Sortie au cinéma le 3 juin dernier, la nouvelle comédie de Charlotte de Turckheim nous plonge dans un contexte social difficile et actuel posant la terrible question « Jusqu’où peut-on aller pour les gens qu’on aime ? ». Réponse ratée. Avec Alice Pol, Audrey Lamy et Bruno Sanches en caricature de laissés-pour-compte, le film persiste et signe dans la lignée actuelle des comédies françaises maladroites, dopées de bons sentiments et de rires gras.
Comme toutes ses camarades d’un abattoir de volailles dans la région de Saint-Etienne, Samantha (Alice Pol) vient d’y perdre son emploi. Lestée d’une petite sœur ayant subi un traumatisme dans son enfance, elle doit trouver un job de toute urgence, sans quoi la DDASS lui retire la garde.
Entourée de sa meilleure amie Céline (Audrey Lamy) et de son voisin Dylan (Bruno Sanches), Samantha se lance dans sa quête pour trouver un job dans une région ravagée par le chômage, le surendettement public et va devoir se heurter aussi à des murs d’incompréhension du Pôle Emploi et des services sociaux n’ayant comme capacité la plupart du temps que de lui compliquer les choses. Nous voila donc dans un registre proche de celui de Stéphane Brizé et de sa Loi du marché récompensée à Cannes avec la Palme d’interprétation attribuée à Vincent Lindon. Sauf que non. Ici, la situation est certes désespérée mais les personnages sont drôles. Ou du moins, devraient l’être.
Un équilibre souvent difficile à maîtriser et qui se confirme ici avec un mélange d’humour – pouêt-pouêt – et de drame – ouin-ouin – manquant de nuances assorti d’une absence cruelle de profondeur psychologique chez les personnages. Si Alice Pol reste assez convaincante dans son rôle de jeune provinciale battante un peu naïve – mais qui comprend l’Anglais quand il le faut parce que hein y’en a la ‘dans ! – pour Audrey Lamy c’est sans surprise qu’on la retrouve dans son (seul?) rôle de la bonne et fidèle copine nasillarde franche du collier, qui finit toujours par dire bite ou couilles plus vite que son ombre. Quant à Bruno Sanches il y interprète un supporter en vert et contre tous pas très convaincant – craignant d’être interrompu à tout moment par le petit jingle « Tadadaa Naadada ! » de Catherine et Liliane sur Canal+ qui lui colle très voir trop à la peau.
Calquée sur Sunderland, pièce de théâtre à l’origine du film et écrite par Clément Koch, co-scénariste pour le film, l’intrigue se déroulait dans le nord d’une Angleterre bas de gamme où grèves, chômage et déprime sont le tiercé gagnant d’innombrables comédies depuis la fin des années 70. L’objet transposé pour la France évoque plus d’une fois les influences britanniques, le contexte britannique, l’intention britannique de faire rire avec des situations totalement absurdes. Pourtant le résultat obtenu est terriblement français avec les travers propres aux comédies hexagonales actuelles maniant lourdeur, blagues faciles, quiproquos embarrassants livrant une vision alambiquée de situations simples, de vrais sujets de société devenant simple toile de fond surchargée de clichés et faire valoir d’un humour douteux. Si la fin du film apporte une timide réponse positive au titre « Qui c’est les plus forts ? » elle apporte surtout l’amer constat que finalement les plus forts sont toujours les mêmes.
Finalement, les comédies sociales françaises sont tout compte fait comme le vin anglais.
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