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On a rencontré pour vous… Grand Corps Malade, Mehdi Idir et Pablo Pauly (Patients)

Nous avons rencontré Grand Corps Malade et Mehdi Idir, les réalisateurs de Patients qui sort le 1er mars, ainsi que l’acteur principal Pablo Pauly. Interview !

Crédit: Fred Teper

Hôtel Prince de Galles, Paris. Dans une suite de ce palace, la journée presse de l’équipe de Patients va se dérouler durant une grande partie de la journée. Les interviews s’enchainent pour Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade, Mehdi Idir et Pablo Pauly. Juste avant une coupure déjeuner bien méritée et dans une ambiance détendue où les trois hommes se charrient allègrement, ils nous racontent la genèse de Patients et nous parlent de cette aventure commune, en commençant par évoquer la tournée province qui les confortent jour après jour que le film est très bien reçu avant sa sortie nationale le 1er mars.

A lire aussi : On a vu pour vous… Patients, le film de Grand Corps Malade

La tournée s’est bien passée?

Grand Corps Malade: Ça s’est très bien passé. Déjà parce qu’on a une super équipe. J’ai l’impression que tout le monde dit ça dans le cinéma après un film mais là pour le coup c’est vrai on est une vraie petite famille, on s’entend très très bien, on rigole énormément, on est très proches, on est une bande de potes maintenant et ce qui ne gâche rien, on a de très beaux retours des salles, tous les soirs on a de belles standing, des dialogues et des rencontres avec la salle avec plein de beaux témoignages, donc on prend beaucoup et on a des retours super gratifiants.

Il y a eu une projection qui devait être particulièrement émouvante, c’est celle qui s’est déroulée dans le centre même où vous avez tourné le film. Est-ce que c’était la plus émouvante ou est-ce que finalement il y a de l’émotion chaque soir? Qu’est-ce qu’elle avait de particulier cette projection?

Mehdi Idir: Il y a de l’émotion chaque soir mais c’est vrai que c’était particulier parce qu’on retournait sur ces lieux où on avait tourné pendant sept semaines et surtout sur le film on a fait tourner énormément de gens qui travaillent dans le centre ou qui étaient patients, ou même des familles de patients. Et du coup, c’était l’occasion qu’ils viennent tous voir le film ; ils se voyaient à l’écran et c’était très particulier.

Vous vous êtes posé la question de reconstituer ce centre en studio?

Grand Corps Malade: Le scénario je l’ai écrit en ayant les images de ce centre-là parce que c’est là que j’ai vécu l’histoire, donc au lieu d’aller recréer ça ou de chercher un truc qui ressemble, on est déjà allés voir sur place voir si c’était possible. Comme ça l’était, c’était beaucoup plus simple de le faire là, et comme c’est un centre de rééducation en pleine activité, tous les figurants du film sont de vrais patients et forcément ça donne un supplément d’âme au film. Le fait que les acteurs qui jouent des para et des tétraplégiques soient là au quotidien, puisqu’on dormait sur place, forcément ils se sont nourris de ces rencontres-là donc on n’aurait jamais pu faire le même film en studio.

Quelles sont les gageures à éviter quand on se lance dans un tel sujet et qui plus est pour un premier film?

Grand Corps Malade: D’un point de vue technique, plein de naïveté ou de défauts de débutant à essayer de compenser. Donc avec Mehdi, on a essayé de compenser ça par beaucoup de travail. On a fait un découpage technique très précis, très en amont,  pour essayer de pas laisser trop de place au hasard. Et après sur le sujet, ce qu’il faut éviter à tout prix, de l’écriture du scénario jusqu’au montage, on a travaillé là-dessus, c’est le pathos. Déjà parce qu’on n’est pas comme ça, on n’a pas envie de tirer la larme pour rien, et en plus parce que ce milieu-là est déjà tellement plein d’humour, d’énergie et d’auto-dérision que si nous on n’arrive pas à retranscrire ça, c’est qu’on est à côté de la plaque.

