Nine perfect strangers ne tient pas toutes ses promesses mais séduit avec son casting brillant – dont Nicole Kidman et Bobby Cannavale.
C’est quoi, Nine perfect strangers ? A Tranquillum House, un complexe holistique de luxe en Californie, Masha Dmitrichenko (Nicole Kidman) promet aux participants un renouveau spirituel spectaculaire s’ils se plient à son programme pendant 10 jours. Elle a scrupuleusement sélectionné les neuf personnes de cette nouvelle session, qui ont toutes des difficultés personnelles à régler ou des traumatismes à surmonter. Les méthodes de Masha sont toutefois… particulières. Et d’ailleurs, quelles sont vraiment les intentions de cette femme charismatique au passé si mystérieux ?
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L’essentiel
C’est une adaptation d’un roman de Liane Moriarty, produite par David E. Kelley et avec en vedette Nicole Kidman… mais ce n’est pas Big little lies. On retrouve pourtant les mêmes grands noms derrière la série Nine perfect strangers, diffusée sur M6 à partir du 26 Août prochain après avoir été disponible sur Prime video. Signalons au passage que ce qui devait être une mini-série pourrait bien avoir une deuxième saison.
En Californie, le complexe holistique de luxe Tranquillum house est dirigé par l’évanescente Masha. Dans ce lieu idyllique en pleine nature, elle promet d’amener ses clients à un éveil spirituel et à dépasser leurs difficultés psychologiques. Neuf personnes arrivent pour cette session : Frances (Melissa McCarthy), romancière en manque d’inspiration ; Napoléon (Michael Shannon), Heather (Asher Keddie) et leur fille Zoe (Grace Van Patten) confrontés à un deuil ; l’influenceuse Jessica (Samara Weaving) et Ben (Melvin Gregg) en pleine crise conjugale ; Lars (Luke Evans), un journaliste qui enquête sur les dessous du complexe ; Carmel (Regina Hall), quittée par son mari ; et enfin Tony (Bobby Cannavale), ex-star du football américain dépressif et accro à l’oxycodone. Coupés du monde et recevant quotidiennement des traitements à base d’une drogue psychédélique, ils vont être confrontés à la noirceur enfouie en eux. Et ce ne sera pas sans conséquence, d’autant que Masha elle-même va devoir faire face à ses propres démons et à son passé…
On aime
Les prémisses de Nine perfect strangers sont extrêmement alléchantes – et ne sont pas sans rappeler celles de White Lotus : un récit choral avec neuf personnages qui ne se connaissent pas, réunis dans un complexe de luxe dans un cadre enchanteur, et des questions qui surgissent immédiatement, notamment sur les raisons de leur présence. Dans ce décor aussi paisible qu’inquiétant, le personnage de Masha soulève aussi bien des interrogations : qui est cette femme aux allures de déesse? Pourquoi a-t-elle précisément choisi ces neuf personnes ? Et que cache-t-elle, sous son allure éthérée et glaciale ? Autant de mystères qui courent tout au long des huit épisodes, chacun apportant quelques pistes, quelques indices puis enfin des réponses.
Nine perfect strangers se place aussi au croisement de plusieurs genres. C’est principalement un thriller psychologique, qui se teinte parfois de séquences psychédéliques, d’une touche d’humour (bien que parfois un peu forcée) et d’une petite critique de l’industrie du bien-être et du new age. L’ensemble s’imbrique parfaitement, tout est bien équilibré et ponctué de nombreux rebondissements qui nous amènent jusqu’à la conclusion.
Bien écrite et bien réalisée, la série accroche principalement grâce à sa galerie de personnages, tous parfaitement caractérisés. Et magnifiquement interprétés : les acteurs sont fantastiques et interagissent parfaitement les uns avec les autres. Le nom de Nicole Kidman est le premier à retenir l’attention : elle est excellente dans le rôle de Masha, dont elle traduit parfaitement le feu intérieur qui couve sous la glace (petit bémol sur l’accent Russe, du moins en VF.) Elle n’est toutefois pas la seule à briller : Melissa McCarthy est tour à tour drôle et émouvante, Michael Shannon génial dans le rôle histrionique de Napoléon, et le toujours génial Bobby Cannavale se donne à fond pour incarner le personnage hors norme de Tony.
On aime moins.
Le récit est choral, et manque justement d’une certaine unité. On passe d’un personnage à l’autre, d’une situation à l’autre de manière parfois décousue, et certains arcs narratifs sont nettement mieux exploités que d’autres. L’histoire de Carmel par exemple, est moins forte que celle de la famille Marconi ou de Frances. Et pour y remédier, la série a tendance à compliquer les interactions entre ses protagonistes, retardant le moment de lever le voile sur leur histoire.
Dans le roman, Liane Moriarty accorde une place essentielle à l’introspection, aux monologues et aux pensées intérieures de ses personnages ; évidemment, la série doit adapter ce mécanisme. Malheureusement, elle le fait à travers de longs dialogues entre les personnages, ce qui casse le rythme et apparaît surtout comme peu naturel. En outre, s’il est logique que les premiers épisodes prennent le temps de mettre en place la situation, l’histoire progresse d’abord lentement, avant que tout s’accélère en deuxième partie de saison (notamment lorsque le vrai but de Masha et son propre passé sont révélés.)
En résumé, si Nine perfect strangers est globalement une bonne série, elle est aussi frustrante dans la mesure où l’histoire, le casting, les noms de Nicole Kidman, Liane Moriarty et David E. Kelley promettaient davantage. Il lui manque la petite touche d’audace, le petit plus qui aurait pu l’amener au niveau de White Lotus par exemple.
On regarde si… on aime les histoires chorales à la White Lotus, avec des mystères dans un cadre idyllique ; on apprécie les romans de Liane Moriarty et leur dimension psychologique ; on a envie de voir une brochette d’acteurs tous plus excellents les uns que les autres.
On ne regarde pas si… on est allergique aux dialogues et aux digressions ; on aime savoir tout de suite dans quoi on s’embarque et connaître immédiatement les tenants et les aboutissants d’une histoire ; on s’apprête à faire une retraite dans une centre de thérapie new age. (Namaste à vous)
Nine perfect strangers
8 épisodes de 50′ environ.
Le 26 Août sur M6.