Frédéric Péchier, surnommé « l’anesthésiste de Besançon », est accusé d’avoir empoisonné plus de 30 personnes, dont 12 sont mortes. Il passe devant la justice ce lundi 8 septembre pour trois mois de procès.
Premiers drames et enquêtes
Frédéric Péchier a exercé pendant plusieurs années comme anesthésiste-réanimateur dans deux cliniques de Besançon. Frédéric Péchier était reconnu pour ses compétences techniques et s’appuyait sur une réputation solide auprès de certains collègues et patients. Mais son comportement a vite fait l’objet de signalements : brillant et engagé pour certains, manipulateur et dominateur pour d’autres.
En janvier 2017, une patiente de Frédéric Péchier décède d’un arrêt cardiaque en pleine anesthésie. L’enquête démontre une concentration toxique de chlorure de potassium dans sa perfusion. Plusieurs incidents similaires sont ensuite identifiés, ce qui éveille les soupçons des enquêteurs. Frédéric Péchier est mis en examen pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels.
« Il n’y a aucune preuve d’empoisonnement »
Interrogé sur RTL par Marc-Olivier Fogiel, Frédéric Péchier continue de clamer son innocence. « J’attends ce procès depuis longtemps pour étaler les cartes, j’ai des arguments forts, pour prouver mon innocence », déclare l’anesthésiste au micro de RTL. Il assure ne pas être responsable des décès des 12 personnes et des souffrances des patients. « Sur les 32 cas, il n’y a aucune preuve d’empoisonnement », affirme Péchier.
Selon l’accusation, Frédéric Péchier empoisonnait volontairement ses patients afin de provoquer des arrêts cardiaques et ainsi être le premier à identifier la cause du problème pour intervenir avec brio et apparaître comme le sauveur face à ses collègues et aux familles des patients. Selon les magistrats, Péchier se serait construit grâce à ce stratagème une image de médecin indispensable, qui résout ce que les autres n’ont pas vu. Ses avocats plaident le manque de preuves matérielles directes et comptent demander un acquittement, en dénonçant une erreur judiciaire. « Il y a eu des arrêts cardiaques avant, il y en a eu après, pourquoi on retient uniquement ceux où il apparaît mon nom ? », demande Frédéric Péchier. En attendant son procès, Frédéric Péchier avait tenté à deux reprises de mettre fin à ses jours.
Que risque Frédéric Péchier ?
Dans ce procès hors norme qui débute ce lundi 8 septembre, Frédéric Péchier sera face à 156 parties civiles, 155 témoins et 15 experts. L’enquête a réuni 27 000 procès-verbaux, 60 rapports d’expertises et quatre exhumations à des fins d’analyses. Accusé de 30 empoisonnements sur des personnes entre 4 et 89 ans, Frédéric Péchier risque la réclusion criminelle à perpétuité, soit la peine la plus lourde prévue par le code pénal français. Cette peine est régulièrement appliquée dans les affaires d’empoisonnement, considérées comme particulièrement graves car elles impliquent une préméditation.
S’il est reconnu coupable, la cour d’assises pourrait également prononcer une peine de sûreté, qui empêcherait toute possibilité de réduction de peine. L’anesthésiste est aussi confronté à des demandes d’indemnisation de la part des victimes et de la Sécurité sociale, qui pourraient se chiffrer à plusieurs millions d’euros. Des sanctions professionnelles ont déjà été appliquées. Frédéric Péchier a été radié de l’Ordre des médecins et interdit d’exercer. La décision de la cour d’assises devrait être connue à la fin de l’année.