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Pourquoi la Turquie frappe-t-elle les kurdes et non Daesh ?

Les forces armées turques ont pris pour cibles, dimanche, des combattants kurdes engagés dans la lutte contre Daesh en Syrie, la coalition internationale s’insurge.

L’armée turque a attaqué au mortier des positions kurdes dans le nord de la Syrie. C’est la deuxième journée consécutive que les kurdes sont directement pris pour cibles par les frappes de l’armée d’Erdogan. La coalition internationale a sommé la Turquie de mettre fin aux bombardements visant des zones kurdes positionnées aux alentours de la ville d’Azaz dans la province syrienne d’Alep. Cette nouvelle attaque intervient alors que les positions des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), regroupant combattants arabes et kurdes syriens, luttent actuellement contre Daesh en Syrie.

Anatolie, une agence pro-gouvernementale turque, a annoncé que les bombardements visant les positions kurdes faisaient figure de tirs de riposte. Selon une information rapportée par l’AFP, Damas a de son côté vivement condamné les tirs turcs sur son territoire nord en Syrie et a demandé à l’ONU d’agir.

Carte illustrant les positions géostratégiques en Syrie. Comprendre les bombardements turcs contre les positions kurdes. Source : AFP

Carte illustrant les positions géostratégiques en Syrie. Comprendre les bombardements turcs contre les positions kurdes. Source : AFP


Pourquoi la Turquie frappe-t-elle les forces armées kurdes et non Daesh en Syrie ?

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Au moins deux morts dans les rangs des forces armées kurdes en Syrie
Selon une annonce officielle, l’armée turque a déclaré avoir simplement « riposté » à des tirs provenant de l’autre côté de sa frontière avec la Syrie. Toujours selon ses affirmations, la Turquie a déclaré avoir essuyé des tirs provenant principalement des abords de l’aéroport militaire de Menagh en Syrie, lieu repris par les forces armées kurdes à des opposants islamistes, le 10 février dernier. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, cette riposte a fait au moins deux morts parmi les miliciens kurdes.

Ankara a annoncé avoir répliqué, à de multiples reprises, à d’autres tirs visant la province d’Hatay située plus à l’ouest. Les tirs proviendraient cette fois-ci de positions appartenant aux troupes syriennes.

La Turquie redoute que les Kurdes n’étendent leur influence à la quasi-totalité de la zone frontalière avec la Turquie. Crédit : AFP / BULENT KILIC

La Turquie redoute que les Kurdes n’étendent leur influence à la quasi-totalité de la zone frontalière avec la Turquie. Crédit : AFP / BULENT KILIC


Chorologie : Comprendre le conflit kurde en Turquie et en Syrie

1. Les kurdes : une minorité sans territoire reconnu
Le conflit kurde en Turquie prend place au Kurdistan turc et débute en 1984. La question kurde est née principalement à la fin de la Première Guerre mondiale et s’accompagne de la chute de l’Empire ottoman. La question de l’identité kurde anime la vie géopolitique du pays depuis la naissance de la République turque en 1923.

Le peuple kurde, majoritairement de confession musulmane, est le plus grand peuple sans territoire reconnu au monde. Les kurdes constituent une importante minorité en Turquie, soit 20 % de la population, mais le kémalisme menace l’identité kurde, et ce depuis la création de l’État turc. En effet, l’identité kurde est grandement menacée, notamment par le déni total de son existence par les gouvernements turcs successifs. Cette menace s’effectue par l’interdiction de la langue kurde ou par des répressions permanentes orchestrée par l’armée turque.

Le peuplement Kurde, à cheval sur huit pays au Moyen et Proche Orient. Source : lewebpedagogique.com

Le peuplement Kurde, à cheval sur huit pays au Moyen et Proche Orient. Source : lewebpedagogique.com


2. Le PKK : Un parti nationaliste séparatiste pro-kurde prenant une idéologie marxiste-léniniste

Le Parti des travailleurs du Kurdistan, plus connu sous l’abréviation de PKK, est fondé en 1978 par Abdullah Öcalan. Le parti PKK fait figure d’union entre un nationalisme séparatiste kurde et une idéologie marxiste-léniniste. En souhaitant passer à une action armée, les membres du PKK s’attirent les foudres du gouvernement turc et subissent de plein fouet la répression qui suit le coup d’État du 12 septembre 1980.

Considéré dès lors comme un groupe terroriste par le gouvernement turc, les effectifs de l’organisation kurde sont estimés entre 3 000 à 4 000 en 2004. Les « rebelles » kurdes opèrent principalement dans le nord de l’Irak et en Syrie. Depuis 2004, l’armée de l’air turque ne cesse de mener des bombardements contre les bases du PKK en Irak. La Turquie souhaite ainsi répondre aux multiples attentats perpétrés son sol. La Turquie affirme avoir tué près de 100 rebelles lors de raids transfrontaliers, pour le simple mois d’août 2011.

Abdullah Öcalan, le chef fondateur du parti Kurde PKK, a averti que les négociations de paix entre son organisation et l'Etat turc tourneraient court si la population kurde de la ville syrienne de Kobané venait à être massacrée par les membres de Daesh. Source : editoweb.eu

Abdullah Öcalan, le chef fondateur du parti Kurde PKK, a averti que les négociations de paix entre son organisation et l’Etat turc tourneraient court si la population, majoritairement kurde, de la ville syrienne de Kobané venait à être massacrée par les membres de Daesh. Source : editoweb.eu


3. Un cessez-le-feu sans résultat

En 2012, la situation géopolitique et géostratégique entre kurdes et turcs n’est toujours pas stabilisée. Le chef fondateur du PKK, Abdullah Öcalan, purge une peine de prison à vie depuis le 21 mars 2013. À l’occasion des célébrations du Newroz (la fête traditionnelle des peuples iraniens et des peuples turcs célébrant le nouvel an du calendrier persan), il appelle à la signature d’un cessez-le-feu historique avec la Turquie, sans résultat.

L’annonce de ce cessez-le-feu n’a pas eu les résultats escomptés. Des raids aériens sont continuellement menés par les puissance aériennes turques. Le 14 octobre 2014 la Turquie riposte au bombardement ordonné par le PKK depuis un avant-poste militaire. Le groupe armé du PKK reste impliqué au Kurdistan syrien aux côtés des YPG. Ensemble, ils organisent leur défense pour protéger Kobané face à l’avancée de l’organisation État islamique, dans le contexte de la guerre civile syrienne.

À lire aussi : D’anciennes esclaves prennent les armes pour écraser Daesh

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