La sortie du film « Nuremberg » le 7 novembre 2025 coïncide avec les 80 ans de ce procès historique qui s’est déroulé de novembre 1945 à octobre 1946. Son but : juger les 24 principaux dignitaires nazis pour leurs crimes commis.
A l’occasion des commémorations des 80 ans de la fin de la guerre, de nombreux événements et projets artistiques ont lieu. L’un des événements de la fin d’année sera le film « Nuremberg », réalisé par James Vanderbilt, adapté du livre « The Nazi and the Psychiatrist » de Jack El-Hai. Il explore le rôle du psychiatre Douglas Kelley dans les procès de Nuremberg et ses entretiens avec les prisonniers nazis afin de déterminer leur aptitude ou non à être jugés au procès de Nuremberg.
Pourquoi le procès de Nuremberg ?
Novembre 1945 ! L’Europe est en ruines, l’Allemagne, exsangue, a capitulé dans la foulée du suicide de Hitler. C’est le moment que les Alliés choisissent pour juger le régime nazi lors d’un procès historique qui se tient à Nuremberg. Ce procès se tient du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 dans le palais de justice de Nuremberg et a pour objectif de juger 24 principaux dignitaires nazis accusés de différents crimes : crimes contre la paix (pour avoir déclenché une guerre illégale), crimes de guerre (violation des lois et coutumes de la guerre), crimes contre l’Humanité (génocide, extermination, déportation…), un terme nouveau qui apparaît pour la première fois ici ; et complot pour commettre ces crimes. Pourquoi Nuremberg ? C’est là que s’est tenu ce procès , la ville où Hitler a organisé le congrès annuel du parti nazi, Nuremberg devenant la ville représentative de l’idéologie nazie.
Ce procès s’est ouvert sous l’impulsion des dirigeants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union soviétique qui ont publié une déclaration prenant acte du massacre des juifs d’Europe avec pour objectif de juger les responsables. C’est ainsi qu’un tribunal militaire international fut créé par les Alliés. Pour Cordell Hull, ancien Secrétaire d’État des États-Unis : « Une condamnation après une telle procédure sera conforme au jugement de l’Histoire de sorte que les Allemands ne pourront pas prétendre qu’on leur a arraché sous la contrainte un aveu de culpabilité dans la guerre. ». Dans ce procès, les américains ont en particulier mis l’accent sur deux chefs d’accusation : le « plan concerté ou complot » qui commande les « crimes contre la paix » et les « crimes de guerre ».
Comment s’est déroulé le procès ?
Avec l’appui de 800 documents et plus de 30 témoins dont le poète Abraham Sutzkever, ce procès revient notamment sur les origines de la Solution finale. Dès 1933, des politiques de discrimination des juifs résidants en Allemagne sont mises en œuvre telle que la promulgation, le 28 février 1933 d’un décret d’urgence qui abolit des droits fondamentaux (la liberté d’expression, la liberté de la presse et de réunion et autorise les arrestations arbitraires), mais aussi en les isolant au sein de la société par l’instauration de ghettos dans lesquels les juifs étaient parqués, vivant dans des conditions misérables.
Cependant, au cours de l’année 1941, les principaux dirigeants du régime nazi, à savoir Goring (maréchal du Reich et ministre de l’air), Himmler (chef de la SS et de la Police), Heydrich (directeur de l’Office central de la sécurité du Reich) et Hitler organisent ce que l’on appelle la « Solution finale », visant à exterminer tous les juifs d’Europe. Cette « Solution finale » sera organisée autour de la conférence de Wannssee qui coordonne la déportation des juifs d’Europe et du rôle des SS dans le processus d’extermination des juifs. De nombreuses preuves témoignant de l’atrocité des sévices subis dans les camps ont fortement marqué ce procès, tel que le témoignage de Marie-Claude Vaillant-Couturier, survivante d’Auschwitz-Birkenau : « En racontant les souffrances de ceux qui ne pouvaient plus parler, j’avais le sentiment que, par ma bouche, ceux qu’ils avaient torturés, exterminés, accusaient leurs bourreaux.«
Quel verdict pour le procès de Nuremberg ?
L’ensemble des crimes perpétrés par les nazis désigne plus largement le génocide qu’ils ont mis en place, visant à exterminer « une nation, une ethnie ou un groupe religieux« . Cela s’est traduit par la mise en place de camps de concentration puis d’extermination avec notamment l’installation de chambres à gaz, de travaux forcés.
A l’issue du procès, 19 des criminels nazis ont été reconnus coupables dont 12 sont condamnés à mort, 3 à la réclusion à perpétuité et 4 à des peines de prison allant de 10 à 20 ans, 3 sont acquittés. Ce qui frustre dans ce procès c’est notamment l’absence du Furher, qui s’est suicidé à Berlin.
Le terme « crime contre l’Humanité » apparaît donc pour la première fois à l’occasion du procès. Il s’inscrit à l’article 6 de la Charte du tribunal de Nuremberg et désigne « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. ».
Le procès de Nuremberg est symbolique à plus d’un point car il ouvre une nouvelle page de l’Histoire où le monde entend juger celles et ceux qui bafouent le droit international.