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On débriefe pour vous : Squid Game (saison 3), les jeux sont faits

Squid Game s’achève sur une troisième saison qui scelle le destin de son héros et ouvre la porte à des déclinaisons de la série.

C’est quoi, Squid Game (Saison 3) ? La rébellion lancée par Gi-Hun / 456 (Lee Jung-Jae) a été réprimée dans le sang, les joueurs qui avaient pris son parti ont été massacrés. Épargné mais brisé et rongé par la culpabilité, Gi-hun tombe dans une passivité inquiétante. Lorsque les jeux mortels reprennent, seule la vengeance le pousse à y participer – avant qu’il ne trouve une nouvelle motivation. Dans le même temps,  Jun-ho (Wi Ha-joon) continue de chercher l’île et dans les coulisses des jeux, la soldate 11 (Park Gyu-young) se révolte à sa manière. 

456 personnes en difficulté économique sont emmenées sur une île pour participer à des jeux enfantins, les vainqueurs se partageant la somme colossale 45,6 milliards de wons. Tous ignorent qui a organisé ce tournoi, en quoi consistent les jeux et surtout que la défaite signifie la mort. C’est le concept de Squid Game, la série coréenne lancée en 2022 devenue contre toute attente un phénomène médiatique et la série la plus regardée de l’histoire de Netflix. 

Une saison 2 – partie 2

Il est temps pour Squid Game de conclure avec cette troisième saison de six épisodes. Encore que, elle ressemble davantage à un appendice, une « Saison 2, deuxième partie » : l’action reprend immédiatement après le cliffhanger du dernier épisode en date, les treize épisodes ont été tournés d’un seul coup, et on retrouve le même défaut par rapport à la première saison : Squid Game a perdu une grande partie de sa capacité à surprendre. La cruauté a cessé de choquer, la critique sociale est redondante, certaines scènes répétitives sont sans intérêt (comme le vote récurrent pour décider de continuer ou non le jeu). 

Ces épisodes sont également impactés par leur finalité : il faut conclure. Enchaîner les jeux, sceller le destin des personnages, poursuivre les intrigues secondaires. Rappelons qu’il y a trois arcs principaux : Gi-hun  avec les autres joueurs, Jun-ho le policier qui cherche inlassablement l’île, et la révolte de la soldate 11. Trois axes qui sont juxtaposés de manière désordonnée – une scène clé du jeu précède une séquence sur le bateau, puis retour au jeu, puis on bascule vers la soldate 11. En résulte un sentiment de confusion où la plupart des personnages secondaires sont sous-exploités et  où seule émerge vraiment l’intrigue consacrée à Gin-Hun, les deux autres n’apportant rien de décisif.

La corde à sauter, version Squid Game

De la dystopie au thriller psychologique

Squid Game reste néanmoins puissante dans son concept, globalement cohérente dans sa narration et intense à certains moments. Malgré la prévisibilité des rebondissements, on est curieux de connaître le dénouement ; en chemin, la série réserve quelques surprises – comme l’introduction d’un… nouveau joueur, qui aurait pu être ridicule mais qui s’avère finalement pertinente. 

La série parvient surtout à donner une autre dimension à sa violence. Dystopique dans sa première saison, elle vire au thriller psychologique. L’une des idées fortes a toujours résidé dans la perversion du concept même de jeu : avec Un deux trois soleil, Cache-cache et la Corde à sauter, Squid game nous ramène dans la cour de récréation, avant de briser avec sadisme l’imaginaire enfantin. Cette fois, une simple partie de cache-cache se transforme en un massacre dont tout le monde ressort traumatisé, la corde à sauter révèle le pire de l’humanité. A la violence physique s’ajoute le fardeau psychologique des participants mis face à leurs décisions, leurs responsabilités, leurs scrupules, leurs limites morales. 

L’un des sujets les plus intrigants de la première saison concernait les VIP, ces millionnaires masqués qui assistent aux jeux comme à un spectacle. De retour cette saison, ils agissent comme un miroir : ils nous pointent du doigt, nous qui regardons la série. Ils commentent les jeux avec détachement, comme nous devant l’écran, et leurs observations reproduisent les conversations de nombreux spectateurs sur les réseaux sociaux ou dans leur salon.

Game over… et partie suivante ?

Sans dévoiler la conclusion, disons que le dénouement brut et amer n’offre ni rédemption ni justice. Sur le plan narratif, c’est la fin du parcours des personnages. Intellectuellement, elle propose plusieurs grilles de lecture. La plus basique : l’humanité est en grande majorité égoïste et mesquine. Dans la série, il y a des méchants (très méchants) et quelques gentils, Gi-Hun en particulier, archétype du héros qui, malgré les épreuves, finit toujours par faire ce qui est juste.

A lire aussi : Squid Game : une suite américaine de prévue ? | VL Média

Fin de partie pour le joueur 456

Mais si les personnages sont extrêmement manichéens, c’est parce que dans Squid game, le véritable ennemi n’est pas un méchant spécifique mais le système. Un système qui récompense la compétition dans ce qu’elle a de plus sadique et cruel, qui fait de la violence un spectacle et où les plus forts écrasent les plus faibles. En ce sens, la fin est cohérente : peu importe qui remporte le dernier jeu, c’est le système qui gagne à la fin. 

A l’image de la toute dernière scène qui, plutôt qu’une fin définitive, semble plutôt clôturer une phase d’un univers que Netflix entend bien développer encore. Le créateur de Squid Game, Hwang Dong-hyeok, ouvre la porte à un Squid Game américain, dont on parle beaucoup bien que rien n’ait été confirmé pour l’instant. Or, si quelqu’un est susceptible d’apporter quelque chose de nouveau à la franchise, c’est sans doute le réalisateur que la rumeur voit en charge du projet : un certain David Fincher.  

Après trois saisons, que reste-il de Squid Game ? Beaucoup de critiques (fondées), une déception chez certains spectateurs mais aussi un concept fort, des scènes et un héros mémorables, une critique sociale puissante. Et un vrai phénomène culturel et un engouement initial que personne n’avait vu venir. Squid Game conclut une histoire ambitieuse et dérangeante sous-tendue par une métaphore qui ne l’est pas moins : les jeux comme lutte non pas pour survivre mais pour préserver son humanité dans un système où tout est fait pour l’anéantir.

Squid Game 
Saison 3 – 6 X55′ environ.
Disponible sur Netflix.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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