Alors que les fêtes touchent à leur fin, on reste dans une bonne ambiance grâce au film culte « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? ».
Allez, bois-ça Fiston… Tu vas tout de suite te sentir mieux…
Merci… J’en avais besoin.
[« EXTRAIT SONORE : ROGER RABBIT »]
[« SérieFonia : Season VII : Opening Credits » – Jerôme Marie]
Joyeux Noël un peu en retard… & surtout une très belle année 2025 ! C’est la septième saison déjà, on est toujours un peu plongé dans l’ambiance des fêtes… et c’est toujours SérieFonia…
[« Who Framed Roger Rabbit – Maroon Toon Logo » – Alan Silvestri]
Un bébé mal embouché… Une pin-up aux contours délicieusement dessinés… Un détective privé ronchon et souvent alcoolisé… Un méchant aux yeux embrasés… Et un lapin gaffeur totalement déjanté… Voilà de quoi bien commencer l’année ! Alors, chopons vite une machine à remonter le temps… Et une qui ait de la gueule tant qu’à faire… Histoire d’aller faire un tour en 1988 et de revisiter l’un des projets parmi les plus fous que le cinéma ait jamais compté…
[« Back to the Future – End Credits » – Alan Silvestri]
Ah, c’est vrai que ça décoiffe ces p’tits voyages spatio-temporels… Mais si j’ai emprunté la DeLorean de Retour vers le Futur, ce n’est pas pour rien… Car le film qui nous rassemble aujourd’hui est, lui aussi, signé de Robert Zemeckis. Et que, dans ces fameuses années 80, il est sans conteste l’un des noms les plus importants au sein de l’industrie. Au même titre qu’un Spielberg ou un Lucas. En 1984, il a surpris tout le monde, ses producteurs en tête, avec son A la poursuite du diamant vert…
[« Romancing the Stone – Bronco Chase » – Alan Silvestri]
Et surtout avec Retour vers le Futur, dès l’année suivante…
[« Back to the Future – Skateboard Chase » – Alan Silvestri]
Le carton est planétaire. Et aujourd’hui encore, la trilogie Back to the Future fait autant figure d’œuvre culte que d’exception. Œuvre culte, tout simplement parce qu’elle reste dans les cœurs de toutes les générations qui ont suivies sa sortie… et exception parce que, depuis, aucune autre suite, reboot, remake, soft-reboot ou soft-remake n’a été entrepris ! Car le réalisateur veille. Si bien qu’il y a fort à parier… et c’est heureux… qu’aucun projet de ce type ne saura voir le jour de son vivant. Au sortir de ce premier volet, Robert Zemeckis est en position de force et, de fait, peut se lancer dans à peu près tout ce qu’il veut. Alors… pourquoi dans l’adaptation d’un roman écrit sept ans plus tôt par Gary K. Wolf et qui s’intitule… Qui a censuré Roger Rabbit…
[« Who Framed Roger Rabbit – Toontown » – Alan Silvestri]
Cette envie d’adapter le livre de Wolf, Robert Zemeckis l’a en réalité depuis 1982 ; soit à peine un an après sa distribution en librairies. C’est Steven Spielberg qui lui en fait parvenir l’une des premières versions du script rédigé par Jeffrey Price et Peter S. Seaman juste après que les sutdios Disney ait acquis les droits du roman. Un roman au sujet prometteur mais qui, dans le cadre d’un passage vers le grand écran destiné à un public plus familial, doit être sérieusement revisité… Imaginez un peu : si le livre de Wolf avait été adapté tel quel… Roger Rabbit serait mort assez rapidement après le début du film et c’est son fantôme qui aurait demandé au détective Eddie Valiant de mener l’enquête… Une enquête qui aurait mené, en autres, à la découverte de clichés pornographiques de Jessica Rabbit, la sulfureuse femme de Roger, réalisés au moment où elle espérait lancer sa carrière. Sombre… cynique… Résolument adulte… la création de Gary K. Wolf, par ailleurs humoriste, n’a définitivement rien du récit « sur-mesure » pour l’écurie Disney. Mais qu’à cela ne tienne ! Le studio n’est pas à un remaniement près…
[« Who Framed Roger Rabbit – Valiant & Valiant » – Alan Silvestri]
