Alors que la première mobilisation nationale contre le mariage gay avait massivement fait entendre la voix des « anti » le 17 novembre dans plusieurs villes de France, les supporters du projet de loi ont battu le pavé parisien dans la joie et la bonne humeur le 16 décembre dernier, bien décidés à se battre pour « l’égalité ».
Un joli patchwork de 60 000 manifestants selon les autorités, 150 000 selon les organisateurs, a défilé le poing levé depuis l’emblématique place de la Bastille jusqu’aux jardins du Luxembourg le 16 décembre dernier. Homos, bi, hétéros, trans, se sont donnés le mot via le réseau social Facebook plusieurs semaines à l’avance. Le but : faire bloc face au succès de la « manif pour tous » du 17 novembre qui avait laissé éclater la voix de 100 000 opposants au projet de loi à Paris. Le lendemain, une journaliste du Monde soulignait d’ailleurs « les partisans du projet vont devoir riposter au moins à la hauteur de la manifestation de leurs adversaires ». Bien que le rassemblement n’ai pas surpassé en effectif celui des opposants du 17 novembre, les organisateurs ont vu leurs rangs se grossir avec la participation d’individus étrangers aux réseaux habituels de l’association Inter LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans) tels que les jeunes socialistes, les féministes ou encore les écologistes.
» Je veux l’égalité pour ma soeur «
Catherine est hétérosexuelle et membre de l’association Homosfère qui rassemble des salariés du groupe SFR pour l’égalité en droits des homosexuels. Cette mère de trois jeunes enfants s’est engagée dans la cause homosexuelle le jour où sa sœur a été mise à distance par sa famille après avoir fait son coming out. « Au sein de l’entreprise, on dénonce les discriminations visant les salariés homosexuels » explique-t-elle. « Des mails homophobes circulent entre les employés c’est désolant ».
Alors que le cortège dépasse Saint-Paul, un groupe de jeunes assis sur le pavé passerait presque inaperçu à côté de la foule en liesse. Pancartes posées à leurs pieds, Julianne et Alexandre, appartiennent au Refuge. A tout juste 18 ans, ils ont été rejetés par leurs familles à l’annonce de leur homosexualité. « Il n’y a pas de bonne raison d’être homophobe, c’est de la bêtise » souffle Julianne. « Les parents pensent que ça va nous passer, comme un mauvais rhume » ajoute Alexandre. L’association a pour but d’héberger et d’accompagner ces jeunes laissés pour compte. Ils sont une quarantaine en France à souffrir de l’exclusion par leurs familles. Alexandre vient de Lille, l’antenne locale du Refuge lui a donné une place dans un logement à Paris il y a quelques mois. « Maintenant je vais pouvoir me reconstruire » sourit le jeune homme.
« Un progrès social »
Dans une ambiance festive, les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence défilent singeant les attitudes religieuses, affublées de cornes et autres costumes ecclésiastiques bariolés. Sœur Maria Piccolatta [sic] est travesti et parle avec fierté de son association qui a pour vocation de récolter des dons pour LGBTIQ « Notre religion à nous c’est l’amour et le respect de l’autre. » explique t-elle juchée sur ses talons, cils recourbés à l’extrême. « L’égalité des droits est un progrès social pour tous, c’est le message que nous nous efforçons de faire passer aujourd’hui ».
Sans surprise, une cinquantaine de membres du mouvement Amnesty international est venu soutenir le projet de loi. « Le droit au mariage pour les homosexuels fait partie des dix engagements que nous avons signé avec le gouvernement » explique JF Chevalier, conseiller national Amnesty dans la section Île-de-France Est. « Nous luttons contre toutes les discriminations, et ne pas accorder le mariage aux homosexuels en est une ».
Muriel Guenoux, Secrétaire Nationale du Parti Radical de Gauche ferme le cortège et rappelle l’enjeu de la marche pour l’égalité. « Maintenant, le gouvernement doit tenir ses promesses. Nous avons fait notre travail en nous mobilisant ».
Un double objectif s’est posé en moteur du rassemblement : répondre aux anti, projetés sous le feu des projecteurs en novembre, et aussi, pousser la majorité à tenir ses engagements auprès des sympathisants. Le 13 janvier prochain, les opposants au projet de loi prévoient une démonstration de force à Paris. L’UMP a déjà annoncé sa participation à l’événement à l’appel de Jean-François Copé.
Guillaume de Varennes et Pauline Renoir