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Qui est Rémy Buisine, le journaliste digital de Brut ?

Ses lives sur Periscope ont réuni des milliers d’internautes lors du mouvement de Nuit Debout ; aujourd’hui Rémy Buisine est journaliste pour Brut, ce nouveau média d’informations 100 % vidéo, 100 % digital. Rencontre avec ce community manager au parcours atypique.

D’où vient ta passion pour le journalisme et comment as-tu réussi à en faire ton métier ?

Je suis autodidacte à 100%, j’ai même arrêté mes études avant le BAC. Déjà vers l’âge de 6 ans j’épluchais la presse régionale, notamment La Voix du Nord, et je disséquais un peu tous les articles en essayant de faire des revues de presse. Lorsque j’ai arrêté mes études, je me suis dans un premier temps lancé sur du community management, qui, en 2009, était encore éloigné du journalisme.

Le terme de « community management » était même encore inconnu…

Oui, en 2009 on disait « gestionnaire de communautés », quand j’expliquais ce que je faisais beaucoup ne comprenaient pas. Les réseaux sociaux étaient en émergence avec une perspective de loisirs, mais j’ai tout de suite senti le potentiel. A l’époque je trouvais intéressant de gérer la communication de footballeurs, je les contactais directement sur Facebook,  ils avaient des profils privés sur lesquels on pouvait les contacter, ce qui me parait tellement loin aujourd’hui.

Comment as-tu commencé le journalisme ?

En 2012 j’ai participé à l’émission The Social Rush sur CStar [à l’époque D17, NDLR]. C’était un challenge social connecté avec pour but la mobilisation de nos communautés personnelles sur les réseaux sociaux pour des défis dans la vie réelle, comme l’organisation d’une soirée en boite de nuit. A travers cette émission on montrait que les réseaux sociaux n’étaient pas seulement des likes et des commentaires, mais des personnes qui pouvaient fédérer ensemble pour adhérer à un projet. The Social Rush a permis de me faire repérer par le Groupe 1981 [groupe de radios en région parisienne, NDLR] dans lequel je suis arrivé en tant que community manager. Ça m’a permis de faire mes premiers pas journalistiques.

En 2015 Periscope est arrivé en France, c’est grâce à cette application qu’on te connait…

Oui, j’ai immédiatement perçu le potentiel. Periscope était assez mal vu, mais ce qui m’intéressait était la technologie. Avec un simple téléphone on peut envoyer un flux d’images partout dans le monde et en direct, c’est quelque chose de novateur en écriture journalistique. Je me suis donc lancé pour couvrir l’actualité parisienne sur Periscope.

Quel est l’élément novateur avec le live ?

Le côté proximité avec les gens, l’interactivité. Avant nous étions spectateurs de ce que nous regardions, maintenant nous pouvons tous être acteurs. S’il y a une forte tendance dans les commentaires, ça peut me diriger pour faire d’autres choses. C’est une intelligence collective au profit du direct. Ça apporte une vraie valeur ajoutée. Il y a également un point important c’est la déontologie : il n’y a pas de triche, c’est sans montage. Je pense que c’est aussi apprécié du public dans une période où il n’y a jamais eu autant de méfiance envers les médias traditionnels. Avec le live on est dans une immersion totale et sans filtre.

Tu as donc médiatisé Nuit Debout sur Periscope ?

Oui, j’ai couvert Nuit debout pendant presque 3 mois et même dès le premier soir lorsqu’on se demandait encore quel était ce mouvement. Sans toutes ses contraintes de formats l’outil du live était passionnant, j’ai pu vraiment aller en immersion, montrer l’organisation, les prises de paroles.

Je ne me suis cependant pas considéré comme un militant, j’arrivais vraiment avec une approche journalistique. Mais le troisième jour de Nuit Debout j’ai fait un live avec simultanément 80 000 personnes connectées, à tel point que le live a duré 5 heures ! Des personnes me disaient : « je suis là grâce à ton live ! », certains sont même venus m’apporter des batteries rechargeables. En l’espace d’une semaine tout a basculé, le lendemain de ce fameux live j’étais sur le plateau du Grand Journal.