En 1983, les équipes de chez Disney entreprennent des premiers tests d’animation combinant dessins et images réelles sous la direction de Darrell Van Citters, avec Paul Reubens (que vous connaissez mieux sous le nom de Pee-wee Herman) dans la peau de Roger Rabbit. Mais, face à l’ampleur de la tache et, surtout, aux conséquents frais engagés, le projet s’arrête net. Du moins pour un temps. Car deux ans plus tard, c’est Michael Eisner qui prend la tête du studio, pile au moment où Zemeckis triomphe avec Retour vers le Futur… et il a la bonne idée… ou démarche… d’envisager un système de co-production pour mener à bien ce projet hors normes. Il se tourne alors vers la société Silver Screen Partners, mais c’est loin, très loin d’être suffisant… Disney s’allie donc à Amblin, la compagnie de Spileberg… Et, ensembles, ils parviennent à convaincre Warner Bros de les rejoindre dans l’aventure. Et ça, pour le coup, ça change la donne pour beaucoup de choses…
[« Looney Tunes Cartoon – Cactus if You Can » – Joshua Moshier & Carl Johnson]
Grâce à ce deal, Bugs Bunny, Daffy Duck, Titi, Grosminet et j’en passe, allaient bientôt pouvoir apparaître à l’écran au côté des personnages Disney comme Dumbo ou Pinocchio… Quelques autres négociations plus tard, les vedettes de Tex Avery et de Max Fleischer n’allaient également pas tarder à les rejoindre… Et avec eux des stars comme Droopy et Betty Boop… En gros, le métrage était en train de devenir la concrétisation de tous les possibles… A la condition, toutefois, que le rendu visuel soit plus qu’à la hauteur des attentes de chacun… à commencer par celles de Steven Spielberg… qui précise, par contrat, que l’interaction entre humains et toons doit être aussi tangible qu’irréprochable. Les différents partis se partagent les droits, les recettes, les royalties… bref, tout le tintouin habituel faisant que le cinéma reste une industrie. Des rêves, certes, mais industrie néanmoins. Du coup, aux commandes de ce long-métrage comme personne n’en a encore jamais vu, il faut un réalisateur à la fois visionnaire et innovant… Ce sera… Terry Gilliam. L’ex Monty Pithon qui, en 1985, nous régalait justement de son Brazil… Effectivement visionnaire et innovant… et mis en musique par Michael Kamen…
[« Brazil – Jill Brazil / Power Station » – Michael Kamen]
Mais… Gilliam refuse. Il recule face au défi technique. Un choix qu’il avouera d’ailleurs avoir regretté par la suite… Mais, au bilan, c’est peut-être pour le mieux côté public… Car sans jamais remettre en cause le fait qu’il aurait surement su proposer quelque chose d’unique et fascinant… Peut-être aurait-il peiné à proposer un film suffisamment « tous public », justement. Or, ce qui va faire la force de Qui veut la peau de Roger Rabbit… C’est qu’il va plaire à tout l’monde… et à tous les âges…
[« Who Framed Roger Rabbit – Patty Cake » – Alan Silvestri]
Alors, au final, ça raconte quoi Il faut sauver la peau de Roger Rabbit ? A l’aube des années 50, les personnages de dessins animés et les êtres de chair et d’os co-existent dans un Los Angeles vivant au rythme des productions cinématographiques les plus palpitantes… Mais derrière les paillettes se cachent souvent de tristes vérités, et c’est ainsi que l’un des plus gros producteurs de cartoons, Marvin Acme est assassiné… aplati sous un coffre-fort… Tout porte donc à croire que c’est un toon qui a fait le coup ! Et dans la mesure où la victime entretenait une liaison avec la femme de l’une des plus grande star locale, Roger Rabbit, le lapin en question devient rapidement le principal suspect de l’affaire. Poursuivi par un groupe de fouines au service d’un juge bien trop sombre pour être honnête, il trouve une aide inespérée en la personne du détective privé Eddie Valiant, initialement engagé pour prendre des photos compromettantes de ladite épouse, Jessica Rabbit, qui n’a rien d’une lapine… Ensemble, il vont prouver l’innocence de Roger tout en guérissant Eddie de ses préjugés anti-toons… le tout au rythme d’une aventure à la fois passionnante et totalement barrée…
