Depuis quelques décennies, on assiste à l’émergence de l’intelligence artificielle, et les robots envahissent à présent notre quotidien. Mais peuvent-ils aussi avoir un rôle à jouer dans notre vie professionnelle ?
La technologie fait depuis longtemps partie du travail des journalistes, correcteurs orthographiques et autres logiciels s’avérant souvent bien utiles au quotidien. Qui n’a ainsi jamais douté du subjonctif passé du verbe « savoir » et s’est empressé d’interroger Word ?
L’automatisation du travail journalistique s’est faite jusqu’ici de manière naturelle. Cela fait plusieurs années que des sites Internet comme Buzzfeed utilisent des algorithmes pour créer des listes ou que le Los Angeles Times a recours à des logiciels qui écrivent des articles à la place des journalistes ; on se souvient ainsi du robot qui avait publié un article sur un tremblement de terre seulement trois minutes après l’événement.
Le procédé semble à présent se généraliser à des quotidiens français comme Le Monde. Dimanche dernier, le journal a ainsi utilisé la génération automatique de textes pour rendre compte du résultat des départementales. Les résultats de plus de 30 000 communes et 2 000 cantons étaient ainsi disponibles sous forme de données chiffrées brutes et de courts textes de présentation – 30 000 au total ! Ces derniers ont été écrits grâce au logiciel développé par la société Syllabs, qui se propose entre autres de collecter et filtrer les informations sur la toile.
A l’heure où la presse papier doit s’adapter au tournant numérique, le développement de ce type de robots éveille bien évidemment les soupçons. Qu’on se rassure pourtant, ces textes sont avant tout des synthèses de données et adoptent un style, aussi précis soit-il, très neutre. Ils servent avant tout à présenter une grande quantité d’informations, rapidement. Le lecteur a donc la charge de trouver l’information qui l’intéresse au milieu d’une montagne de données. Cependant, comme l’a déclaré le directeur adjoint des rédactions du Monde Luc Bronner : « «Si ce travail ouvre de nouvelles perspectives, et offre de nouveaux services à nos lecteurs, il ne remplace en rien le journalisme.»