Ça n’a pas été très compliqué de retranscrire votre histoire et de co-réaliser avec quelqu’un qui n’avait pas vécu cette histoire?

Grand Corps Malade: Non, parce que tu n’as pas besoin d’avoir vécu cette histoire pour avoir des idées de réalisation, tu n’as pas besoin de connaitre les vrais personnages pour les diriger. On n’a demandé à personne d’imiter qui que ce soit, on n’a jamais demandé à Pablo de m’imiter moi. Pablo c’est son talent d’observateur d’aller prendre un petit geste ou une mimique, mais il a fait ça pour servir son rôle, celui d’un tétraplégique. Avec Mehdi, même sans qu’il ait vécu l’histoire, on s’est partagé le travail vraiment à 50/50.

Et justement Pablo, quelle était la part de challenge avec un rôle comme celui-ci. Comment avez-vous trouvé le ton et la mesure du personnage?

Pablo Pauly: Le challenge numéro 1 c’est de ne pas tomber dans le pathos, de montrer qu’il y a quand même un vrai humour handicapé, qu’il y a quand même beaucoup de vie dans ces centres-là. Moi j’avais Fabien et Mehdi avec moi qui connaissaient vraiment leur sujet sur le bout des ongles. Du coup, il n’y avait pas tant de pression que ça. Tu essayes d’être un peu calé, de savoir de quoi tu parles, de faire en sorte que tout le monde croie à ton personnage, mais j’avais deux réalisateurs avec moi qui m’ont accompagné de A à Z donc je n’avais pas de pression à ce niveau-là.

Comment expliquez-vous votre choix de ne prendre aucun comédien handicapé?

Grand Corps Malade: Ça aurait pu, on n’avait pas d’à priori, mais il se trouve que dans le casting on a dû voir 400 acteurs et on n’a dû en voir que 2 ou 3 en fauteuil roulant. Il y en a très très peu de toutes façons et encore moins dans les profils très précis qu’on cherchait. Ça aurait été un beau hasard que ceux qu’on a vus soient plus forts que les autres et comme ce n’était pas le cas, on a choisi ceux qui nous ont touchés. Pour nous, les cinq personnages principaux ça a été des évidences, avec Mehdi on n’a jamais hésité.

Mehdi Idir: Oui vraiment des évidences, il n’y a jamais eu de débat. On a fait un très long casting mais pour chacun ça a été « Ok c’est lui, c’est le rôle, c’est sûr et certain. »

Crédit: Fred Teper

Qu’est-ce qui a distingué Pablo ?

Mehdi Idir: Au départ, on avait décidé d’une limite de taille, pas moins d’1m89 et on cherchait plutôt des acteurs qui ressemblaient à Fabien et ces acteurs travaillaient deux scènes. Une scène avec Samia où ça se charme un petit peu et une scène où ça se chambre et où ça tchatche. Mais sur la partie où on cherchait ce ton banlieusard, ça bloquait, il n’y en avait aucun qui était bon là-dedans. A un moment donné on s’est dit qu’on allait enlever cette limite de taille et là le directeur de casting, David Bertrand, nous a dit tout de suite « Ok moi j’ai quelqu’un, je vais vous faire voir les essais que je lui ai fait passer pour un autre film » et c’était Pablo Pauly. On a vu ses essais, on a dit « Ok le mec est bon donc est-ce qu’on peut le voir? » Il est arrivé il avait une énorme coupe de cheveux, une grosse barbe rousse, et il a fait les mêmes scènes que les autres et ça a été tout de suite impeccable et il s’est imposé d’emblée.

A l’image on sent comme un esprit de troupe avec les autres comédiens. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez ressenti pendant le tournage?

Pablo Pauly: Même avant le tournage. C’était un peu ce qui faisait peur, devoir créer une bande de potes avec des gens qu’on ne connait pas. Très vite, il y a eu une émulation entre nous et Fabien et Mehdi nous ont vraiment cadrés. On a essayé plein de choses et petit à petit comme on adorait jouer ensemble, ça s’est très, très bien passé.

