Intense, excessif et haletant, ce nouvel opus de la saga John Wick aura tous les ingrédients nécessaires pour ravir ses fans
C’est quoi John Wick 4 ? John Wick affronte ses adversaires les plus mortels dans le quatrième volet de la série. Le prix de sa tête ne cessant d’augmenter, Wick mène son combat à l’échelle mondiale en recherchant les acteurs les plus puissants de la pègre, de New York à Paris en passant par Osaka et Berlin. Il découvre un moyen de vaincre l’organisation criminelle connue sous le nom de la Grande Table. Mais avant de gagner sa liberté, Il doit affronter un nouvel ennemi qui a tissé de puissantes alliances à travers le monde et qui transforme ses vieux amis en ennemis.
SPOILERS
L’essentiel
Pour ce nouvel épisode de la saga, le réalisateur Chad Stahelskien a réalisé un John Wick beaucoup plus riche. En effet ce n’est pas seulement la quinzaine de scènes d’actions époustouflantes qui sont à l’honneur, mais également des enjeux affectifs que l’on ne soupçonnait pas. D’après le communiqué de presse, le réalisateur a confié « On continue à révéler des facettes inédites – et parfois surprenantes – de John Wick et à découvrir plusieurs nouveaux personnages qui ont des liens parfois inattendus avec Wick. Outre les scènes d’action, il y a de la complicité entre les personnages et de l’espoir ainsi que des enjeux affectifs que nous n’avions fait qu’effleurer dans les chapitres précédents ». Concernant les personnages le réalisateur ajoute : « On a vraiment enrichi l’univers de John Wick, en y intégrant des rebondissements et des personnages à la fois drôles et insolites. Par ailleurs, on a encore repoussé les limites des scènes d’action et conçu de nouvelles armes. Et les ‘muscle cars’ sont de retour !« . L’intrigue se déroule aux quatre coins du monde, de la Jordanie, au Japon, en passant par Berlin, pour finir à Paris où ont lieu des scènes de combat spectaculaires.
On aime
Ce John Wick a quelque chose de tragique. Et c’est bien parce qu’il y a une notion de beauté dans le tragique que l’on s’accroche à la trame, on a de la compassion et de l’espoir pour John Wick, ce héros déchu qui en animal meurtri, subit son destin. C’est la vengeance qui le raccroche à la vie, sa volonté de s’affranchir de « La Grande Table », cette communauté criminelle secrète contre laquelle il se bat sans relâche, à la recherche de son émissaire : le marquis. D’un souffle insatiable, ce héros taciturne nous fait penser à un animal blessé, nourri par le désir de vengeance et d’indépendance. Cependant, gardons les yeux en face des trous. Ce qui fait l’essence du film sont essentiellement les scènes de combats délirantes que mène Keanu Reeves avec brio. La productrice du film Erica Lee, a mis l’accent sur le fait que l’intention était de « mettre en scène un film d’action d’une manière nouvelle. » Bien entendu, l’originalité de la saga John Wick tient au fait qu’il plonge le spectateur au coeur d’une sorte de jeu vidéo, au décor époustouflant et mêlant différents styles d’art martiaux et d’inspirations. Elle explique « On a commencé par imaginer les scènes d’action, mais les décors, l’esthétique et le gun-fu – le style de combat propre à la saga qui mêle les armes à feu, les arts martiaux et combat rapproché – sont nés dans la foulée et sont la signature de la saga ».
Dans ce John Wick 4, on retient trois scènes particulièrement bluffantes. La première est probablement la scène de combat filmée en overhead shot, ou prise de vue aérienne, cette technique permet au spectateur d’évoluer avec John Wick comme s’il était notre player. On a une vision plus large tout au long de sa lutte, pour voir les ennemis qui se trouvent dans les prochaines pièces, on anticipe ainsi les situations avec une tension et une rage complaisante. Une vraie innovation technique qui manifeste un lien ténu avec le jeu vidéo. Deuxièmement, une des scènes les plus époustouflante est vers la fin du film : la scène de course poursuite et de rixe au rond point de l’Arc de Triomphe. Dans un des endroits les plus embouteillés et les plus dangereux de Paris, des ribambelles de voitures affluent de toute part pour empêcher notre héros d’arriver à temps à son duel avec le marquis. Les mouvements de caméras font preuve d’une souplesse décapante, à coup de travellings et de 360°, le spectateur est happé par tant de spectacle où l’héroïsme et la chance de John frôlent l’absurde. Cette absurdité parlons-en, elle se confirme et nous badine lors de cette ultime scène d’ascension de la butte de Montmartre. Des centaines de marches séparent John de son opposant qui l’attend au pied du Sacré Coeur pour un duel à mort. S’ensuit une scène hallucinante de combat, au pistolet, aux poings, aux pieds, aux couteaux qui cesse puis reprend à chaque fois que John dégringole de nouveau des escaliers. Certaines répliques confirment d’ailleurs cette ironie assumée du réalisateur. John Wick ou l’homme invincible : le spectateur au bout d’un moment, a trop mal pour lui et aimerait juste le voir mourir ou finir de gravir ces satanés escaliers. L’esthétique du film est lisse et contrastée, une apparence gameplay qui peut être assez satisfaisante. Paris, à l’aube, a des allures de carte postale américaine.
On aime moins
Une bonne dose de clichés sont présents au début du film. Le summum étant la réplique de John Wick « Je veux tous les tuer », ne jamais dire ce que l’on peut montrer, n’est-ce pas la base du cinéma ? John Wick transpire la haine et le désir de vengeance, c’est un manque de subtilité totale qui dénote une crise d’inspiration pour les scénaristes qui ont bien compris que Keanu Reeves est bon, seulement quand il se tait. On remplit ces clichés avec évidemment des images de tous les monuments les plus connus de Paris, toujours sous un soleil de plomb, digne de GTA V. Outre les clichés, on repère un sens de l’amitié assez étonnant de la part de ses « vieux amis », ne serait-ce qu’avec un de ses vieux amis japonais qui, par sa plus grande bonté, se fait détruire son hôtel entier, se fait planter sa fille, pour mourir ensuite. Pourtant son superbe ami John Wick est sur son toit, il pourrait lui demander de fuir. Mais non, il préfère mourrir et mettre tout en jeu pour « défendre » son « vieil ami ». On reste dans un univers unique où les enjeux narratifs et la complexité des personnages sont faibles ou légèrement absurdes, c’était pourtant l’axe d’amélioration promis par le réalisateur de la saga. Il n’empêche, concernant l’action, rien à dire, c’est un plaisir pour les amateurs avec un style très affirmé et riche. Néanmoins le film dure presque 3h, donc gare aux secousses, en sortant de la salle, on peut avoir la sensation de s’être fait rouler dessus par un rouleau compresseur. A découvrir au cinéma le 22 mars.