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Quand Serge Aboukrat rencontre Philippe Halsman

Il est un oeil, celui de Serge Aboukrat. Le collectionneur regarde, repère. Il cherche et choisit une oeuvre, un nom. Il y a une dizaine d’années, ses yeux sont tombés sur les photographies de Philippe Halsman (1906-1979), « l’un des photographes les plus importants du XXème siècle » dit-il.

Ce passionné d’art invite les visiteurs à découvrir une soixantaine de clichés de l’artiste américain à la Maison Européenne de la Photographie du 26 juin au 15 septembre 2013.

A l’origine

Serge Aboukrat a d’abord acheté un lot de photographies de Halsman avant de se lancer dans des recherches approfondies sur cet artiste. « J’ai découvert sa vie, sa passion, sa joie, sa gaieté. » raconte-t-il. Car Philippe Halsman a avant son oeuvre, une histoire. En 1928, son père est retrouvé mort, blessé à la tête, après une randonnée dans les Alpes, alors qu’il était accompagné de son fils Philippe. Le jeune homme est condamné à quatre ans de prison pour parricide. « J’ai compris que comme il avait vécu un drame dans sa vie, il a eu besoin d’exorciser cet élément » analyse le collectionneur. Philippe Halsman, d’origine autrichienne, libéré en 1931, part pour la France. Il commence la photographie dans un studio de Montmartre. Chagall et André Malraux posent pour lui. Puis il met les voiles pour l’Amérique. Rencontre Salvador Dali en 1941. Prend la nationalité américaine. Ses photographies plaisent, il aura désormais l’opportunité de faire la une de magazines célèbres comme leTime.

Autoportrait - Philippe Halsman

Autoportrait – Philippe Halsman

« Donner de la joie et faire oublier sa peine »

La série de photographies présentée au cinquième étage du musée est une bouffée d’air frais. Fernandel, Hitchcok, Albert Einstein… autant de célébrités immortalisées par l’oeil du photographe. L’art du portrait est en cela difficile qu’il nécessite une représentation du corps, mais aussi de la personnalité. Philippe Halsman l’a compris. Il a attrapé l’émotion en une fraction de seconde, avec une infinie justesse.

Plus loin, Marilyn Monroe s’envole. En apesanteur, elle explose de joie. « J’ai une théorie. A chaque fois qu’il faisait un portrait cela devait lui rappeler son père: le jour du procès, on lui a amené la tête de son père conservée dans du formol. J’ai compris qu’il a voulu donner de la joie et faire oublier sa peine grâce à sa série des jumps ». Philippe Halsman demandait à ses sujets de sauter en l’air afin d’attraper un élan de spontanéité et de joie de vivre. Le temps d’immortaliser un sourire en noir et blanc.

Le collectionneur croit en son choix et espère faire revivre l’art de Halsman. « Cela fait dix ans que je ramasse, collecte et retrouve ses photographies. On achète une oeuvre pour la sauver. On parlera beaucoup de lui dans dix ans, j’en suis sûr ». Serge Aboukrat est optimiste. Chapeau beige, veste bleue claire, un tissu en forme d’appareil photo est cousu sur son col. Ce collectionneur est à l’image des personnes photographiées, joyeux. Il va plus loin: « Vous savez, j’ai un peu l’impression d’être devenu Philippe Halsman, je suis rentré dans le personnage ».

Informations pratiques:

Maison européenne de la Photographie

5/7 Rue de Fourcy, Paris, 75004

Photo de couverture : Serge Aboukrat au vernissage de son exposition – ©JérômeWysocki

Albert Einstein - Philippe Halsman

Albert Einstein – Philippe Halsman

Philippe Halsman et Marilyn Monroe

Philippe Halsman et Marilyn Monroe

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