Début février Keanu Reeves et le réalisateur Chad Stahelski étaient à Paris pour parler devant la presse de John Wick 2. Morceaux choisis.
John Wick 2 était très attendu. Non seulement le premier film avait surpris mais il avait beaucoup plu aux spectateurs et l’univers déployé dans le premier volet méritait d’être développé ce qui justifiait pleinement l’existence d’une suite. John Wick 2 va au-delà de nos espérances les plus folles en proposant un concentré d’action pure et dépassant en tous points l’original. Autant dire que la tâche n’était pas aisée. Le réalisateur et sa sa star étaient à Paris le 7 février dernier et ont donné une conférence de presse dans un palace parisien. Radio VL était dans la salle pour recueillir leurs propos.
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Réussir une trilogie
Chad Stahelski: « Pour réussir une trilogie, il faut un personnage important, un univers qui soit vraiment palpable et intéressant et puis bien entendu une mythologie derrière une histoire, il s’agit de la narration. Ce qui est important c’est la façon de raconter une histoire. Lorsque nous avions fait le premier John Wick on a ressenti qu’on n’avait pas fini de raconter l’histoire de John Wick et on avait envie de poursuivre cette aventure et on a senti que le public lui aussi avait envie de suivre. Il ne s’agit pas simplement d’une histoire banale, il s’agit vraiment de dérouler une histoire qui ait une ampleur dramatique. »
L’entraînement
Keanu Reeves: « C’est un entrainement qui avait commencé avec le premier film et qui s’est poursuivi avec celui-ci en quelque sorte mais c’est vrai qu’il y avait plus de judo, de Ju-Jitsu, beaucoup plus d’usages d’armes à feu et de cascades de voiture… Ça a pris quelques mois… »
Chad Stahelski « 5 à 6 heures par jour »
Keanu Reeves: « Mais non! Ne faites pas attention à ce qu’il dit. »
Chad Stahelski: « C’était beaucoup plus que ça »
Keanu Reeves: « Oui bon d’accord c’était beaucoup plus mais peu importe! On a essayé d’atteindre un niveau supérieur. »
L’alternance entre films d’action et films d’auteur
Keanu Reeves: « J’ai été très chanceux ces deux dernières années d’alterner John Wick 2 avec The Neon Demon de Nicolas Winding Refn ou encore de travailler avec Ana Lily Amirpour (pour The Bad Batch, NDLR)par exemple et c’est un équilibre qui me convient parfaitement parce que j’ai toujours voulu explorer différents genres. C’était une belle année. »
L’influence des soeurs Wachowski
Chad Stahelski : « Pour moi les sœurs Wachowski ont une influence majeure sur mon travail notamment en matière de création d’univers, l’importance des détails, que chaque chose soit importante, le ton, du stylisme aux costumes en passant par le casting. Elles m’ont montrées comment rendre un monde à la fois extraordinaire et même temps crédible ce qui contribuait notamment sur la trilogie Matrix à l’immersion totale du public ce qui était vraiment extraordinaire. Définitivement, travailler avec elles c’était comme fréquenter l’équivalent de Harvard en école de cinéma… »
Keanu Reeves: « Évidemment il y a une influence mais c’est surtout que Chad et moi sommes de la même école et que nous avons cette connexion car nous sommes passés tous les deux par l’expérience Matrix. Lorsque nous travaillons ensemble on se comprend. Mais pour moi en tout cas ça m’a permis surtout de comprendre une sorte d’esthétisme cinématographique, une forme de travail et ça nous a permis de forger un lien qui est encore palpable aujourd’hui. »
Chad Stahelski: « C’est une des meilleures périodes de nos vies donc ça nous rappelle forcément des souvenirs »
Les influences
Chad Stahelski: « Les plus grosses influences sont Akira Kurosawa, Sergio Leone spécialement pour les focales anamorphiques, pour passer de plans très larges à des plans très serrés, c’est définitivement Sergio Leone. Mais aussi Bernardo Bertolucci pour les objectifs et les cadrages que nous avons utilisés. En ce qui concerne l’action, beaucoup de John Woo, de Yuen Woo-Ping, beaucoup de cinéma asiatique et Sergio Leone encore, notamment avec la trilogie du Dollar qui est notre plus grosse influence. On a aussi voulu donner une teinte 70’s au film en la combinant à un nouveau look. Mais artistiquement, il est évident que les sœurs Wachowski ont eues une énorme influence et je pense que le style du film vient de là.
