« Syndrome d’épuisement professionnel », « maladie des temps modernes » ou encore « mal de ce début du XXIe siècle », ces expressions font toutes écho au même débat, celui du « burn out ». En effet, ce terme dont tout le monde parle depuis plusieurs mois n’a de cesse d’interroger médecins, actifs et bien sur… politiques! Ce mercredi 24 juin, le Sénat, majoritairement à droite, a décider de mettre fin au suspens en retirant le « brun out » de la liste des maladies dites professionnelles. Petit état des lieux du débat.
Un projet socialiste qui s’inscrit dans le dialogue social
Cette fameuse liste des maladies professionnelles avait vu le jour lors du débat sur le projet de la loi sur le dialogue social, connue aussi sous le nom de « loi Rebsamen », adoptée le 2 juin dernier. Ce texte était apparue dans un contexte particulier, où patronat et syndicat avait choisi de donner à l’exécutif le rôle de médiateur au milieu des négociations sociales. Mais dès le début, le texte suscite critiques et désaccords, notamment sur la question du « burn out » qu’il met en avant.
D’après les socialistes, quant à eux majoritaires à l’Assemblée, un amendement devait être adopté, reconnaissant ainsi que certaines conditions de travail peuvent amener à des « pathologies psychiques » pouvant « être reconnues comme maladies », de même que d’autres affections plus connues. Pour la gauche, la reconnaissance de ces pathologies devait passer par un système complémentaire de reconnaissance des maladies professionnelles.
Samedi dernier, le député socialiste, Benoît Hamon, ex ministre de l’Education, était l’invité de Thierry Ardisson sur le plateau de « Salut les terriens ». La discussion avec le journaliste Eric Brunet avait suivi un édito sur la question du « burn out » (à partir de la 19 ème minute) :
Le Sénat seul contre tous ?
Les socialistes ne sont pas les seuls à penser qu’il est légitime de reconnaître le « burn out » tel qu’un « syndrome d’épuisement professionnel ». A l’origine, un « burn out » se caractérise par une intense fatigue physique et psychique, « générée par des sentiments d’impuissance et de désespoir ». Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), il s’agirait d' » »un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique ».
Aussi, le cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques d’origine professionnelle, a publié un rapport indiquant que 3,2 millions d’actifs ont de grandes chances d’être atteint de cette maladie hyperactive. Selon ce rapport, n’importe quel type d’emploi peut être touché par le « burn out« . Mais ce sont davantage les catégories professionnelles les plus connues, comme les agriculteurs, artisans, commerçants, chef d’entreprise, cadres, qui ont le plus de chance d’être atteints.
L’Institut national de veille sanitaire (INVS) a également déclaré ce mardi 23 que les souffrances psychiques tels que la dépression, l’anxiété et le burn out, ne cesse d’augmenter, surtout chez les femmes, « deux fois plus touchées » que les hommes.
Pourtant, tous ces rapports n’ont pas convaincu le Sénat ce mercredi. Selon les sénateurs les études publiées ne donnent suffisamment d’explication sur les causes de cette éventuelle maladie professionnelle que serait le « burn out ». La commission des Affaires sociales du Sénat a donc jugé que cet amendement déposé par la gauche et le gouvernement n’était en mesure de légitimer le « burn out » telle qu’une maladie professionnelle. Pour la gauche, retirer le « burn out » de la liste des maladies dites professionnelles est une erreur grave car cette suppression signifie que tout les moyens et préventions pour lutter contre ce mal ne sont pas mis en oeuvre.
Mais le PS n’a pas dit son dernier mot puisque l’examen du texte se poursuit jusqu’à vendredi prochain au Sénat. Mardi 30 juin prochain, une commission mixte, composée de membres de Centre médico-psychologique (CMP), sept députés et sept sénateurs, votera une dernière fois pour décider si oui ou non le projet de la loi sur le dialogue social proposé par François Rebsamen, ministre du travail doit être accordé. L’Assemblée nationale et le Sénat devront ensuite s’accorder sur une version commune. En cas de désaccord, ce sera les socialistes qui seront en position de force étant donné que c’est l’Assemblée, chambre majoritairement socialiste, qui doit avoir le dernier mot. Il est donc de l’intérêt des sénateurs de trouver un accord à l’amiable s’ils ne veulent pas repartir bredouille.