La maire de Paris, Anne Hidalgo, a dévoilé le plan antipollution qu’elle compte mettre en place dans la capitale française, dans une interview du 27 janvier 2015 accordée au Monde.
Paris connaît des pics de pollution aux particules fines. Deux causes principales sont à l’origine de cela, selon Fabrice Dugay, ingénieur d’Air Parif, l’association qui surveille la qualité de l’air ambiant à Paris: « 25 % des émissions [de gaz] sont dues au trafic routier et 23% des émissions sont dues au chauffage au bois. »
Pour atténuer la première cause, la maire de Paris Anne Hidalgo a prévu une série de mesures qu’elle énumère dans son interview au Monde :
- Interdiction de circulation des véhicules polluants dans un périmètre donné
- Eradiquer le diesel d’ici à 2020
- Favoriser l’utilisation de véhicules moins polluants et d’Autolib
- Remboursement de la carte Navigo
- Gratuité du stationnement pour toute personne entrant et circulant à Paris avec un véhicule propre
Prise de conscience écologique des Franciliens, ou « pédagogie par la taxe ? »
La maire compare deux chiffres : « En 2001, plus 60 % de Parisiens avaient un véhicule personnel, aujourd’hui, leur nombre est tombé à 40 %. », affirmant que « les comportements changent déjà fortement. » S’agit-il d’une réelle prise de conscience écologique ? ou de manque de moyens des Franciliens au vu de la crise financière? Le coût de la vie à Paris augmente constamment, et il n’est pas à exclure qu’une majorité des Franciliens, parmi les 20% qui ne possèdent plus de véhicule personnel, n’ait plus les moyens de posséder un véhicule, ni de stationner. De plus, dans certains quartiers parisiens, comme aux Champs- Elysées, le prix du stationnement coûte jusqu’à 4 € de l’heure.
Quel financement pour son programme ?
Anne Hidalgo déclare également que la municipalité prévoit « des aides financières à l’achat d’un véhicule moins polluant (vélo ou voiture), mais aussi des abonnements à Autolib’ et le remboursement du forfait Navigo. » Si les automobilistes s’abonnent à Autolib’, cela implique qu’il faudra augmenter le nombre d’Autolib’, ainsi que les bornes de stationnement. Avec quels moyens cela sera-t-il financé ? De la même manière, Anne Hidalgo n’explique pas comment la municipalité compte faire rembourser le forfait Navigo et verser des aides financières à ceux qui investiront dans des moyens de locomotion moins polluants. Anne Hidalgo estime le coût de ces opérations à 5 millions d’euros en année pleine.
Or, dans une interview de BFM TV du 6 janvier 2015 « Pollution: mesures inefficaces? », on apprend que depuis le 1er janvier, le prix que paient les automobilistes pour garer leur véhicule à Paris a été multiplié par trois, et que la gratuité le samedi et au mois d’août a été supprimée. Est-ce que les véhicules moins polluants seront exemptés de payer leur stationnement?
Moins de voitures, oui, mais plus de transports en commun… ?
En outre, la municipalité souhaite inciter les Franciliens à prendre les transports en commun. Néanmoins, Anne Hidalgo n’évoque pas la contrepartie que cela implique: les transports en commun seront surchargés. Il faudrait dans un premier temps augmenter l’affluence des trains et métros pour permettre aux passagers de voyager plus sereinement. Or, précisément, la maire de Paris n’aborde pas ce problème, auquel sont pourtant déjà confrontés les Franciliens aux heures de pointe. De plus, Anne Hidalgo reconnaît que sa mesure d’interdire la circulation des véhicules polluants dans un périmètre donné ne concernera pas la zone périphérique : « nous sommes bien conscients qu’il est un axe structurant pour les déplacements des Franciliens. » Trouver une alternative moins polluante à la circulation au périphérique représentera un réel défi.
Par ailleurs, la maire de Paris n’évoque pas la création de davantage d’espaces verts, qui semblerait pourtant être une option pertinente pour contribuer à réduire la pollution à Paris.
Anne Hidalgo présentera son plan antipollution au Conseil municipal de Paris le 9 février 2015.
Photo: Parti socialiste/Flickr cc.