[« Who Framed Roger Rabbit – The Getaway » – Alan Silvestri]
Terry Gilliam s’étant retiré, Robert Zemeckis peut faire son entrée… Et tout commence gentiment à se mettre en place. Pour la partie purement animation, il recrute Richard Williams… qui avait remporté l’Oscar pour son A Christmas Carol en 1971. D’abord retissant, Williams accepte néanmoins de produire un test d’une minute seulement. Une petite minute courte certes, mais concluante ! A sa vision, Disney accepte d’augmenter le budget et d’allumer l’ultime feu vert… Après déjà bien des années et péripéties, Who Framed Roger Rabbit allait enfin devenir réalité…
[« Who Framed Roger Rabbit – Fire in the Hatch » – Alan Silvestri]
Malgré tout, les négos restent compliquées… Chaque studio impliqué ne voulant naturellement pas être lésé sur la part du gâteau… Disney veut réduire le budget… Spielberg veut tourner chez Paramount… Mais ILM préfère rester à L.A…. Sans oublier que Richard Williams, lui, est basé à Londres… Les scénaristes Jeffrey Price Peter S. Seaman repensent le scénario en fonction des différentes personnalités impliquées ; autant derrière que devant la caméra… et, finalement, le 1er décembre 1986, le premier clap retentit… à Los Angeles… Avant de partir pour les studios Elstree à côté de Londres un peu plus tard… Compromis, compromis, quand tu nous tiens…
[« Who Framed Roger Rabbit – Cartoon » – Alan Silvestri]
Mais avant d’aller plus loin… Qu’est-ce qui différencie réellement Qui veut la peau de Roger Rabbit des autres films combinant prises de vues réelles et animations l’ayant précédé ? Car jusqu’à présent… les grands titres (et références) du genre restaient sempiternellement les mêmes… Surtout chez Disney, d’ailleurs… et ce, dès les tous premiers pas du studio. Entre 1923 et 1927, Walt Disney en personne créait la série Alice Comedies, en muet et en noir et blanc, avant même qu’il ait inventé le personnage de Mickey ! D’ailleurs, Disney ne s’appelle même pas encore Disney mais Laugh-O-Gram : première compagnie initiée par Walt à son arrivée à Hollywood en 1922 alors qu’il n’avait que 21 ans… Dans ce premier épisode, Alice’s Wonderland, la petite Alice incarnée par Virginia Davis visite un studio d’animation et les personnages commencent à prendre vie devant elle. Le soir venu, elle s’imagine les retrouver à Cartoonland, en compagnie de son chat Julius. Une première série à succès qui connaitra pas loin d’une soixantaine d’aventures… et muet oblige… Pas de musique ! Bon, pour rester chez Disney… Dès qu’on pense mélange de personnages animés et d’acteurs réels, on va pas s’mentir, on pense surtout immédiatement à ça…
[« Mary Poppins – Supercalifragilisticexpialidocious » – Richard M. Sherman & Robert B. Sherman]
Oui, moi aussi je peux vous le dire d’une traite… Sans problème même ! Attention… Vous êtes prêts ?… J’me lance, c’est parti… Supercalifragilisticexpialidocious ! Ouais, je sais, c’est trop la classe. Mais bon, j’ai de années d’entraînement derrière moi… Ma grand-mère était fan. Quoi de plus normal ? Après tout, en 1964, Mary Poppins a marqué son temps. Car outre les inoubliables performances de Julie Andrews et Dick Van Dyke, cette plongée… littérale… au sein des peintures de Bert reste sidérante… Qui n’a pas en tête la fameuse danse des pingouins… ou encore la chasse aux renards à dos de chevaux de carrousel ?… Une floppée d’Oscars, dont les plus prestigieux… Des chansons éternelles signées des incomparables frères Sherman… Et une alliance dessins animés / film d’une rare beauté. Bien que… Bien que… Il faut bien l’admettre… Les interactions entre les uns et les autres y restaient somme toute relativement limitées. De plus, les dessins à la main, en 2 D, restaient inévitablement plutôt « plats » en comparaison des comédiens… Et, malgré tout l’amour qu’elle lui porte, l’équipe de production de Qui veut la peau de Roger Rabbit… Steven Spielberg le premier… tient absolument à éviter cela. Les toons et les hommes doivent coexister. Partout. Tout le temps. Adroitement et abondamment. Voire… Charnellement…