Est-ce que c’est facile quand on s’appelle Grand Corps Malade, qu’on a vendu 300 000 exemplaires du bouquin, de convaincre des producteurs de faire un film sur le handicap?

Grand Corps Malade: Pour le coup les producteurs ça a été facile. Les premiers qu’on a été voir, et non des moindres puisque c’était Mandarin Cinéma, ont adoré le scénario. Ils y ont cru, ils nous ont suivi sur notre choix de ne pas prendre d’acteurs connus… En revanche, les financiers ça a été beaucoup plus dur. On n’a aucune chaîne de télé hertzienne qui nous a suivis. Le sujet plus le fait qu’il n’y ait pas de grande star au box-office, pour eux c’est compliqué.

Intouchables ça n’a pas ouvert la voie?

Grand Corps Malade: La preuve que non! Intouchables ça parle un peu de handicap, mais ce n’est pas que ça. Intouchables c’est surtout la rencontre de deux mondes. Mais Intouchables, il y a Omar Sy et François Cluzet, donc là tu peux faire un film sur un jardinier, quand il y a Omar Sy et François Cluzet, tu trouves des sous.

En terme de mise en scène, vous tentez et réussissez quelques effets, notamment la vue subjective de Ben lorsqu’il est allongé ou les images qui s’accélèrent pour montrer le temps qui passe et qui s’écoule dans le centre. Est-ce que c’était pour imposer un point de vue d’auteur ou simplement pour faire avancer la narration?

Mehdi Idir: On s’est dit que l’on voulait essayer sur ce film d’allier le fond et la forme. Moi je viens du clip et comme Fabien n’est pas réalisateur, on s’est dit qu’il ne fallait pas faire trop d’effets et que si on en faisait, il fallait que l’on allie le fond et la forme. Du coup, ces petits moments clippés pour illustrer le temps qui passe, puisque le film se déroule sur un an, sont des plans très serrés qui sont en slow motion où à chaque fois on joue sur cette notion de dilatation du temps, mais qu’on a voulu non pas comme des montage de rushes, mais où on s’est dit qu’on allait plutôt essayer de trouver des concepts encore une fois pour allier le fond à la forme.

A propos de la chanson qui clôt le film, est-ce que vous avez hésité à l’enregistrer où est-ce que c’est quelque chose qui vous semblait naturel?

Grand Corps Malade: Ce qui était sûr en tout cas c’est que pendant tout le film il n’y aurait pas de chanson de moi, il n’y aurait pas ma voix. C’est aussi pour ça qu’il s’appelle Ben et pas Fabien, on essaye de rendre le personnage plus universel, on prend un peu de distances donc ce n’est pas pour en remettre une couche avec le slam. En revanche, ça m’intéressait d’écrire un nouveau texte sur mesure avec une autre manière d’aborder le thème du handicap et c’était une manière de signer le film quand même. Je me demandais si ce ne serait pas trop lourd mais tout le monde m’a conforté.

Le cinéma apparemment ça vous a plu. Vous avez des projets dans ce sens ? Avec Mehdi ?

Grand Corps Malade: Le livre je l’ai écrit comme un one shot et il se trouve que je n’ai pas eu envie de recommencer. J’ai fait ce film sans me dire que c’était le début d’une carrière, mais ça s’est tellement bien passé, on a pris tellement de plaisir qu’avec Mehdi on a rapidement envie de s’y remettre.

Et vous Pablo, derrière c’est quoi la suite?

Pablo Pauly: D’être prudent, que Patients se passe bien et voir ensuite ce qui peut être intéressant ou pas. J’ai vachement grandi après ce film-là. Je suis vraiment très très fier de faire partie de cette aventure.

 

Merci aux autres participants à cet entretien: Faire face et Respects Mag

Un immense merci à Morgane Paul de l’agence Okarina

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Journaliste pôle séries et La Loi des Séries, d'Amicalement Vôtre à Côte Ouest, de Hill Street Blues à Ray Donovan en passant par New york Unité Spéciale, Engrenages, Une famille formidable ou 24, la passion n'a pas d'âge! Liste non exhaustive, disponible sur demande!
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