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Pourquoi la trilogie du Seigneur des anneaux a marqué son temps ?

Sortie il y a presque 25 ans, la trilogie du Seigneur des anneaux fait partie de ces oeuvres qui résistent au passage du temps, et ce pour pour différentes raisons.

La genèse

« Dans un trou vivait un hobbit. » C’est en lisant ces mots que beaucoup d’entre nous ont commencé notre aventure dans ce monde magique qu’est la Terre du Milieu. Créé par J.R.R. Tolkien il y a près de 115 ans, dans les tranchées de la Somme, l’univers du Seigneur des Anneaux ne cesse de fasciner et constitue l’une des principales, si ce n’est LA principale œuvre ayant défini le genre fantastique, dont il a inspiré de nombreuses autres.

Il écrit dans l’idée qu’il a besoin d’une histoire pour accompagner la langue qu’il a créée et s’attelle alors à la création de son monde, avec sa propre mythologie, ses propres cultures, sa propre histoire. C’est ainsi que son livre devient, après la Seconde Guerre mondiale, un succès international, envoûtant ses lecteurs, majoritairement adolescents ou jeunes adultes, à qui il vient offrir un monde où ils pourront aller rêver.

Des pires heures de notre histoire est né un univers plein de beauté, d’humanité dans ses imperfections et d’amour. Un véritable terreau fertile pour une adaptation au cinéma. Pour l’anecdote, les Beatles ont contacté Tolkien pour faire une adaptation du Seigneur des Anneaux avec Stanley Kubrick aux commandes, ou encore John Lennon en Gollum. Bref, ça vendait du rêve, curieux, donc, que l’auteur ait refusé.

Une réalisation brillante et une bande son aux petits oignons

C’est en 1995 que Peter Jackson commence sérieusement à envisager une adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux. À l’époque, peu de gens croient vraiment qu’un tel projet soit réalisable dans toute son ampleur. Et pourtant, après plusieurs démarches, il finit par convaincre les producteurs Mark Ordesky et Robert Shaye, de New Line Cinema, de lui faire confiance. Mieux encore : au lieu de deux films comme prévu initialement, le studio lui donne le feu vert pour une trilogie.

Très vite, Jackson montre à quel point il prend ce projet à cœur. Il ne se contente pas de réaliser : il s’investit dans chaque étape du processus, avec une rigueur presque obsessionnelle. Il supervise les moindres détails – les décors, les effets spéciaux, les costumes, les dialogues – rien n’échappe à son regard. Jackson tient à ce que tout sonne juste, à ce que chaque élément, aussi minime soit-il, serve l’univers qu’il veut recréer avec fidélité et respect.

Ce perfectionnisme, on le perçoit très clairement dans les images du tournage. On voit un réalisateur non seulement passionné, mais aussi profondément humain. Il prend le temps d’échanger avec les acteurs sur la construction de leur personnage, il écoute leurs idées, leurs ressentis. Il ne cherche pas simplement à imposer sa vision, mais à la nourrir avec celle des autres.

Les comédiens eux-mêmes ont souvent raconté à quel point Jackson semblait infatigable. Certains avouaient s’être demandé sérieusement s’il dormait la nuit. Son énergie, son implication constante, son attention à tout… tout cela finissait par les inquiéter pour sa santé. Mais c’est aussi cette intensité qui a porté le projet et rassemblé toute une équipe autour d’une aventure unique.

Peter Jackson a fait un pari fou (et quasiment inédit à cette échelle) : tourner les trois films en même temps, entre 1999 et 2000. C’est un défi logistique colossal, car cela signifie que les équipes devaient penser à la continuité, aux costumes, aux évolutions psychologiques des personnages… tout en jonglant entre des scènes issues des trois volets.

La magie de LOTR, c’est aussi cette manière de mélanger effets spéciaux numériques (CGI) et effets pratiques (maquettes, maquillages, cascades, animatroniques). À l’époque, c’était révolutionnaire : ils n’ont pas tout misé sur le numérique, ce qui donne aux films une texture réaliste et organique.

Comment mentionner tout le travail de réalisation sans parler de John Howe et d’Alan Lee, les deux dessinateurs et gardiens visuels de l’univers de Tolkien ? Ces derniers ont, pour la création de la trilogie, puisé dans leur profonde connaissance de l’œuvre de Tolkien. Ils se sont imprégnés de son imaginaire et de ce qu’il souhaitait pour la Terre du Milieu. Ils dessineront ensemble les Monts Brumeux, la Moria, Minas Tirith et, bien évidemment, Fondcombe. Leurs croquis seront ensuite utilisés pour la création des maquettes, qu’ils superviseront.

Comment parler du Seigneur des Anneaux sans évoquer la bande-son ? Howard Shore livre ici une bande-son absolument incroyable, qui accompagne la thématique du film avec brio. On est transportés dans l’univers par la mélodie, et l’on ressent ce que les personnages vivent : l’urgence et la peur lorsque, dans la Moria, la Communauté fuit les gobelins ; l’extase, la joie, lorsque Barad-dûr est détruite ; la tristesse à la mort de Boromir. Howard Shore rapproche de nous le vécu des personnages et rend plus visible le résultat de tout le travail de réalisation sous-jacent.

En somme, c’est la répartition des tâches, la confiance en la compétence de ses pairs et le dialogue qui ont permis à Jackson et à ses équipes de rendre honneur à cet univers, et de lui donner la possibilité de marquer les esprits en habillant son message des plus belles parures.