[« Who Framed Roger Rabbit – Why Don’t You Do Right » – Alan Silvestri]
Car oui, Jessica Rabbit doit faire de l’effet. A tous. Voire à toutes. Y compris Betty Boop. Nanti de la voix de Kathleen Turner… Déjà héroïne de A la poursuite du diamant vers sous la direction de Zemeckis… Elle dispose des corps de Vikki Dougan, de Veronica Lake… Et plus encore de Rita Hayworth. La séquence du club faisant d’ailleurs directement echo à celle du film Gilda, réalisé par Charles Vidor en 1946… Une scène culte s’il en est… Avec une chanson écrite par Allan Roberts et Doris Fisher… Eh là, je vous préviens, je suis obligé de la laisser en entier… En revanche, et tant pis si je casse un peu le mythe… Ce n’est pas Rita Hayworth qui chante… Eh non, en réalité, elle est doublée par Anita Ellis…
[« Gilda – Put the Blame on Me » – Allan Roberts & Doris Fisher]
Au départ, Disney n’envisageait que 15 petites minutes animées pour tout le film… Mais, finalement, c’est pas moins de 55 minutes qui sont proposées à l’image… Et à l’époque, pas question d’utiliser des ordinateurs ! En tout cas, pas pour ça. Ils serviront plutôt pour les effets de lumières et de certains contours… Côté dessins, je le rappelle à la main, on totalise 14 mois de post-production… une équipe de 500 animateurs… pour un total de… roulement de tambours… 82 000 planches de celluloïd, exécutées au-dessus des plans préalablement filmés avec les acteurs par Zemeckis. Dès les premières scènes finalisées… l’évidence se pose là. On n’avait tout simplement jamais vu ça. Ni dans L’apprenti Sorcière, avec Angela Lansbury en 1971…
[« Bedknobs and Broomsticks – A Step in the Right Direction » – Richard M. Sherman & Robert B. Sherman]
On reconnait bien là les frères Sherman… On n’avait jamais vu ça, disais-je donc… Même pas dans Peter et Elliott le Dragon, en 1977…
[« Pete’s Dragon – Main Title » – Irwin Kostal]
Sur des arrangements d’Irwin Kostal et des chansons de Joel Hirschhorn & Al Kasha. Voilà… C’était juste histoire d’en citer un ou deux. Pas la peine d’en rajouter… Vous le savez déjà… Qui veut la peau de Roger Rabbit brise tous les codes du genre et, bien que s’inspirant directement… tout en leur rendant de vibrants hommages… de toutes ces œuvres animées du passé… Eh bien… Les met en définitive toutes à l’amende. Avec, parfois même, la musique au centre de la scène ! Rappelez-vous… Donald et Daffy Duck déchainés dans une battle de pianos… Disney versus Warner… Qui l’emportera ?!… Dans tous les cas, c’est à Alan Silvestri d’arbitrer…
[« Who Framed Roger Rabbit – Hungarian Rhapsody No. 2» – Alan Silvestri]
Bah oui… Quand des personnages jouent d’un instrument à l’écran… Le compositeur doit bien intervenir en amont de sa propre période de création. De plus, Robert Zemeckis tient absolument à ce que les pianos soient de vrais pianos ! Pas des dessins ! Et hop… Une difficulté supplémentaire : Il faut filmer les bonnes touches, qui montent et qui descendent comme si des doigts les martelaient… Sauf que… Comme lesdits doigts (sans jeu de mots) doivent être dessinés plus tard, il faut filmer ça sans personne. Il a donc fallu tout composer, engager un pianiste virtuose pour jouer les deux parties, programmer le tout en fichiers MIDI et… créer de toute pièce une nouvelle carte informatique capable de reproduire la composition en animant les claviers de l’intérieur… Un jeu d’enfant, quoi ! Bien joué Alan Silvestri ! Et puis tiens, puisqu’on parle de lui… Et plutôt que de répéter autrement ce que j’en avais déjà dit, je vous propose de faire un petit retour en arrière, jusqu’en 2019, et de vous rediffuser la pastille que je lui consacrais alors… C’était seulement le deuxième numéro de SérieFonia…
