L’Italie perd une de ses étoiles, la voluptueuse Gina Lollobrigida était une des actrices les plus talentueuses de sa génération
Une italienne irrésistible
Née le 4 juillet 1927 à Subiaco en Italie, Luigia Lollobrigida a commencé par faire des photos pour un roman-photos. Elle était « l’artiste de la famille », en parallèle de ses études aux beaux arts, elle participait à des concours de beauté. En 1947, elle termine deuxième au concours de Miss Rome et troisième à celui de Miss Italie. Elle arrive progressivement au cinéma, un peu « par hasard » ou par la force des choses, car Gina s’est toujours battu pour briller.
L’actrice a reçu une éducation très dure de la part de son père directeur d’une fabrique de meubles et tenant avec sa mère une entreprise de cordonnerie. C’est son amie Silvana Mangano qui lui a ouvert les portes du cinéma en lui proposant de faire un bout d’essai. Sa beauté égalait son charme et on disait d’elle qu’elle était « la meilleure chose qui soit arrivée depuis l’invention des spaghettis ». Elle se retrouve alors cantonnée pendant 4 ans à des rôles assez érotiques qui ne manquent pas d’exciter les fantasmes masculins d’après guerre.
Révélée par un réalisateur français
C’est jusqu’en 1952 que des rôles plus développés lui sont proposés grâce à sa performance de criminelle séductrice dans Heureuse époque d’Alessandro Blasetti. Le film la met alors en scène à un procès et elle utilise un argument de poids devant les juges : une robe s’ouvrant en losange sous le col, comme si le tissu avait éclaté. Mais c’est avec le film du réalisateur Christian-Jaque, Fanfan la Tulipe, ainsi que Les Belles de nuit, de René Clair (1952), que Gina se fait connaitre en dehors d’Italie. C’est l’acteur Gérard Philippe qui est son partenaire dans ces deux films. Elle dira d’ailleurs «Je dois mon succès à un Français. Ce fut le début de ma carrière internationale ».
De plus elle est validée par la pointure de la presse cinéma de l’époque, on peut lire en 1953 dans les Cahiers du cinéma : « Ceux qui ont vu “La Marchande d’amour”, de Mario Soldati, adapté de “La Provinciale”,d’Alberto Moravia, savent maintenant que Gina ne dispose pas seulement d’une gorge, d’un nombril et d’une très belle chute de reins, mais aussi d’un très sûr et très sensible talent de comédienne ». S’enchaine alors de nombreux films pour la comédienne, et aux côtés des plus grands. De 1950 à 1960 elle donne la réplique à Sean Connery, Humphrey Bogart, Frank Sinatra ou encore Marcello Mastroianni. On retient tous la formidable scène de danse où elle joue Esmiralda dans Notre dame de Paris en 19565.
Après avoir été « La Lollo », sex symbol italienne, elle est parvenue à jouer dans des films plus profonds comme cette adaptation du roman de Victor Hugo, mais également en jouant auprès de Jean Paul Belmondo dans La Mer à boire (1963), comédie sociale de Renato Castellani. Pour cette interprétation, elle n’hésite pas se montrer ridée et sans maquillage. Parmi ses rôles iconiques on peut retenir Plus fort que le diable (1953) de John Huston avec Humphrey Bogart, ou encore Pain, Amour et Fantaisie (1953) du réalisateur Luigi Comencini aux côtés de Vittorio de Sica. Sans oublierTrapèze (1956) de carol Reed, avec Burt Lancaster. Pendant 13 ans, le producteur Howard Hughes la soutiendra jusqu’à avoir un comportement abusif avec la belle actrice.
Une véritable artiste
Ce qui était frappant chez cette actrice c’était son gros caractère et sa détermination sans faille à devenir une grande actrice. « Je suis terriblement ambitieuse et il n’est pas question que je me contente d’une réussite médiocre. Je veux devenir une grande actrice » disait-elle sur les plateaux. Sentimentalement, elle a eu un mariage avec Milko Skofic en 1949, un médecin yougoslave qui deviendra son manager, avec qui elle aura un fils. Divorcée en 1971, elle disait « J’ai toujours lutté seule et je crois être arrivée à faire tout ce que je désirais dans la vie« , qui témoigne une fois de plus de sa force et sa fierté.
Son dernier film de fiction était XXL avec Gérard Depardieu et Michel Boujenah, elle avait également joué dans le film hommage de Agnès Varda, Les Cents et une nuits (1995) avec Mastroianni et Michel Piccoli. Gina s’est surtout consacrée pleinement à ses aspirations premières au début des années 1980, c’est à dire la la photographie puis la sculpture. Après un Golden globe en 1961 et une récompense à la Berlinale de 1986, l’actrice reçoit en tant que photographe, le prix Nadar pour son premier album sur l’Italie.Ssous son objectif défilera des personnages mythiques comme Paul Newman, Fidel Castro ou encore Salvador Dali. Elle aura décidément réussit dans beaucoup de domaines et a finit sa vie dans son Italie natale.
Elle s’est éteinte à l’âge de 95 ans, probablement à la suite d’un accident à son domicile à Rome en septembre dernier. L’actrice était hospitalisée depuis sa chute. A sa mort, le ministre de la Culture Gennaro Sangiuliano n’a pas hésité à s’exprimer sur les plateformes sociales pour lui rendre hommage « Adieu à une diva du grand écran, protagoniste de plus d’un demi-siècle d’histoire du cinéma italien. Son charme est éternel. Ciao Lollo ». Orson Welles la qualifiait en ces termes : « La femme la plus fabuleuse du monde, la reine ». Marylin Monroe quant à elle, se vantait d’être la « Lollobrigida américaine ».