Dernier festival d’ampleur de cet été 2015, Rock en Seine reste un festival à part avec une programmation tout aussi éclectique que son public.
Ça y est. La fin de l’été est là. Les fournitures scolaires débordent dans les supermarchés, les bronzages s’estompent et même Pujadas a repris sa place au JT de 20h. Ça pue la rentrée à plein nez. Seul moyen de faire perdurer encore quelques instants de cet été qui se termine, un festival. Au grand air si possible et avec une météo clémente. La prog ? On s’en fout. On veut de la musique forte, pouvoir continuer à être en short ou en robe, faire des selfies Clubmaster de chez Ray-Ban sur le nez et aussi parce qu’il y a Kasabian. Rock en Seine est donc l’endroit tout choisi, à l’ouest de Paris, sur la route pour aller à Deauville mais en bien moins cher. C’est donc ce 28, 29 et 30 août que les lignes 9 et 10 du métro parisien transbahutent par paquet de douze ces condamnés à une rentrée inévitable, chargés à bloc de l’énergie du désespoir, prêts à lâcher leurs dernières ressources – monétaires aussi – dans la bataille.
Outre les dernières tendances présentes (Wolf Alice, Jeanne Added, Benjamin Clementine) de vieux briscards ont fait leur apparition plus tard dans la soirée, histoire de raviver quelques souvenirs pour certains. Le public a apprécié la performance velue de Rodrigo Y Gabriela qui ont quand même tapé deux fois dans le répertoire de Metallica (Orion et Battery), un public conquis surtout parce que ce n’était pas Metallica qui le jouait. L’effet magique d’un beau sud-américain sur une guitare acoustique… La suite, prometteuse, allait tenir son quota de guitares saturées. La présence d’Offspring cette année n’a pas échappé aux punks et collégiens de tous bords faisant du groupe l’évènement le plus attendu de ce vendredi soir. Le badge avec la tête de mort enflammée jaune et rouge ? Sur un sac Eastpak noir destroy calé entre un A d’Arnachy dessiné au Bic et un autre badge de Marilyn Manson ? Oui c’était bien un groupe de rock et pas juste une faute de goût de collégien. D’ailleurs ces collégiens ont grandi et ils étaient là. Torse-nus, remplis de bière et leurs vieilles Vans aux pieds prêts à jouer des coudes.
Dexter Holland, le chanteur d’Offspring et sosie de Jack Bauer à ses heures perdues. ©Olivier Hoffschir
Dès l’arrivée de Dexter Holland, le chanteur, on sent que les années ont filé embarquant avec lui un embonpoint prêt à faire trembler n’importe quelle planche de skate dont il s’approcherait. Mais Offspring reste un grand groupe et c’est dès les premières notes qu’on le reconnaît. Rapides, précis, puissants, la formule agit toujours et souffle tout sur son passage jusqu’à la scène de Miossec qui jouait en même temps que les californiens. L’importuné aurait appelé à ce qu’on «achète des skates à ces vieux punks pour qu’ils se taisent». Entre Offspring et Kasabian, qui éteignait les lumières de la grande scène pour ce vendredi soir, Fauve se produisait pile entre les deux. L’occasion pour les vrais rebelles de crier en chœur «Va te faire enculer !» iPhone 6 à la main et la rage au ventre après l’annonce du collectif de «faire une pause» après une tournée ininterrompue de deux ans. Aux alentours de 23h c’est aux anglais de Kasabian de prendre le relais et d’assurer un show sons et lumières à la hauteur de leur réputation. Avec quelques reprises comme People Are Strange des Doors et Praise You de Fatboy Slim, le public s’éteint calmement jusqu’à un rappel de trois chansons explosives filant un dernier coup de fouet aux festivaliers pour se motiver à reprendre le métro mais à revenir d’attaque le lendemain pour leurs compatriotes des Libertines qui en général aiment quand ça bouge fort dans la fosse.