Depuis plus d’un an qu’il n’est plus président de la République, on entend parler à tort et à travers d’un retour de Nicolas Sarkozy aux affaires. Bruits de couloirs ou rumeur fondée ?
On le savait conférencier à travers le monde : Montréal, Londres, l’ancien chef d’Etat est partout. Mais si cette présence internationale lui conférait jusqu’alors une certaine visibilité dont on ne savait s’il l’exploiterait à des fins politiques, les choses semblent aujourd’hui plus claires. S’entourant progressivement de ses anciens collaborateurs comme le politologue Patrick Buisson ou la rédactrice de ses programmes de campagne de 2007 et de 2012, Emmanuelle Mignon, Nicolas Sarkozy se prépare. Et s’il avait, lors de sa défaite, annoncé son retrait de la vie politique française, il a, depuis, évoqué un possible retour conditionné par une éventuelle montée des extrêmes.
Il en parlait, c’est arrivé. Les élections législatives partielles de Villeneuve-sur-Lot incarnent ce que craignait l’ancien président : avec un second tour UMP-FN dans un fief acquis à la cause socialiste, le parti de Marine LePen accroit un peu plus sa visibilité tout en affichant ses ambitions.
« Comme un lion en cage »
Outre cette montée des extrêmes, c’est aussi l’attente que suscite l’ex-président Sarkozy qui semble le pousser à entreprendre un come-back. Entre « Les amis de Sarkozy », un groupement de fidèles parmi les fidèles, ou les déclarations publiques réclamant son retour, l’ancien chef d’Etat se fait désirer, à l’image de la récente profession de foi de Geoffroy Didier, secrétaire général adjoint de l’UMP : « Je souhaite effectivement le retour de Nicolas Sarkozy parce que je pense que nous avons besoin de son expérience et de son autorité ».
Ajouté à sa propre envie ou à celle de ses partisans, le bilan du gouvernement Ayrault plaide aussi en faveur d’un retour du charismatique leader de l’UMP : un taux de chômage élevé, des couacs à répétitions et une situation économique qui n’en finit plus de se dégrader.
Cette envie, d’une partie de la population, de renouveau, de rupture avec le gouvernement au pouvoir, M. Sarkozy en a clairement conscience. Et c’est aussi cela qui semble le motiver et développer son « appétence » comme le dit Brice Hortefeux, fidèle soutien de l’ancien Maire de Neuilly-Sur-Seine.
Un désir, quels moyens ?
Mais si l’envie est belle et bien présente, l’ancien président a-t-il les moyens de revenir ? Plusieurs obstacles semblent effectivement se dresser sur le chemin d’un retour en politique du président déchu.
D’abord, il y a les « affaires » : Tapie/Lagarde, Bettencourt, Karachi ou même le scandale des versements à Guéant semblent être autant de freins à un come-back de Nicolas Sarkozy en politique. Et à mesure qu’évoluent, par le biais de la justice, ces affaires, Nicolas Sarkozy semble sur la bonne voie pour ressortir blanchi de ces accusations qui nuisent à son image. En témoignent son statut de témoin assisté dans le cas Bettencourt ou son dédouanement par Bernard Tapie lui-même dans le scandale impliquant l’homme d’affaire.
Ces embuches derrière lui, l’ex-chef d’Etat devra aussi faire face à une autre entrave : la concurrence de la relève.
Après son échec de 2012 et son retrait de la vie politique, le chef de file UMP a dû laisser sa place. S’en suivait la lutte interne de la fin d’année 2012 au sein de la famille politique gaulliste et l’émergence de plusieurs leaders dont deux tirèrent leur épingle du jeu : Jean-François Copé et François Fillon.
Les deux hommes, tous deux proches de Nicolas Sarkozy par le passé, aspirent aujourd’hui à le remplacer, à rassembler sous leurs bannières les troupes de l’ancien président afin d’être portés, comme lui auparavant, à la présidence du pays en 2017.
Mais s’ils ont tous deux exprimés leurs volontés de pouvoir, la base sarkozyste, sur comme en dehors de l’UMP, semble encore solide et les soutiens à l’ancien maire de Neuilly encore nombreux.
Des envies de plus en plus affichées
S’il pense à son retour dans la vie politique, Nicolas Sarkozy n’en avait jamais publiquement parlé jusqu’alors. Mais la situation apparaissant toujours plus propice à son renouveau, l’ancien président affiche de plus en plus ses ambitions. Ainsi, et même si les conférences auxquelles il participe se déroulent en l’absence des médias, plusieurs auditeurs du dernier colloque tenu par l’ex-député des Hauts-de-Seine, à Londres, le 3 juin dernier, rapportent que celui-ci ne cacherait plus ses envies, les affichant publiquement désormais.
Mais l’opération reconquête ne s’arrêtera sans doute pas là : Nicolas Sarkozy envisage la prochaine sortie d’un livre, un mea culpa doublé d’ambitions affichées en vue d’amorcer un retour. Retour qui pourrait intervenir, à en croire les sarkozystes, après les élections municipales et européennes de 2014. A croire que ni la défaite, ni la justice n’auront suffi à stopper la détermination du président déchu.