Squid Game revient avec une deuxième saison qui reprend le concept des jeux mortels, tout en approfondissant d’autres aspects.
C’est quoi, Squid Game (saison 2) ? Trois ans après avoir remporté le Squid Game et les milliards de won qui vont avec, Gi-Hun (Lee Jung-Jae) est déterminé à retrouver les organisateurs de ce jeu pervers et à y mettre un terme. Il utilise sa fortune pour financer des recherches, en commençant par la piste la plus évidente : le métro, où il a été approché par l’homme en costume qui l’a «recruté ». En parallèle, Hwang Jun-Ho (Wi Ha-Joon), policier infiltré lors du jeu précédent, cherche à localiser l’île où se déroulent les épreuves. Lorsque les efforts de Gi-Hun portent enfin leurs fruits, il comprend que pour faire tomber l’organisation, il va devoir retourner dans le jeu et reprendre la compétition au milieu de nouveaux participants…
Squid Game : deuxième round
456 personnes en grande détresse économique sont emmenées sur un île pour participer à six jeux enfantins. A la clé, une énorme récompense de 45,6 milliards de won, qui permettra au vainqueur de rembourser ses dettes et de repartir à zéro. Mais les participants ignorent qui a organisé le jeu, en quoi il consiste exactement et surtout que les perdants sont éliminés – littéralement, d’une balle dans la tête. C’est le concept de Squid Game, série sud-coréenne créée par Hwang Dong-hyuk. Arrivée en catimini sur Netflix en 2021, son succès colossal a surpris tout le monde – c’est la série la plus vue de l’histoire de la plate-forme, rien de moins.
La deuxième saison de sept épisodes a donc des airs de défi a priori impossible à relever : égaler la précédente, alors que l’effet de surprise s’est dissipé maintenant qu’on connaît la mécanique. Hwang Dong-hyuk la sait, il reprend certaines caractéristiques qui ont fait le succès de la série tout en introduisant de nouveaux éléments. Ainsi, ceux qui s’attendent à retomber directement dans les petits jeux sadiques risquent d’être frustrés. Si on se doute que, d’une manière ou d’une autre, Gi-hun va retourner dans l’arène, les deux premiers épisodes prennent le temps d’expliquer comment et pourquoi.
Nouveaux joueurs, nouvelles épreuves
Ensuite, retour sur l’île avec d’anciens et de nouveaux jeux. Le fameux 1,2,3… soleil, le pentathlon à six jambes ou l’épreuve du manège avec sa chanson lancinante : si la série s’étend parfois un peu trop sur certains de ces jeux, ils n’en demeurent pas moins sadiques et terrifiants et on lésine pas sur la violence. Autres scènes importantes, quoique répétitives, celles des votes successifs au cours desquels les joueurs doivent choisir de continuer la partie ou de l’interrompre. Avec une question sous-jacente : peut-on démocratiquement se condamner au chaos ? (Spoiler : oui.)
Côté personnages, on retrouve quelques vieilles connaissances comme évidemment Gi-hun / 456, le policier Hwang Jun-Ho et quelqu’un d’autre dont nous ne dirons rien. Le plus intéressant est sans doute l’évolution de Gi-hun : il n’est plus le pauvre naïf qui n’a fondamentalement d’autre choix que de participer à cette compétition dans l’espoir d’une vie meilleure, il est maintenant un homme riche, incapable de se remettre de son expérience et déterminé à mettre fin à ces jeux et à l’organisation qui les met en œuvre, quitte à y participer à nouveau. Mais aussi quelqu’un qui, malgré les atrocités qu’il a vues et vécues, n’a rien perdu de son humanité. Et fort intelligemment, la série s’appuie sur lui comme point de référence : comme le spectateur, il sait exactement (ou croit savoir) ce qui attend les joueurs.
On rencontre surtout une multitude de nouveaux personnages / joueurs, galerie attrayante de figures secondaires. La dynamique a beau être assez similaire à celle de la saison précédente, il y a suffisamment d’espace pour que certains prennent une plus grande dimension ; citons un duo mère/fils, Thanos le rappeur fou, ou encore le meilleur ami du héros qu’il retrouve par hasard dans le jeu. Un autre aspect intéressant – toutefois peu développé au final – est l’apparition d’une femme qui travaille comme garde, ce qui permet de mettre un visage et d’humaniser les gens sous la combinaison rose.
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Le jeu comme critique sociale
La première saison était clairement une critique d’une société capitaliste et inégalitaire, prête à dévorer l’individu pour le simple divertissement de ceux qui se situent en haut de l’échelle sociale. Une approche toujours présente (avec en plus, ironiquement, le fait que Hwang ait déclaré avoir accepté de faire une suite uniquement pour l’argent…) , mais l’accent est mis sur un autre aspect : la division entre « ceux d’en bas », dans la majorité déterminés à continuer à jouer au risque de mourir… et surtout dans l’espoir tacite de voir les autres y passer. L’un après l’autre, les jeux mettent au grand jour mensonges et secrets, poussant les participants les uns contre les autres, éliminant toutes les limites morales.
Outre la répétition de la mécanique, le gros défaut de Squid Game, c’est aussi que ce qu’on nous a présenté comme une deuxième saison est en réalité la moitié d’un tout. Initialement pensée comme une mini-série, elle se conclura sur une troisième saison – et celle-ci s’achève donc brutalement sur un cliffhanger, précisément au moment où l’histoire bascule dans autre chose. Il faudra donc attendre fin 2025 pour connaître le dénouement de Squid Game.
Avec cette deuxième saison, Squid Game fait avancer l’histoire en essayant de varier légèrement la formule sans rompre la mécanique. Malgré des maladresses, des répétitions et quelques longueurs, la série conserve ses airs de spectacle sadique et sanguinaire, de thriller psychologique efficace et addictif, et de critique virulente d’un système économique et d’une société injustes basés sur les inégalités de classes et l’illusion du choix. Deux citations philosophiques pour frimer : « l’homme est un loup pour l’homme », et « la vie humaine n’est qu’un jeu : le jeu de la folie. ». Et voilà comme on vous case Squid Game entre Hobbes et Érasme.
Squid Game – Saison 2
7X 65′ environ.
Disponible sur Netflix.