Grâce à Nuit Debout as-tu reçu des propositions de contrat ?

J’ai eu quelques contacts comme des chaines d’informations en continu pour intégrer une rédaction sur un modèle classique ou pour réaliser du live streaming. Puis il y a eu l’évocation du projet Brut qui m’a paru le plus séduisant. Le but de ce média est d’informer les jeunes d’une autre manière, avec des formats et des mots nouveaux. On s’intéresse à toucher un public qui n’a pas beaucoup de temps ou de passion à consacrer à la politique, mais qui, grâce à des vidéos d’1m30/2 min, puisse avoir des éléments pour sa réflexion personnelle. L’un des enjeux majeurs de Brut est le décryptage.

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En quoi ce nouveau média était plus attrayant ?

Avec Brut on a d’un côté la puissance du réseau de Renaud Le Van Kim qui se lance sur le digital mais qui a une grande expérience de la télévision, et de l’autre la présence de Guillaume Lacroix [associé de Together Media, et fondateur du Studio Bagel] qui a réussi à faire du digital avec réussite.

Puis au sein de ce média je conserve ma liberté. Ils m’ont dit « ce que tu fais sur Periscope, on a envie que tu fasses exactement la même chose mais pour nous ». Sur Periscope j’avais toujours l’habitude d’aller là où j’avais envie. La ligne éditoriale politique et sociétale de Brut me permet de couvrir la présidentielle, d’aller au plus près des événements politiques, tout en conservant le même format.

Pourquoi ce parti pris des réseaux sociaux avec Brut ?

Nous avons un site internet mais ce n’est pas là-dessus qu’on mise, nous sommes uniquement sur les réseaux sociaux. Nous sommes 100 % vidéo parce qu’aujourd’hui, en termes de viralité, le taux d’engagement est 6 fois supérieur sur les vidéos que sur les photos par exemple. Chez Brut nos vidéos peuvent atteindre jusqu’à 10 millions de vues !

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L’idée est que les réseaux sociaux vont permettre de créer un modèle économique en attirant les annonceurs. Aujourd’hui il y a vraiment une réflexion de monétisation des contenus sur ces plateformes, de la même manière que le fait Youtube en intégrant des publicités sur ses vidéos. Twitter le fait déjà concrètement, et Facebook en a fait la promesse. En tant qu’entrepreneur il ne faut pas attendre que ça arrive pour se lancer, avec Brut on est sur quelque chose d’avenir.

Tu penses que la presse papier est morte ?

Le digital aujourd’hui est un enjeu majeur mais c’est très important de conserver tout type de presse. Pour moi le journalisme digital, exclusivement sur les réseaux sociaux, n’est pas là pour remplacer le reste, c’est simplement une nouvelle façon de consommer l’information par rapport aux nouvelles technologies. J’ai par exemple toujours incité quand je fais des lives d’aller consulter d’autres sources d’informations.

Qu’est-ce que Brut a de plus que les autres médias ?

Le point nouveau c’est vraiment d’utiliser des formats nouveaux sur des sujets un peu plus sérieux. Seulement certains médias comme Konbini ou Minute Buzz sont arrivés à aller un peu sur ce terrain et produire des vidéos humoristiques courtes. Certains médias n’ont pas encore compris que ces nouveaux formats sont de la visibilité, du marketing, une autre façon de faire de l’information et de communiquer avec ses lecteurs, auditeurs, téléspectateurs. En France on est un peu en retard alors qu’il y a un potentiel énorme. Aux Etats-Unis par exemple, CNN, Fox News, Buzzfeed sont très bons sur le live.


Merci à Rémy Buisine d’avoir répondu à nos questions. Il est à retrouver sur le média Brut (Facebook | Twitter | Site) pour vivre en direct des évènements politiques ou médiatiques.

Propos recueillis par Claire Bourgeois.

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Rédactrice au Pôle Médias de Radio VL
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