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Le salut de Hunger Games, symbole des résistants Thaïlandais

Les opposants au coup d’Etat militaire en Thaïlande ont fait leur le salut de la fameuse saga Hunger Games, allégorie de la lutte d’une population opprimée par le pouvoir en place. Ou quand la fiction rejoint la réalité.

L’index, le majeur et l’annulaire : trois doigts dressés en signe de protestation. C’est en faisant ce signe que les Thaïlandais refusant la junte à l’origine du putsch du 22 mai dernier postent des photos d’eux sur les réseaux sociaux. A l’image de la fille du milliardaire et ancien Premier ministre, Thaksin Shinawatra, renversé par un précédent coup d’Etat en 2006. En effet, depuis cette date,le royaume est englué dans une série de crises entre les ennemis (principalement les élites de Bangkok, la capitale, proches du roi Rama IX et soutenues par l’armée) et les partisans de Thaksin Shinawatra (en majorité les masses populaires du Nord qui voient en lui une menace pour la monarchie).

 

Un geste fort et éloquent

« Montrer les trois doigts est devenu un symbole pour appeler à des droits politiques de base », a expliqué sur Facebook Sombat Boonngamanong, célèbre militant activement recherché par la junte.

Car, si ce geste a été adopté par les Thaïlandais opposés au régime militaire actuellement en place, ce n’est pas par hasard. En effet, il est hérité de la saga cinématographique Hunger Games, inspirée des romans de l’américaine Suzanne Collins. Une dystopie plutôt réaliste dans une Amérique post-apocalyptique où les plus pauvres sont parqués dans des districts et maintenus sous le joug d’un Capitole oligarque et totalitaire. Jusqu’à ce que la révolte, que dis-je, la révolution, renverse le pouvoir. Un soulèvement populaire prenant pour signe de ralliement un bras dressé vers l’avant avec les trois doigts du milieu levés. Prophétique ?

Extrait de Hunger Games durant lequel les protagonistes font le fameux salut (1:40) :

[youtube id= »Ja17UsRYmWo »]

Résistance pacifique

Brad Adams, responsable de l’ONG Human Rights Watch en l’Asie, confirme cette idée : « Le salut à trois doigts des Hunger Games, emprunté par les manifestants à Bangkok, est un acte symbolique de défi pacifique pour ceux qui reconnaissent (comme les rebelles du film) qu’ils n’ont pas beaucoup de chance de succès, mais qui décident avec courage de faire entendre leur voix malgré tout ».

Un geste marquant donc, mais que certains Thaïlandais justifient également comme étant une référence à la devise française dont les trois principes sont « Liberté, Egalité, Fraternité ». Un triptyque démocratique fondateur, héritage de la Révolution de 1789, et qui influence beaucoup de manifestants militant pour la démocratie. D’ailleurs, parmi ces derniers, quelques-uns ont été vus lisant 1984, le fameux roman de George Orwell dénonçant un futur où le totalitarisme (sous les traits de Big Brother) règne en maître. Autant de manières d’apporter sa pierre à l’édifice de la rébellion sans pour autant faire couler le sang.

Mais cette résistance qui ose braver avec non-violence la loi martiale du leader de la junte,le général Prayut Chan-O-Cha, déplaît fortement au pouvoir militaire. Il faut dire que celui-ci a suspendu la démocratie et largement limité la liberté d’expression depuis qu’il dirige le pays. Ainsi, « Si les manifestants se rassemblent, avec plus de cinq personnes et montrent le symbole des trois doigts, ils sont dans l’illégalité »  et risquent alors d’être arrêtés, a affirmé le porte-parole de la junte Winthai Suvaree à la presse. Mais grâce à Internet, ce « printemps thaïlandais » dépasse à présent les frontières. Et à cela, la junte ne peut rien faire.

Le salut de Hunger Games, symbole des résistants Thaïlandais

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