[« SérieFonia 2018-2019 – Pastille 002 – Alan Silvestri»]
Depuis, sa collaboration avec Zemeckis a continué de faire des petits… Je vous en garde d’ailleurs un magnifique pour la fin… Alors, on l’a dit : des films d’animation hybrides, il y en a eu avant Roger Rabbit, et il y en aura encore bien d’autres après. Toutefois, pas exclusivement à destination d’un public familial ! En 1982, notamment, sortait le The Wall des Pink Floyd et d’Alan Parker… Et plus l’on voyageait dans l’âme tourmenté de Pink, le personnage principal interprété à l’écran par Bob Geldof, plus le métrage proposait un « ailleurs » aussi sombre que poétique… tantôt douloureusement réaliste, tantôt magistralement psychédélique…
[« The Wall – Goodbye Blue Sky » – Pink Floyd]
Avant cela, en 1978 et dans une certaine mesure seulement, Ralph Bakshi intégrait, lui aussi, des images en prises de vues réelles en usant de son procédé dit de rotoscopie (on redessine image par image les contours des comédiens précédemment filmés) dans son Seigneur des Anneaux… Ce qui donne une fluidité de mouvements proche de la réalité. Gageons que dès Blanche-Neige et les 7 Nains en 1937, Disney usait déjà d’un système approchant… Voyons… Qu’est-ce que je pourrais vous citer d’autre ?… Ah oui, il y en a un que j’aime beaucoup ! Et il est justement de… Ralph Bakshi ! A croire que tout cela est très structuré et que je l’ai fait exprès… bah, oui en fait. Le film en question se situe post-Roger Rabbit justement, en 1992… On y retrouvait Brad Pitt, Kim Basinger et Gabriel Byrne… Ca s’appelait Cool World et la musique était le fruit du labeur de Mark Isham…
[« Cool World – A Trip Through the Past » – Mark Isham]
Ici encore… Trip retro / film noir… pour cette histoire, au départ pas si originale que ça, de dessinateur de Comics qui se retrouve (plus ou moins) plongé dans l’univers qu’il a imaginé tandis qu’il était en prison pour meurtre… Tiens, déjà ça devient moins banal. Rajoutez à cela un détective hanté par ses souvenirs de la seconde guerre mondiale et le trauma d’un accident de la route mortel ayant emporté sa mère et ouvert un portail entre notre monde et celui des animés… Et vous obtenez un long-métrage dont personne ou presque ne parle jamais alors qu’il est tout bonnement génialement barré. D’ailleurs, j’vous en remets un p’tit coup histoire de finir de vous convaincre…
[« Cool World – A Cool New World » – Mark Isham]
Sur Qui veut la peau de Roger Rabbit, absolument tout le processus est long. Parfois, le monteur Artie Schmidt ne recevait que… 19 nouvelles images pour la journée ! Quand on sait qu’il en faut 24 pour produire 1 seconde de film… Du coup, Alan Silvestri, comme beaucoup d’autres, travaillent principalement d’après des séquences loin d’être finalisées ! Tout juste crayonnées et à l’animation plus que sommaire. Idem pour les voix des comédiens qui prêtent leurs voix aux toons… Et encore, eux voyaient quelque chose ! Pensez un peu aux acteurs de chair pendant et sur le tournage… Bob Hoskins (en Eddie Valiant) et Christopher Lloyd (en Juge DeMort) étaient la plupart du temps quant à eux devant strictement… rien… en dehors des techniciens hors champ qui s’échinaient à faire bouger les objets à distance. Pour la scène des menottes, par exemple, Hoskings devait lui-même prendre grand soin à la façon dont il bougeait son poignet afin que l’autre extrémité se déplace comme elle l’aurait fait si Roger était bel et bien là !… Un casse-tête de chaque instant… Mais bon… pour un résultat… éblouissant.
