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On débriefe pour vous…. Sky Rojo, road trip effréné mais maladroit

La nouvelle série des créateurs de La casa de Papel, Sky Rojo, est endiablée mais tombe dans une violence racoleuse gênante.

C’est quoi, Sky Rojo ? Sur l’île de Tenerife, des jeunes femmes sont prisonnières d’un bordel où elles sont maltraitées et contraintes de se prostituer. Lors d’une altercation avec le proxénète Romeo (Asier Etxeandia), Gina (Yanni Prado), Wendi (Lali Esposito) et Coral (Veronica Sanchez) lui fendent le crane et le laisse pour mort, avant de prendre la fuite .Traquées par les hommes de main du club, Moïse (Miguel Angel Silvestre) et Cristian (Enric Auquer), sans passeport et sans possibilité d’aller voir la police ni de quitter l’île, les trois femmes se lancent dans un road trip endiablé et sanglant pour échapper à leurs poursuivants et sauver leur peau.

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Disponible sur Nerflix, Sky Rojo est la nouvelle série des créateurs de La Casa de Papel, Álex Pina et Esther Martínez Lobato.  Succès dès son lancement, Sky Rojo a toutefois suscité des réactions contrastées et a même engendré une polémique en Espagne, en raison de la manière dont elle aborde le thème de la prostitution. 

Pour ceux qui se posent la question, Sky Rojo fait référence au cuir rouge bon marché qui recouvre les canapés de Las Novias, un bordel perdu au bord d’une route sur l’île de Tenerife, où des hommes viennent louer les services de prostituées. Victimes de la traite des femmes et amenées sous de faux prétextes, elles sont séquestrées, maltraitées, obligées de vendre leurs corps et de subir perversions sexuelles, viols et humiliations infligés par les clients. Parmi elles, Coral, Wendi et Gina vont prendre la fuite avec à leurs trousses Moïse et Cristian, les hommes de main de leur proxénète Romeo dont elles ont fracassé le crane.

Wendi, Coral et Gina – pas exactement des demoiselles en détresse

Sky Rojo est indéniablement un thriller explosif, un… joyeux bordel où l’action se mêle à des notes de comédie noire dans de petits épisodes de 25 minutes. Poursuites furieuses, fusillades, scènes à la limite de l’absurde, méchants sans scrupules et héroïnes aux abois plus bad ass qu’il n’y parait : on lorgne du côté de Tarantino et de Robert Rodriguez. C’est une course déjantée entre gentilles et méchants, à la Bip bip et le Coyote comme le disent elles-mêmes les héroïnes. Avec une photographie aux couleurs pop, l’opposition entre les paysages sauvages de l’île et l’ambiance sophistiquée du club, l’excellente bande-son qui mélange Lou Reed, Hombres G ou Camaron de la Sila, la violence brute et ses rebondissements implacables, la série  oscille entre glam et trash. 

Surprenante au premier abord, la durée des huit épisodes accentue le dynamisme, rend palpables la rage et le sentiment d’urgence qui imprègnent tout le récit. Compte tenu des excès et outrances de l’histoire, l’ensemble est aussi plus digeste. Mais cette brièveté a son revers : tout va vite, parfois un peu trop, et la série privilégie largement l’adrénaline et l’action au détriment du contenu et du développement des personnages. Par exemple, une trentaine de secondes suffisent pour que Gina raconte sa vie à Cuba, son arrivée dans le bordel et les violences qu’elle y a subies. 

Pour autant, on prend forcément le parti des jeunes femmes dès les premières scènes. D’une part grâce  aux flashback portés par la voix off des protagonistes (en particulier Coral)  qui nous font découvrir leur passé, les circonstances dans lesquelles elles sont arrivées dans le bordel, les horreurs qu’elles y vivent. Une technique que Pina a déjà utilisé dans La Casa de papel et dans White Lines, parfois factice mais qui permet au spectateur de nouer des liens d’empathie avec ces trois femmes. Surtout, la violence physique et psychologique de ce qu’elles subissent est atrocement explicite, montrée de façon crue, brutale et sans filtre. Le trio d’actrices incarnant les héroïnes est en outre remarquable : Lali Esposito dans le rôle de la flamboyante Wendi, Yany Prado dans celui de la naïve Gina, et Verónica Sánchez dans celui de la mystérieuse Coral qui a choisi de se prostituer pour des raisons évoquées plus tard. 

A la poursuite des filles, les sbires de leur proxénète

La prostitution semble être un thème central dans la série : traite des femmes, abus sexuels, exploitation des corps, consommation de drogues pour tenir le coup.  Mais le verbe « sembler » n’est pas innocent. Alex Pina a insisté sur le fait que son intention n’était pas de réaliser un documentaire ; de son côté, Esther Martínez Lobato a confié espérer que  Sky Rojo donnerait de la visibilité à un sujet aussi délicat que celui de la traite des femmes. Entre divertissement sans prétention et dénonciation, toute l’ambiguïté de Sky Rojo est là , et c’est la raison de la controverse engendrée par la série en Espagne, où elle est critiquée pour son utilisation de la violence envers les femmes. 

Et il est vrai que si la série montre la violence et la situation sordide subie par ces femmes exploitées, qu’on est choqués, bouleversés et dégoûtés par la collection de séquences de maltraitance, actes sexuels imposés et humiliations. Toutefois,  l’accumulation des scènes-chocs finit par frôler la complaisance et peut mettre mal à l’aise.  «Les gens viennent au club pour réaliser leurs fantasmes», explique Romeo dans une scène : d’une certaine manière, Sky Rojo fait la même chose lorsque les gifles, les menaces, les viols deviennent un prétexte voire un spectacle en soi. Les excès, la vulgarité et la violence finissent par être contre-productifs et le malaise, dans Sky Rojo, vient du fait que le série ne trouve pas d’équilibre entre  banalisation et critique, entre dénonciation et divertissement  pour traiter d’un sujet aussi sensible. 

Vous savez à quoi vous attendre avec Sky Rojo: une série au rythme imparable, addictive et pleine d’adrénaline, mais où le thème de la prostitution et de la traite des femmes prend des airs de prétexte avec des scènes de violences sexuelles ad nauseam. Mais pour ceux qui se sont laissés emporter dans le sillage de Wendi, Coral et Gina, sachez que la deuxième saison sera disponible le 23 Juillet prochain : le voyage ne fait que commencer. 

Sky Rojo 
8 épisodes de 25′
Disponible sur Netflix

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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