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Primaire LR : Thierry Solère, au-dessus de la mêlée

Thierry Solère, député des Hauts-de-Seine, a la lourde tache d’assurer le bon déroulement de la primaire du parti Les Républicains, prévue pour novembre. Lors de ses vœux aux Boulonnais, il a rassuré les sympathisants de droite de sa neutralité, en se présentant aux côtés de Bruno Le Maire et Alain Juppé, tous deux candidats à l’investiture.

C’est un peu le pendant de François Hollande à droite. Thierry Solère et le président de la République ne partagent aucune idée politique. Pourtant, ils sont confrontés au même problème : la division au sein de leur parti respectif. L’un est depuis longtemps passé maître dans l’art de la synthèse, jusqu’à ce que la garde des sceaux claque la porte de son gouvernement. L’autre cherche à éviter toute fausse note qui pourrait mettre à mal le scrutin censé désigner le candidat de la droite aux présidentielles.

Quoi de mieux que de convier deux des principaux concurrents de la primaire qui s’annonce ? Surtout au moment où certains compétiteurs se sentent lésés dans la course. En effet, Hervé Mariton et Nadine Morano ont publiquement remis en cause l’impartialité de Thierry Solère, soutien affiché de Bruno Le Maire. « Je ne suis pas juge de cette élection » s’est défendu le député des Hauts-de-Seine en rappelant le rôle de garant occupé par la Haute autorité de la primaire.

En finir avec les candidatures dissidentes

L’exercice est nouveau. Pourquoi un tel revirement ? D’ordinaire, un leader émerge naturellement et s’impose de lui-même, sans passer par une désignation. Mais deux précédents hantent les mémoires de la famille de droite. En 1974, Jacques Chirac lâche le gaulliste Jacques Chaban-Delmas au profit de Valéry Giscard d’Estaing, le candidat centriste dont il deviendra le Premier ministre. En 1995, le même Jacques Chirac est dupé par Edouard Balladur : le chef du gouvernement de cohabitation d’alors rompt sa promesse de ne pas se présenter face au président du RPR.

Les Républicains veulent éviter l’éparpillement des voix. L’élection de cet automne sera le seul juge de paix. Encore faut-il qu’elle ne reproduise pas le fiasco de 2012, au cours duquel François Fillon et Jean-François Copé avaient donné le spectacle d’un affrontement camp contre camp. François Fillon avait vivement contesté l’intégrité de la victoire du président de l’ex-UMP, en raison de l’opacité du vote. Les accusations de fraude avaient plu. L’image du parti en avait pâti.

Bruno Le Maire : « Thierry Solère était le meilleur d’entre nous »

Bruno Le Maire fait confiance à Thierry Solère pour mener à bien le scrutin. « Il a le côté bulldozer de Nicolas Sarkozy et l’intelligence d’Alain Juppé, le sérieux de François Fillon et le franc-parlé de Nadine Morano » se plait-il à complimenter. Le député de l’Eure conclut son éloge en affirmant que, parmi tout ce petit monde, l’arbitre de cette élection était « le meilleur d’entre nous ». Alain Juppé, tout sourire, pondère l’envolée lyrique de l’ex-ministre de l’Agriculture en précisant la célèbre phrase prononcée par Jacques Chirac à son endroit : «  « Le meilleur d’entre nous » est un titre auquel je tenais beaucoup. Mais Chirac avait ajouté « probablement » ».

Alain Juppé a dévoilé ses propositions "Pour un Etat fort" dans un livre paru début janvier (Crédits : Thibaut Godet)

Alain Juppé a dévoilé ses propositions « Pour un Etat fort » dans un livre paru début janvier (Crédits : Thibaut Godet)

Malgré les gages de bonne entente envoyés par les ténors de la droite, les rivalités s’exacerbent à l’approche de l’échéance. La compétition a déjà commencé en librairies. Alain Juppé saisit l’occasion pour faire la promotion de son livre-programme – intitulé Pour un État fort, paru début janvier. Le maire de Bordeaux sait qu’il doit convaincre le noyau de sympathisants en attente de propositions sur le thème de la sécurité, l’un des totems de la droite.

Duels à distance et mises en garde

Au lendemain d’une visite de la jungle de Calais, ce camp de 4 000 migrants en proie à de récents débordements, il souhaite « redonner à l’État toute sa force » en durcissant les procédures pénales vis à vis des anarchistes présents au sein du bidonville. Bruno Le Maire réplique de son côté par un discours axé sur l’autorité, la valeur travail et « l’excellence » dans l’éducation. Le député de l’Eure critique au passage l’attitude de Najat Vallaud-Belkacem, au cœur d’une polémique suite à son passage sur le plateau du Supplément de Canal +. Il reproche à la ministre de ne pas avoir réagi plus vivement aux propos du fondateur d’une ONG affirmant qu’il ne « serre pas la main aux femmes ». « Qui ne dit mot consent » accuse Bruno Le Maire.

Bruno Le Maire s'apprête à publier "Ne vous résignez pas", le 24 février (Crédits : Thibaut Godet)

Bruno Le Maire s’apprête à publier « Ne vous résignez pas« , le 24 février (Crédits : Thibaut Godet)

Au-delà de ces duels à distance, les motifs d’inquiétude sont nombreux chez Les Républicains. Qui dit élection dit financement. Et l’affaire Bygmalion, où l’ex-UMP est soupçonnée d’avoir couvert les dépassements du plafond légal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, continue de poursuivre le parti. La primaire sera autofinancée par les candidats. « Il faut être indépendant et exemplaire dans l’emploi de ces moyens financiers » prévient Bruno Le Maire.

Le danger vient aussi de la montée inexorable du Front national, élection après élection. Nombreux sont ceux qui voient la formation d’extrême-droite qualifiée d’office, au second tour de la présidentielle. Les Républicains ont conscience qu’ils ne feront pas le plein de voix si l’un des leurs fait cavalier seul ou si les centristes ne se rallient pas à une candidature commune, sous l’étiquette LR. « Si on ne fait pas ça, on prend le risque, collectivement, de ne même pas être présent au second tour » met en garde Thierry Solère. Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI a subordonné son appui à la primaire, au nombre d’investitures réservées aux centristes, pour les législatives de 2017.

Reportage réalisé par Alexis Delacour

Crédits photographiques : Thibaut Godet

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