Difficile ces derniers temps de passer à côté de la franchise Lastman. Bande dessinée écrite et dessinée par Bastien Vivès, Balak et Michaël Sanlaville, elle décide en 2016 d’élargir ses horizons. Après un passage par la case jeux vidéo avec le jeu Lastfight, la voilà qui tutoie l’animation sur France 4. Retour sur le phénomène venu de France.
La bromance comme point de départ
Vous connaissez peut-être déjà ses auteurs sans le savoir. Malgré son jeune âge, Bastien Vivès n’en est pas à sa première œuvre, ni même à son premier succès. Déjà détenteur de plusieurs prix pour Le Goût du chlore et Polina, son style de dessin se conjuguant au pluriel fait de lui un auteur polyvalent. Son compagnon de crayon, Michaël Sanlaville avec qui il avait déjà dessiné Hollywood Jan est également dessinateur de Rocher Rouge et auteur de Fléau Vert. En 2007, ils lancent KSTR au sein de Casterman, un label innovant se voulant « l’équivalent graphique et narratif du rock d’aujourd’hui ». Yves Bigerel ou Balak quand à lui est avant tout animateur ayant déjà participé à plusieurs court-métrages. Il est connu notamment pour la mini-série Les Kassos sur Canal+. Tout ce petit monde s’étant rencontré à l’école d’animation des Gobelins se sont unis pour créer Lastman.
Pré-publié sur le site Delitoon depuis 2013, Lastman suit les aventures de Richard Aldana, un boxeur ayant atteint la Vallée des Rois, cité légendaire où les habitants côtoient la magie. Bien que française, cette bande dessinée ne se veut pas chauvine. Piochant ses inspirations et ses références culturelles un peu partout, les auteurs qualifient Lastman comme un « manga à la française » . Du noir et blanc à la mise en page en passant par le dynamisme, la frontière avec une bande dessinée japonaise est fine. Quand bien même, ses influences ne se limitent pas là. On retrouve en effet dans Lastman de grandes traces aussi bien de comics que de cinéma américain. Un mélange hétérogène mais diablement efficace ! Et le public est au rendez-vous ! 15 000 exemplaires sont vendus en moyenne par tome avant la diffusion de la série télévisée ! Un succès qui n’est pas près de s’estomper pour cette série prévue en douze volumes.
Des bulles et des pixels
Quand bien même, les créateurs ne pouvaient pas s’arrêter là et comptaient bien étendre leur univers vers d’autres supports. Pour une œuvre comptant de nombreux combats, quoi de mieux que le jeu vidéo ? C’est ainsi qu’est né le projet LastFight développé par le studio Piranaking créé pour l’occasion. Proposé par Bastien Vivès à l’équipe de développement en 2014, le projet se concrétise et sort deux ans et demi plus tard d’abord sur PC via Steam puis sur console. Jeu de combat marchant sur les pas de Power Stone, il propose jusqu’à 4 joueurs de s’affronter dans des combats aux allures résolument arcades. On y retrouve bien entendu des personnages de la bande dessinée, mais aussi des protagonistes originaux créés pour l’occasion. Dans ce jeu, les créateurs adressent leur amour pour les jeux de combat de leur enfance, Power Stone bien entendu, mais aussi Street Fighter et Super Smash Bros.
L’animation, un projet impossible ?
Plus tard, les créateurs décident de se lancer dans un pari encore plus fou. Adapter Lastman à la télévision et en faire la première série d’animation française pour adulte. Impossible dans un pays où on dit que l’animation est réservée à un public familial ou pour enfant ? Le défi est pourtant relevé ! Le projet prend naissance au sein du studio Je Suis Bien Content, connu pour avoir réalisé les films Persepolis, Le jour des corneilles, Avril et le monde truqué ou la série Nini Patalo. C’est Jérémie Périn, déjà réalisateur des clips Flairs Truckers Delight et DyE Fantasy, qui est chargé de la réalisation. Mais le départ d’un des investisseurs pousse l’équipe à se tourner vers le financement participatif pour produire la seconde moitié de la série. Ce financement ne rencontrera finalement qu’un demi-succès par rapport à la somme désirée.
Malgré tout, la série est terminée à temps et est diffusée sur France 4 en novembre 2016. Préquelle de dix ans à la bande dessinée, on y retrouve Richard Aldana dans la ville de Paxtown en proie à des phénomènes paranormaux. Fidèle à l’hétérogénéité de la bande dessinée, la série d’animation mélange polar et sports sur fond de fantastique. Atypique pour la télévision française, le public est pourtant au rendez-vous. Diffusée en deuxième partie de soirée, elle rassemble un audimat dépassant les 150 000 téléspectateurs ! Un succès surprise qui, on l’espère, aboutira sur de nouvelles aventures tirées de la franchise à l’avenir !
Poing final
Une chose est sûre, nous n’avons pas fini d’entendre parler de Lastman. Phénomène ayant su dépasser les frontières de la bande dessinée, qui sait ce qu’elle nous réserve à l’avenir ? En tout cas, on souhaite à ses créateurs et à ceux ayant permis d’étendre son univers de continuer sur cette voie. Et bien entendu, à ceux ne connaissant pas cette franchise de la découvrir, que ce soit sur papier, manette en main ou sur le petit écran !
Liens utiles :
Lastman sur le site de Casterman et sur Delitoon