme une discussion qui n’aurait jamais été interrompue, laissent confusément deviner de quoi il retourne. Ce n’est que plus tard, au fil des informations glanées ça et là, que nous comprendrons la nature exacte de ce pacte et ce qui les a poussés à l’honorer, dix-sept ans plus tard. 

Retrouvailles à bord du train pour Ruby et Billy

Run est née de l’imagination de Vicky Jones, collaboratrice et amie de Phoebe Waller-Bridge (qui est ici co-productrice). Ensemble, elles ont écrit le one woman show Fleabag, présenté en 2013 au Festival d’Édimbourg avant de devenir la série que l’on connaît. Et on ne peut manquer de remarquer que les deux auteures partagent une certaine vision de leurs personnages féminins, un goût prononcé pour le mélange des genres et une forte tendance à l’humour et à l’ironie pour désamorcer la mélancolie et le désespoir de leurs héros. De sorte que, tout en ayant sa propre voix avec son histoire si particulière, Run possède aussi un ton, une ambiance, une mécanique et des ressorts comiques qui semblent par moments étrangement familiers. 

S’il fallait décrire Run, on pourrait tout aussi bien parler d’une comédie romantique à suspense que d’un thriller romantique. Une dose de suspense ambiance L’inconnu du Nord Express, une dose d’action, de l’humour et de la romance : c’est la recette inattendue qui rend la série immédiatement intrigante et divertissante, prenante avec ses multiples rebondissements. Elle est aussi efficace dans sa construction, avec ces premiers épisodes qui (exceptée la scène d’introduction) se déroulent exclusivement à bord du train et plongent le spectateur directement en plein milieu d’une situation dont il ignore les tenants et les aboutissants, sans information préalable sur ces personnages, leurs vies respectives et leur passé commun. 

Run, Ruby, run !

Si l’on retrouve au casting Phoebe Waller-Bridge ou Archie Penjabi (The good wife), tout repose sur les épaules du duo formé par Domhnall Gleeson (Bill Weasley dans Harry Potter ou le Général Armitage Hux de Star Wars Episode IX – et pour l’anecdote, fils de l’acteur Brendan Gleeson)  et une Merritt Wever (vue dans Nurse Jackie ou Unbelievable) aussi brillante qu’à l’accoutumée. L’alchimie entre eux est évidente dès les premières minutes, on sent immédiatement que les deux personnages sont toujours complices et attachés l’un à l’autre. Mais Billy semble cacher une amertume et une tristesse derrière son étrange sourire ; Ruby oscille entre exaltation et angoisse, doutes et culpabilité envers sa famille. 

Naturellement, tous deux ont un passé qu’ils ne peuvent pas laisser derrière eux, des obligations et des proches qui les recherchent – ce qui devrait immanquablement entraîner des difficultés et des complications qui risquent bien de faire… dérailler leur plan. A ce stade, bien malin qui pourrait deviner de quelle manière ou anticiper ce qui se passera par la suite ; on a bon espoir que leur parcours soit jalonné de péripéties aussi drôles que folles et inattendues. 

Cela dit, Run n’est probablement pas seulement une romcom à suspense. On s’avance sans doute un peu, mais la mélancolie, la fragilité et les incertitudes de Ruby et Billy dessinent peut-être aussi une dimension plus profonde, plus introspective. Voilà un homme et une femme dont on ne sait pas très bien s’ils fuient quelque chose on se dirigent vers autre chose, s’ils renouent avec leur passé ou se cherchent un avenir ; ce sont en tous cas deux personnages qui se retrouvent face à face et sont confrontés à ce qu’il ont fait de leur vie, vingt ans après s’être quittés. Encore que : se sont-ils véritablement quittés ?

En général, la comédie romantique s’achève lorsque les deux amoureux décident de partir ensemble ; au contraire, Run commence précisément à cet instant. Pleine d’humour et de tension, entre exaltation et mélancolie, elle s’annonce comme une série surprenante et très plaisante. Reste à voir si elle tiendra la distance et si on accompagnera Ruby et Billy jusqu’au bout d’un voyage jusqu’à présent imprévisible mais étrangement addictif.  

Run (HBO)
7 épisodes de 30′ environ.
En France sur OCS en US+24. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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