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Pourquoi cacher son argent en Suisse ?

L’enquête du Monde « SwissLeaks », qui a révélé l’existence d’un bon nombre de personnalités fraudeuses, rappelle une nouvelle fois que la terre helvétique attire particulièrement les désireux d’économies. L’air pur et montagnard de la Suisse ne peut seul expliquer cet engouement. Qu’est-ce qui pousse les français à placer leur billets colorés dans les coffres suisses ?

Soyons discrets

Les établissements bancaires suisses sont bien connus pour leur discrétion à toute épreuve. Histoire de tradition : « Au cours du XVIIe siècle, des marchands suisses se spécialisèrent peu à peu dans le placement à l’étranger d’énormes capitaux privés et publics (…). Parmi les clients les plus fidèles de ces banquiers privés figuraient les rois de France, dont les besoins de financement étaient quasiment insatiables. Cette relation fut marquée dès le départ par une exigence de discrétion absolue : il était en effet impossible aux rois catholiques de France de reconnaître qu’ils empruntaient à des hérétiques protestants » justifie ainsi le département fédéral des affaires étrangères.

Un usage de discrétion qui semble cependant vouloir perdurer. La banque BGI confirme ainsi les us et coutumes de son pays hôte : « Le secret bancaire suisse a toujours eu comme but premier la protection des  clients contre toute ingérence dans les affaires privées ». L’enquête « SwissLeaks » du quotidien français sur les fraudeurs au fisc français serait-il une forme d’ingérence ?

caricature suisse

Assouplissons la législation

Au cas où la discrétion des banques ne suffirait pas, la loi suisse est là pour épauler les clients étrangers. Celle-ci interdit en effet de révéler l’existence d’un compte sans le consentement du client. Si la la loi évolue (l’obtention d’informations sur les évadés fiscaux des pays tiers est facilitée depuis le 1 août 2014), le secret bancaire reste bien protégé. Hervé Falciani, poursuivi aujourd’hui pour avoir fait fuiter le dossier HSBC au fisc français, en est le meilleur témoin.

Brouillons les pistes

Le savoir-faire suisse n’a pas son pareil. Les comptes des clients peuvent être codés par une numérotation qui se substitue au nom du dépositaire. Certes, la technique n’a pas suffi à protéger le roi du Maroc, Mohammed VI, mais c’est tout de même ingénieux.

Le recours au prête-nom foisonne aussi dans les contrées financières helvétiques pour perdre les enquêteurs. Dernière cartouche, le bourgeonnement des sociétés écran permet de multiplier les structures factices et éloigner encore davantage les mains perfides et ingérentes de saisir les vrais billets.

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