Stephen Bannon, ancien directeur de la campagne présidentielle du milliardaire, vient d’être nommé « conseiller en chef chargé de la stratégie » au sein du nouveau cabinet présidentiel. Ex-officier dans la marine, banquier, producteur de films, et directeur de Breitbart News, portrait du nouveau bras droit très controversé de Donald Trump.
Décrit par Bloomberg en 2015 comme « l’homme le plus dangereux de la vie politique aux Etats-Unis », Stephen (alias Steve) Bannon, 62 ans, est le nouveau stratège en chef et haut conseiller de Donald Trump. Accusé d’antisémitisme et de violences conjugales par ses ex-épouses, ce conservateur proche des milieux d’extrême droite conseillera scrupuleusement la nouvelle administration Trump. Alors que le Ku Klux Klan se félicite de cette nomination, ce choix est vivement critiqué par le camp démocrate, porté par Bernie Sanders qui en demande l’annulation.
Ancien officier de la marine et homme d’affaires
Né à Norfolk en Virginie, Steve Bannon grandit dans une famille catholique irlandaise démocrate, pro-Kennedy. Après la fac, il s’engage dans la marine où il développa ses premières convictions républicaines : « J’ai vu à quel point Jimmy Carter avait foutu le bordel » confiera-t-il à Bloomberg. A la suite de son service militaire à l’United States Navy, Steve Bannon intègre la prestigieuse Harvard Business School (malgré sa haine des élites) et décroche un MBA en 1983 pour devenir banquier d’investissement au département Fusions & Acquisitions chez Goldman Sachs.
En 1990, Steve Bannon et plusieurs de ses collègues créent Bannon & C, une société d’investissement spécialisée dans les médias. Comme le raconte le Time, il négocie, à travers cette entreprise, la vente de Castle Rock Entertainment [une société de production de films] à Ted Turner pour laquelle il reçoit des droits d’auteur juteux sur Seinfeld, un très célèbre show-télévisé. Il revend tout à la Société Générale en 1998.
Après avoir fait fortune, Steve Bannon se lance dans une carrière de producteur à Hollywood. Il produit notamment The Indan Runner (1991) avec Sean Penn, Titus (1999) avec Anthony Hopkins, puis se spécialise rapidement dans des films plus politisés tels que In the Face of Evil (2004), un documentaire sur Ronald Reagan, Battle for America (2010), portant sur une des représentantes du mouvement ultracoconservateur du Tea Party, et plus récemment District of Corruption (2012) qui critique le mouvement Occupy Wall Street. En 2011 il finance même The Undefeated, un documentaire glorifiant Sarah Palin, l’ancienne gouverneur républicaine d’Alaska.
Conservatisme, peur et extrême droite
Hostile à Wall Street, ardent dénonciateur de « l’establishment » politique américain, et choqué par les événements du 11 septembre, Steve Bannon se fait connaitre en reprenant la direction du site Breitbart News en 2012. Site d’information conservateur, il devient une référence pour des millions d’américains partisans de l’extrême-droite, et notamment pour « l’Alt-Right », mouvement véhiculant des thèses racistes et antisémites. Selon une enquête réalisée par Vanity Fair, le nouveau patron de Breitbart News exerçait une forte pression sur la rédaction pour maintenir une ligne éditoriale pro-Trump. Sur le site Daily Wire, d’anciens rédacteurs du média Breitbart News racontent également : « beaucoup d’anciens employés de Breitbart News ont peur de lui. C’est une personne vindicative et méchante, tristement connu pour insulter ses soi-disant amis et menacer ses ennemis ».
Depuis l’annonce de sa nomination à la Maison Blanche, Stephen Bannon n’a accordée qu’une seule interview au Hollywood Reporter : « Darkness is good. Dick Cheney, Dark Vador, Satan. C’est le pouvoir. Cela nous aide seulement quand [les libéraux et les médias] se trompent. Quand ils sont aveugles à ce que nous sommes et ce que nous faisons. » N’est-ce pas ?
Crédit photo à la une : The Daily Beast