Les principaux candidats de Nord-Pas-de-Calais-Picardie se sont affrontés lors d’une émission spéciale, organisée à Lille par Europe 1, iTelé et La Voix du Nord. Le chômage et les migrants ont été au centre des débats.
Cette fois, c’est la bonne ! Après avoir annulé sa venue sur le plateau de l’émission « Des Paroles et des actes », diffusée sur France 2, Marine Le Pen a accepté de débattre face à Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon, respectivement têtes de liste des Républicains et du Parti socialiste, dans la région. Pourquoi ces trois-là ? Ils trustaient les trois premières places d’un sondage Ifop publié lundi. Ce dernier place Mme Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour (38%), devançant ainsi MM. Bertrand (26%) et De Saintignon (19%). Ce débat va-t-il renverser la vapeur ? Ce qui est sûr, c’est qu’il a provoqué beaucoup de remous. Dans les rôles d’arbitres, Jean-Pierre Elkabach et Michaël Darmon, ont eu bien des peines à faire entendre les propositions de chacun. La cacophonie, quasi-constante, a même conduit le journaliste d’iTélé à lâcher : « on ne s’étonne pas que l’abstention soit aussi forte quand on vous écoute ».
Deux bêtes médiatiques et un méconnu
Pourtant, tous ont eu à cœur de faire valoir leur projet. Car les points chauds ne manquent pas : désindustrialisation, précarité, montée du chômage, camps de migrants à Calais… Sur l’emploi, Mme Le Pen a joué sa partition du « patriotisme économique », plaidant pour que « les agriculteurs livrent la région pour que les enfants mangent français ». Dubitatif, Michaël Darmon interroge : « ça va faire reculer le chômage, ça ? ». Xavier Bertrand raille alors la candidate frontiste qui « enfonce des portes ouvertes ». Sa solution : s’attaquer aux « emplois non pourvus ». Quant à Pierre de Saintignon, outre un déficit de notoriété, il doit défendre son bilan de premier vice-président de la région Nord-Pas-de-Calais, devant deux bêtes médiatiques. Le socialiste dément tout « déclin » et va même jusqu’à parler de « renaissance ».
.@MLP_officiel défend un « patriotisme économique » régional #DébatRégionaleshttps://t.co/qr23uE91Iy
— iTELE (@itele) 27 Octobre 2015
Une tonalité plus nationale que régionale
La France et l’Europe n’ont pas tardé à prendre toute la place des discussions. La chef de file du Front National s’est livrée à une critique des subventions européennes à la région, mal à l’aise au moment où M. Elkabach lui demande d’en préciser le montant. Discours frontalement opposé du candidat socialiste, qui voit dans la manne européenne une part importante du financement des infrastructures régionales (Canal Seine-Nord, notamment). De l’aide, la ville de Calais en aurait bien besoin pour gérer le flux croissant de migrants en transit pour le Royaume-Uni. Radicale, Mme Le Pen souhaite couper court à tout soutien des associations d’aide aux migrants car elles les « incitent à venir ». Alors que M. de Saintignon appelle à l’« humanité » envers ceux qui fuient la guerre, son opposant de droite incite, lui, les autorités britanniques « à prendre une part dans ce fardeau ».
.@pdesaintignon « nous devons accueillir les #migrants à bras ouverts, (…) il faut de l’humanité » #DébatRégionaleshttps://t.co/kl0pjioCh0
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Des attaques ad hominem
Le débat tourne rapidement à la vindicte politique. Quand Mme Le Pen renvoie droite et gauche à leur bilan, M. Saintignon l’accuse de « mauvaise foi » et M. Bertrand la juge « caricaturale », « sans solution ». Quand elle cherche à pousser à la faute le candidat de droite sur le cumul des mandats (NDLR : Xavier Bertrand est député de l’Aisne), celui-ci la qualifie de « migrante politique » de la région, qui mène une « vie de château » à Saint-Cloud. Et à M. de Saintignon de renvoyer dos à dos droite et extrême-droite en blâmant M. Bertrand de passer son temps « à courir derrière Mme Le Pen ».
.@xavierbertrand « on est habitués à entendre @MLP_officiel caricaturale, matin midi et soir » #DébatRégionaleshttps://t.co/HEyeTr6Sxx
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La région, un tremplin pour 2017 ?
Qui sortira vainqueur du scrutin ? Certains pensent déjà à 2017. Xavier Bertrand voit dans la présidence de la région, un tremplin pour la primaire des Républicains : « si je réussis, je serai crédible ». Marine Le Pen confie qu’elle quittera son poste régional en cas de victoire à la présidentielle. Tous deux, provoquant l’ire de M. de Saintignon : « les gens n’ont pas besoin de vos calculs d’apothicaire ».
crédits photo Une : Ouest France