Une communauté soudée

Un point qu’il ne faut pas sous-estimer est le bien-être des acteurs, car ces derniers ont pour la plupart laissé leurs familles derrière eux pour une longue durée, ce qui est évidemment très difficile à gérer. Un vrai esprit d’équipe se développe donc entre les acteurs et ces derniers s’entendent assez vite, la plupart devenant très bons amis à l’image de Dominic Monaghan (Merry) et Billy Boyd (Pippin). En regardant les bonus, on se rend compte de l’ambiance formidable qui devait régner sur le tournage, comme sortie… eh bien d’une oeuvre de fantaisie. Tout le monde s’entend, certes il y a de la pression mais les gens communiquent et on sent qu’il y a réellement quelque chose qui se dégage de cet environnement, de cette communauté.

Peut-être est-ce cette ambiance, combinée à leur professionnalisme, qui les a poussés à nous offrir de telles performances.

Ils étaient véritablement plongés dans l’univers de la saga et ont notamment dû lire les livres – on parle quand même ici d’environ 2 100 pages, selon les éditions. Ils ont donc dû s’imprégner de leur rôle : Ian McKellen (Gandalf), qui connaissait déjà l’œuvre, s’est efforcé de parler comme Tolkien disait que Gandalf devait le faire. Viggo Mortensen, quant à lui, ne connaissait pas l’univers au départ. Il n’a accepté le rôle que grâce à son fils, fan inconditionnel de la saga, qui l’a convaincu. En réalité, pour beaucoup d’entre eux, les acteurs n’ont pas eu tant d’efforts que ça à faire, tant leurs personnages leur ressemblaient profondément.

Aragorn, homme bienveillant dans les films, est vu par tous ses pairs comme la bienveillance incarnée. Nombreux sont ceux qui diront qu’Aragorn et Viggo Mortensen ne font qu’un. Ce dernier offrira d’ailleurs à une cascadeuse le cheval avec qui elle avait noué un lien, mais qu’elle n’avait pas les moyens d’acheter. Sur le tournage, il est également connu pour avoir embrassé tous les membres masculins du casting, notamment Pippin, qui avouera à moitié en plaisantant avoir vu des étoiles, et peut-être même avoir apprécié. Bref, c’est une véritable fraternité… et ça fonctionne !

« Il y a toujours de l’espoir monsieur Frodon »

Mais qu’est-ce qui fait que Le Seigneur des Anneaux a tant touché ses spectateurs de tous horizons ? Outre ce qui a été mentionné avant, la réponse principale tient dans son message. Le Seigneur des Anneaux est une œuvre au message universaliste, c’est-à-dire qu’elle ne se cantonne pas à une ou deux thématiques : elle parle de la condition humaine, tiraillée entre le Bien et le Mal. C’est une thématique que chacun peut comprendre à sa manière : le combat du Bien contre le Mal, de l’espoir contre le chaos, de l’humain contre ses vices.

À l’heure du dérèglement climatique, de la multiplication des guerres, de la montée du fascisme, c’est une thématique qui est plus que jamais nécessaire. Cette œuvre nous a appris à aimer l’humain malgré tout le mal qu’il peut faire, à l’aimer parce qu’il est faillible, mais qu’il fait de son mieux.

Il y a encore du bon en ce monde Mr Frodon, et il faut se battre pour cela » Samwise Gamgee

Tolkien n’aimait pas les allégories, peut-être parce qu’il ne voulait pas qu’on donne à son œuvre une seule explication, mais que chacun puisse y trouver la sienne, et ce n’est ici qu’une interprétation.

D’autre part, n’y a-t-il pas quelque chose de merveilleux à voir deux peuples humains de différentes cultures mettre de côté leurs différends pour s’allier et combattre le Mal ensemble aux Champs du Pelennor, puis à la Porte Noire ? De voir des Elfes venir en aide aux humains en sous-nombre au Gouffre de Helm ? De voir des Ents détruire l’Isengard ? Ou plus explicitement, de voir une Communauté de neuf compagnons, représentant toutes les espèces libres, s’allier pour vaincre le Mal ensemble ? C’est une histoire de réconciliation entre les peuples ennemis, incarnés par Legolas, un Elfe, et Gimli, un Nain – deux peuples ennemis depuis des millénaires. Ces derniers, au début, se détestent, mais finissent pourtant meilleurs amis et frères d’armes. Pour preuve, Legolas emmènera Gimli, alors en grand âge, sur les Terres Immortelles.

Tolkien nous montre des humains faillibles, incarnés notamment par Boromir lorsque celui-ci essaie de voler l’Anneau à Frodon. Mais Boromir n’est-il pas mort en essayant de racheter son erreur et de protéger Pippin et Merry ? Faramir aussi décide de ramener Frodon et l’Anneau à Minas Tirith pour l’utiliser comme arme. Mais Faramir ne finit-il pas par laisser Frodon partir tout en le prévenant du danger du passage de Cirith Ungol ? Oui, les humains, à l’inverse des Elfes, sont faillibles, mais ils souffrent et font de leur mieux car ils sont conscients de leurs faiblesses.

Il y a encore du bon en ce monde, et il faut se battre pour cela.

À lire aussi: L’évolution des effets spéciaux au cinéma : entre magie et technologie

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