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Royaume-Uni : Le point sur les élections législatives

Jeudi 7 mai les Britanniques se rendront aux urnes – pour renouveler la Chambre des Communes et choisir le premier ministre – et l’issue des scrutins reste toujours très floue. À la veille des élections générales britanniques revenons sur les différents arguments des candidats.

A l’heure où le Royaume-Uni est sous les feux des projecteurs avec la naissance de la princesse Charlotte, un autre événement fait également la une des médias britanniques. Demain, jeudi 7 mai, auront lieu les élections législatives (« general elections ») au Royaume-Uni et elles s’avèrent cruciales pour le pays, dans la mesure où la réélection de David Cameron pourrait aboutir à un référendum sur l’appartenance du pays à l’Union Européenne et son éventuelle sortie.

Pour rappel, la Chambre des Communes est constituée de 650 députés élus au suffrage universel direct tous les 5 ans. Elle dispose de la grande majorité des pouvoirs du Parlement qu’elle forme avec la Chambre des Lords et est à l’initiative des lois. Elle approuve également les dépenses et impôts.

Ni Conservateurs ni travaillistes ne semblent disposer d’une large majorité. C’est pourquoi demain, le Parlement britannique pourrait devenir, pour la troisième fois de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale, un hung parliament – un parlement sans majorité absolue.

Les experts et chercheurs en politique constatent un changement dans le système politique, où l’on se dirige vers une sorte de bipartisme imparfait. Des chercheurs de la London School of Economics (LSE) ont ainsi prédit que les deux principaux partis – conservateur et travailliste – n’obtiendraient chacun que 40 % des sièges. Les Libéraux Démocrates, le parti de Nick Clegg et troisième parti traditionnel, n’est crédité que de 8% des intentions de vote.

L’économie et la gestion du déficit, le système de santé et l’appartenance à l’Union Européenne sont entre autres les thèmes qui ont été abordés pendant cette campagne.

Quelles sont donc les promesses et revendications des différents partis ?cameron-miliband-farage-sturgeon-

Le Parti Travailliste (Labour) et Ed Miliband : Gravés dans la roche

Ed Miliband a dévoilé dimanche une grande pierre qu’il prévoit d’installer dans le jardin du 10 Downing Street – la résidence du Premier ministre – avec les 6 promesses qu’il s’engage à tenir, suscitant de nombreuses remarques. Il a ainsi expliqué à la BBC que contrairement aux Lib Dems qui ont changé d’avis sur les frais universitaires lors des élections, les engagements du parti travailliste étaient « gravés dans la roche » et qu’ils s’y tiendraient. Ed Miliband promet ainsi : «une meilleure base économique, un meilleur niveau de vie pour les familles de travailleurs, un système de santé qui prend le temps de soigner, le contrôle de l’immigration, un pays où la prochaine génération peut faire mieux que la précédente, des maisons à acheter et des loyers modérés».

La pierre du travail

La pierre du travail

Fortement décrié au début de sa campagne – « trop à gauche », « étrange », « peu charismatique » -Ed Miliband est à présent un candidat sérieux, complètement adoubé par Tony Blair, dont le slogan préféré est « promettre moins pour réaliser plus ».

Au centre de sa campagne : la lutte contre les inégalités. Le parti travailliste souhaite ainsi restaurer le taux d’imposition de 50% pour les revenus supérieurs à 150 000 livres par an, supprimé par David Cameron. A l’inverse, les prélèvements seront réduits pour les foyers fiscaux modestes avec l’instauration d’une tranche d’imposition à 10%.

Le Labour souhaite d’autre part accorder au système de santé, le National Health Service (NHS), 2,5 milliards de livre supplémentaires par an pour augmenter le personnel médical.

Sur le thème de l’immigration, le parti travailliste s’engage à réduire le nombre d’immigrants sans pour autant donner d’indications sur la manière de s’y prendre.

Le Parti Conservateur et David Cameron : un plan économique sur le long terme

Les différentes mesures proposées par le parti travailliste sont dans l’ensemble partagées par le parti conservateur, bien que ce dernier soit bien moins modéré.

Les conservateurs souhaitent avant tout conserver le pouvoir pour poursuivre la politique d’austérité économique qu’ils ont commencée ; le déficit budgétaire a été réduit de moitié depuis le début de leur mandat ce qui pourrait jouer en leur faveur.

David Cameron va encore plus loin qu’Ed Miliband en promettant une réduction de l’impôt des ménages modestes, et en mettant en place un allègement de la tranche d’imposition à 40% pour les classes moyennes.

De plus, les Tories promettent 8 milliards de livres pour le NHS mais veulent réduire les prestations sociales de 12 milliards de livres par an.

Le parti conservateur veut réduire drastiquement l’immigration et, une des grandes différences, David Cameron veut lancer un référendum sur une éventuelle sortie de l’Union Européenne.

Lors du débat télévisé réunissant il y a quinze jours les partis d’opposition, Nicola Sturgeon avait d’ailleurs souligné la ressemblance de ces programmes et critiqué les propositions du parti travailliste, qu’elle considère comme une version allégée de celles des conservateurs.

Une alliance possible

La probable absence de majorité va conduire le parti vainqueur à s’allier à un autre parti ou à espérer que de plus petits partis leur apportent leur soutien. Parmi eux, on retrouve le United Kingdom Independence Party (UKIP, parti eurosceptique et populiste, dirigé par Nigel Farage) et les Verts (Greens, parti écologiste, avec à sa tête depuis mercredi Richard di Natale), mais aussi les partis indépendantistes comme le Scottish National Party (SNP, le Parti national écossais, dirigé par Nicola Sturgeon) ou Plaid Cymru (parti du Pays-de-Galles dirigé par Leanne Wood).

UKIP et Nigel Farage : Brexit

Le parti Ukip de Nigel Farage qui avait obtenu 25% des voix aux élections municipales et européennes en 2014 est à présent crédité de 13% des intentions de vote et représente la 3e force du pays. Pourtant sans région majoritaire, de par le mode de scrutin, le parti ne devrait remporter que 5 sièges.

Ukip base essentiellement son programme sur la sortie de l’Union Européenne du Royaume-Uni et une immigration très contrôlée et limitée. Les éventuels candidats à l’immigration devraient parler anglais et avoir trouvé un logement avant de s’installer dans le pays. Pour faire économiser de l’argent à la NHS, les migrants potentiels devraient également avoir une assurance maladie privée.

Le SNP et Nicola Sturgeon : Une victoire probable en Écosse

Le mode de scrutin anglais pourrait profiter au Scottish National Party (SNP), le parti indépendantiste écossais, qui est en tête des sondages en Écosse. Selon les prévisions, il pourrait ainsi remporter la quasi-totalité des 59 sièges. Si le leader travailliste rejette pour le moment une éventuelle coalition avec le SNP, ce dernier représente un allié de poids – le parti écossais disposant de 100 000 membres. Pour les conservateurs le parti national écossais veut « briser » le Royaume-Uni. Après le référendum de novembre, Nicola Sturgeon « la femme la plus dangereuse du Royaume-Uni » selon le DailyMail, souhaite toujours obtenir l’indépendance de l’Écosse et rappelle qu’elle est contre l’arsenal nucléaire écossais.

Demain sera le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume-Uni avec la possibilité d’un hung parliament. Les urnes fermeront à 22h et les résultats approximatifs devraient être annoncés à partir de 23h.

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