La présence de Lawrence Fishburne
Keanu Reeves: « Lawrence Fishburne et moi nous sommes amis et on se voit plusieurs fois par an pour parler de tout, de la vie et une fois il m’a dit à quel point il aimait le premier John Wick et je lui ai dit « Vraiment? « sur un ton très surpris et alors je lui ai demandé si il voulait nous rejoindre. Il m’a dit de lui envoyer un scénario et j’ai appelé Chad et je lui ai dit « Mec, Lawrence Fishburne veut lire le script. »
Chad Stahelski: « Et je le lui ait envoyé immédiatement et Lawrence est revenu très rapidement vers nous, le jour même il me semble, ça s’est fait très simplement. D’habitude avec Keanu et le scénariste Derek Kolstad, lorsque nous créons un personnage, nous avons quelqu’un en tête et là c’est à Lawrence que nous pensions. Mais ça ne signifiait pas à ce moment là qu’il aurait voulu du rôle et c’était une belle surprise qu’il soit intéressé. C’était drôle et c’était une bonne semaine. »
La scènes des miroirs
Chad Stahelski: « La scène des miroirs c’est un hommage à Opération Dragon dont nous sommes de grands fans, mais on ne voulait pas seulement faire quelque chose qui soit juste focalisé sur de l’action, mais qui soit aussi intelligent et avec une vision artistique. On s’est dit que c’était une belle idée de faire cette scène dans un musée, que c’était un bon endroit pour une fusillade et de faire en sorte que cette pièce des miroirs soit une exposition intitulée « les reflets de l’âme » et que ces œuvres appartiennent au méchant. On a beaucoup filmé live en utilisant tous les trucs possibles que nous permettent les caméras d’aujourd’hui. On a eu recours aux effets numériques quand il n’y avait pas d’autres alternatives. L’équipe technique est vraiment très intelligente. »
La personnalité de John Wick
Keanu Reeves: « Ce qui me touche dans ce personnage c’est son chagrin qui est profond et le fait qu’il se sente piégé. J’aime la force dont il fait preuve mais aussi sa vulnérabilité. Où va t-il aller et que va t-il devenir? Je pense qu’il y a une chose qui va rester chez lui, c’est que c’est un homme qui est profondément passionné et que c’est un homme qui a un passé difficile et complexe. »
Pourquoi Rome?
Chad Stahelski: « On souhaitait développer l’univers et montrer que dans la mythologie John Wick le Continental est présent non seulement à New-York, à Rome mais aussi dans le monde entier et dans toutes les capitales du monde comme d’ailleurs il existe la pègre dans toutes les capitales du monde et donc qu’il y a un Continental dans chaque grande ville. On a pensé que Rome était le parfait compromis entre le moderne et l’ancien et dans l’univers esthétique de John Wick, tout est beau et Rome s’y prêtait à merveille. Peut-être que ce sera Paris la prochaine fois. »
Les cascades
Keanu Reeves: « Je ne fais pas de cascades. Les cascadeurs font cela très bien. Mais c’est vrai que je suis évidemment dans l’action parce que j’adore ça. Et puis je crois que lorsqu’on incarne un tel personnage cela fait partie de la structure dramatique du film et je crois qu’en tant qu’acteur et pour le public, c’est très important que l’on sente que c’est vraiment moi, c’est une expérience presque immersive et pour moi c’est très important »
Chad Stahelski: « Lorsque Keanu joue ces scènes de combat, il s’implique autant qu’il le peut dans l’action, il donne vraiment tout ce qu’il peut pour qu’on ait la sensation que le personnage est dans l’action, c’est vraiment magique et ça s’avère être l’un des meilleurs arguments pour John Wick. L’honnêteté du personnage révèle sa force et sa personnalité et ça correspond aussi à l’honnêteté de l’acteur.
Une série télé John Wick en projet?
Chad Stahelski: » Le studio Lionsgate a montré son intérêt pour l’idée d’une série télé basée sur le personnage de John Wick parce qu’ils pensent que le mythe qui entoure John Wick va parfaitement avec le modèle des séries télévisées. Pour le moment c’est en développement, je sais que Lionsgate est en train de parler avec plusieurs scénaristes, c’est ce qu’on appelle la phase de développement créatif mais nous en sommes aux balbutiements du processus, mais c’est vrai que c’est un personnage qui m’est cher, j’aimerais bien faire partie de ce projet. »
Merci à Zvi David Fajol de Mensch Agency