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On débriefe pour vous… Umbrella Academy, un retour convaincant malgré un air de déjà-vu

Les membres de la Umbrella academy reviennent dans une deuxième saison réjouissante, pour sauver le monde (et Kennedy ?).

C’est quoi, Umbrella Academy (saison 2) ? Les membres de la Umbrella Academy n’ont réussi à échapper à l’apocalypse que grâce à Cinq et à ses capacités à voyager dans le temps. Les frères et sœurs se retrouvent catapultés à Dallas mais à des moments différents, entre 1960 et 1963. Or, nous savons tous quel événement  s’y est produit à cette époque… Dernier arrivé dans la chronologie, Cinq découvre justement que le cours de l’Histoire a été modifié et que l’humanité est sur le point d’être –  encore une fois – anéantie. Il décide de  retrouver ses frères et sœurs pour tenter – encore une fois – de sauver le monde.

En février 2019, Netflix lançait la première saison de Umbrella Academy, série adaptée  par Steve Blackman d’après le comic créé par Gerard Way et illustré par Gabriel Bá. Pour rappel, The umbrella academy est le nom d’une institution fondée par Reginald Hargreeve (Colm Feore), qui a adopté et élevé sept enfants aux pouvoirs extraordinaires dans le but d’en faire des super-héros. Mais son attitude intransigeante et diverses tragédies ont séparé les frères et sœurs ; réunis après sa mort, ils sont obligés de s’allier pour tenter d’empêcher l’apocalypse. Sans succès. La nouvelle saison reprend l’histoire où elle s’était arrêtée – Vanya a provoqué la fin du monde mais Cinq  parvient à sauver nos héros in extremis en les envoyant dans le passé, grâce à sa capacité à voyager dans le temps.

L’Apocalypse approche et les membres de la Umbrellla academy n’ont que quelques jours pour l’empêcher. En résumé, c’était l’intrigue de la première saison… et c’est aussi celle de la deuxième. Sauf que cette fois, nous sommes à Dallas : les personnages ont atterri dans la même ruelle mais sont dispersés entre 1960 et 1963. Cinq est arrivé quelques jours après la date de l’assassinat de JFK, et justement : le président n’est pas mort et une guerre nucléaire entre l’Union soviétique et les États-Unis est sur le point de détruire le monde. Cinq va donc tenter de retrouver ses frères et sœurs afin de sauver l’humanité (et leurs fesses). 

Pendant ce temps, Luther (Tom Hopper) participe à des combats clandestins, Allison (Emmy Raver-Lampman) s’est mariée et milite pour les droits civiques, Diego (David Castañeda) est interné en hôpital psychiatrique parce qu’il prétend vouloir empêcher l’assassinat de Kennedy, Vanya  (Ellen Page) a perdu la mémoire et s’occupe d’un petit garçon autiste dans une ferme, et Klaus (Robert Sheehan) a fondé une secte où il dispense sa sagesse à grands renforts de paroles de chansons pop du futur, tandis que le fantôme de Ben (Justin H Min) est obligé de le suivre.

Ajoutez-y  le retour de « la gestionnaire » (Kate Walsh), l’arrivée de la mystérieuse Lila (Ritu Arya), un trio de tueurs suédois, un paradoxe temporel et une multitude de sauts dans le temps, et  vous aurez compris que la série multiplie les intrigues et les situations. Quitte à parfois donner le sentiment de s’éparpiller, sans parler de cet indéniable petit air de déjà vu… Cela affecte-t-il le plaisir que l’on a, devant cette nouvelle saison ? Honnêtement, non. Le rythme est encore plus enlevé, les épisodes pleins de scènes d’action efficaces, avec une bonne dose d’humour et une bande-son aussi éclectique que réjouissante (en vrac : Kiss,  Sinatra, les Backstreet Boys ou De la Soul). De sorte que l’univers est excentrique et surréaliste, mais bien reconnaissable et en adéquation avec l’ambiance et le ton de la série (et du comic d’origine). 

La Umbrella Academy, renvoyée dans les années 1960

Étonnamment, malgré la multiplicité des intrigues et des temporalités, la saison reste cohérente grâce à un point de repère : le meurtre de Kennedy.  Le traitement n’est pas sans rappeler le roman 22/11/63 de Stephen King (adapté en mini-série avec James Franco), mais l’idée est intéressante d’abord parce que toute la saison s’articule autour de cet axe, et  ensuite parce qu’elle confronte nos héros à un contexte social particulier (notamment le racisme ou les violences policières) qui résonne avec l’actualité. Puisque cette saison a été écrite avant les émeutes consécutives au meurtre de George Floyd, elle montre à quel point le problème est profondément enraciné aux États-Unis. Par ailleurs, nos héros finissent tous par représenter un «ennemi » de l’Amérique, la famille cristallisant toute la paranoïa de l’époque : la menace soviétique (Vanya), le crime organisé (Luther), les hippies (Klaus ), Cuba (Diego) et les Black Panthers (Allison). 

Et puis, l’idée de suivre chaque personnage de manière plus ou moins indépendante offre la possibilité  d’approfondir leurs personnalités respectives et de leur apporter des nuances inexploitées dans la saison précédente. Tous occupent une place à peu près équivalente (à l’exception de Ben, malgré le rôle essentiel qu’il va jouer) et c’est un vrai  plaisir de voir chacun évoluer dans son univers . 

Deux fois Cinq égale un paradoxe temporel

Ça l’est tout autant de les voir ensemble, lorsque la famille est réunie et occupe une place centrale dans le récit. Certes, le contexte est surréaliste et ce sont des super-héros… mais qui ont des super-problèmes de famille, susceptibles de rencontrer un écho chez le commun des mortels   (envie, rivalités, tensions liées à un passé commun, hostilité envers la figure paternelle…) sans que cela n’empêche l’amour, la solidarité et la compréhension. Au passage, il faut souligner que tous les acteurs sont formidables dans leurs rôles respectifs – en particulier Robert Sheehan (le personnage de Klaus est incroyable) et Aidan Gallagher qui, avec Cinq, n’est rien moins que le chef d’orchestre de toute l’histoire. 

L’histoire, justement, s’achève naturellement avec un cliffhanger ouvrant la porte à une troisième saison (pas encore confirmée). En attendant,  Umbrella Academy ne déçoit pas avec une deuxième saison réjouissante et extrêmement rythmée. Certes, elle comporte quelques défauts et certaines choses fonctionnent un peu moins bien, mais l’ensemble est largement suffisant pour qu’on en fasse abstraction. 

Umbrella Academy (Netflix)
Saison 2 – 10 épisodes de 50′ environ. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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