Les cartes sont redistribuées au centre depuis la défaite sévère d’Alain Juppé à la primaire de la droite Républicaine. Entre un Emmanuel Macron qui se dit pragmatique et n’hésite pas à faire du pied aux sympathisants et un François Bayrou qui n’écarte plus une possible candidature pour contrer François Fillon, le parti centriste est aujourd’hui source de convoitise. Mais à qui ces voix pourraient-elles bien profiter ?
Incapables de porter un candidat à la primaire de la droite les Républicains, les centristes ont essuyé une grande défaite le soir du 27 novembre. Le programme rassembleur d’Alain Juppé en qui les électeurs du centre ont fondé espoirs n’a pas suffi. En effet, à l’issue de la primaire, le choix s’est porté vers une droite libérale en matière économique et plutôt conservatrice sur les questions sociétales.
« Le projet de François Fillon est un projet écrit pour la primaire » François Bayrou
Face à cette défaite inattendue, l’ancien candidat à la présidence de la République est sorti de son silence pour fustiger le projet politique de celui qu’il considère comme «un ami» mais dont le programme «menace l’équilibre de la France».
Comme de nombreux français, François Bayrou n’a pas vu venir la percée de l’ex-ministre. Alors qu’une partie du centre incarnée par Hervé Morin n’exclut pas un possible ralliement à François Fillon, le président du Modem veut conserver ce précieux «le centre ce n’est pas l’auberge espagnole», dit-il. Sa stratégie est claire, condamner la vision de François Fillon en la poussant à la caricature et laisser un possible doute sur sa candidature.
Non préparé, le maire de Pau temporise. Son éventuelle candidature, il l’annoncera autour du mois de «janvier» ou «février» probablement. Sans doute veut-il attendre que le verdict de la primaire à gauche tombe avant toute décision officielle.
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Bayrou peut-il sauver le navire «Centre» ?
François Bayrou, c’est trois candidatures à l’élection pour la présidence de la République avec des scores plutôt honorables. 2007 a été son année: avec 18,7%, il propulse le Centre.
Mais aujourd’hui, a-t-il l’étoffe pour convaincre les électeurs du centre ? Rien n’est moins sûr. En effet, un projet politique que l’on veut «à la grandeur de la France» ne peut être pensé en un mois.
Enfin l’homme «confirmé, stable et fort» qu’il entend être se voit bousculé par le fougueux Emmanuel Macron : jeune, novice de la politique – allant au-delà des systèmes imposés par les institutions politiques – qui n’hésite pas à rallier certains élus du centre. François Bayrou sent le danger venir et se laisse porter aux jeux des critiques. Par médias interposés ou sur les réseaux sociaux, les deux hommes ne cessent de s’interpeller.
Chez Bayrou, l’handicap est là. Malgré les idées, le sentiment du déjà vu pourrait lasser les électeurs.
Toutefois, cela ne donne pas forcément le statut de favori à Emmanuel Macron qui pour se propulser, devrait avant tout espérer la défaite de Manuel Valls à la primaire de la gauche au détriment d’un Arnaud Montebourg.
Sans pour autant rentrer dans une politique fiction, les voix du centre ne seront pas forcément acquises à Macron ou à Bayrou. En bonne posture, F. Fillon sait que pour peser à l’Assemblée nationale en cas de victoire à la présidence, il doit réunir cette frange de la droite. À ce jour le ralliement du centre notamment de l’UDI au candidat de la droite à la présidentielle est plus qu’envisageable.
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