[« Who Framed Roger Rabbit – End Credits / Roger Rabbit Medley » – Alan Silvestri]
Cette influence jazzy… Alan Silvestri la revendique de l’héritage de Jerry Goldmsith. Tout au long de sa composition pour Roger Rabbit, il a bien conscience qu’écrire une pure musique pour dessin animé serait résolument trop réducteur. Il lui faut du grave… Il lui faut du vrai… Alors il va puiser dans… Chinatown.
[« Chinatown – Love Theme from Chinatown » – Jerry Goldsmith]
Effectivement… Si on rapproche ce Love Theme de Chinatown à celui d’Eddie, on n’est pas loin, on n’est pas loin…
[« Who Framed Roger Rabbit – Eddie’s Theme » – Alan Silvestri]
A sa sortie, Qui veut la peau de Roger Rabbit remporte un vif succès et se hisse même au rang de seconde meilleure recette de l’année ; juste derrière Rain Man… En revanche, l’Académie des Oscars ne lui accordera que des récompenses techniques. Montage, son, direction artistique… effets visuels, naturellement. Mais rien pour Zemeckis ou ses pourtant brillants comédiens… Face au succès, plusieurs projets de suites sont envisagés ; dont une supposée se dérouler pendant la guerre, en 1941. Mais finalement, rien n’a abouti. Exception faite de quelques mini aventures… Dont les partitions furent signées de Bruce Broughton…
[« The Roger Rabbit Cartoons – Tummy Trouble » – Bruce Broughton]
De son côté, la Warner tentera de capitaliser en produisant d’autres films hybrides incluant ses plus célèbres personnages animés dans Space Jam en 1996… ou encore dans Les Looney Tunes passent à l’action, avec Brendan Fraser en 2003 sur une partition de Jerry Goldsmith et John Debney… Et c’était surtout réalisé par Joe Dante !
[« Looney Tunes : Back in Action! – Dead Duck Walking » – Jerry Goldsmith]
Depuis 2019, de quand date l’extrait du second SérieFonia que je vous ai rediffusé tout à l’heure, Alan Silvestri a travaillé sur deux autres films avec Robert Zemeckis… Un très, mais alors vraiment très nul… Et un petit bijou proche du chef d’œuvre. Comme ça, ça équilibre… Bon, le ratage… malheureusement… C’est Pinocchio, en 2022… Reste que la musique, elle, est plutôt ‘ach’ment jolie…
[« Pinocchio – Am I Real » – Alan Silvestri]
Et le chef d’œuvre, sur lequel je vais vous quitter… C’est tout simplement… Here… Sorti en novembre 2024 dans l’indifférence la plus totale. Pourtant, je le réaffirme : c’est un chef d’œuvre ! Une seule valeur de cadre qui défie le temps à travers une histoire touchante dans laquelle tous peuvent se retrouver… Quasiment toute l’équipe de Forrest Gump qui se retrouve autant en coulisses qu’à l’écran… et, grâce à la corde sensible d’Alan Silvestri, eh bien… ça s’entend… Prenez ça comme mon premier cadeau de cette nouvelle année 2025… Un peu de douceur dans un monde de brutes… Prenez soin des vôtres et très belle année à vous…
[« Here – I Love It Here » – Alan Silvestri]
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