Alors que les deux marocaines arrêtées pour indécence ont été innocentées, au Soudan, de nouvelles arrestations ont visé des femmes, mettant en cause leur tenue. Elles sont douze à avoir été interpellées pour avoir porté pantalon et jupe en public. Au-dessus d’elle pèse la menace de la flagellation…
Elles sont chrétiennes, certaines âgées de seulement 19 ans, et ont été arrêtées devant une église de la capitale soudanaise Khartoum. La raison: leur pantalon ou leur jupe ont été jugés indécents par « la police de la morale » de la ville. Trois d’entre elles ont échappé de justesse au châtiment des 40 coups de fouet. Le juge les a déclarées coupables tout en leur épargnant la sentence. Mais les autres attendent leurs procès, qui se feront séparément dans le courant du mois de juillet. C’est en référence à l’article 152 du code pénal soudanais, inspiré de la charia, que ces femmes ont été mises en garde à vue. Il interdit les « robes indécentes ».
Cette première décision du juge semble incohérente et anticonstitutionnelle mais elle s’explique ! Les condamnées ont reçu durant leur procès un cours sur la décence et la moralité, rapidement, les groupes de soutien aux jeunes femmes présents ont mis mal à l’aise le juge, d’où ce verdict surprenant. C’est l’analyse de Muhamad Mustafa, avocat de l’une des accusées.
En effet, à la vue de ce type d’arrestations et des maltraitances de la police (insultes, intimidations…) des groupes de soutien se sont créés, notamment No To Women’s Oppression. Selon ce groupe, entre 40 000 et 50 000 femmes sont arrêtées et torturées chaque année à cause de leur tenue, et ce sur ordre public. En 2009, le pays déclenche un scandale international en arrêtant une représentante de l’ONU en même temps que treize autres femmes car elles portaient un pantalon. Le cas fut particulièrement médiatisées grâce à l’activisme des concernées mais ça ne l’est que très rarement. Le plus grand nombre des femmes arrêtées provient de quartiers reculés et pauvres de la capitale et leurs affaires ne sont pas relayées.