Ce matin, la tête est lourde. Les strasbourgeois et strasbourgeoises, encore plongés dans le choc et l’horreur vaquent comme si de rien n’était à leurs occupations. Le tireur, lui, poursuit sa course folle, dans Strasbourg et peut être ailleurs. Ces lendemains, malheureusement, répétés ont une odeur et une saveur particulière. Cette fois ci, le marché de noël de Strasbourg, pourtant symbole de joie et de magie a été le théâtre de ce que l’homme ou l’animal comporte en lui de plus mauvais. A l’heure ou je vous parle, certains restent encore cloîtrés chez eux, terrifiés par l’abattement médiatique et les tirs de balles qui résonnent encore à leurs oreilles.
Nous sommes le 12 décembre 2018 et il est temps que cette année se termine. Les spectres du mal ne s’effondreront peut être jamais. Les douleurs insupportables ne seront peut être jamais atténuées. L’Histoire recommence à chaque fois que la France ou que le monde est frappé. Il y a eu un certain nombre de témoignages, tous plus alertants les uns que les autres. Nous retiendrons celui d’une serveuse du restaurant «crocodile» élu par des épicuriens meilleur restaurant du monde ! Elle disait à quel point la stupeur et l’horreur l’avait profondément marqué. Les clients et les restaurateurs, tous s’étaient confinés dans les salles à l’abri des impacts. Dans une solidarité presque nouvelle, ces âmes effrayées passèrent le temps de quelques longues minutes un moment d’arrêt lourd, pesant, angoissant.
Des hommes et des femmes déposent des bouquets de fleurs à l’endroit de la tuerie. Quelques curieux s’empressent d’assister a la scène, l’hommage est toujours très fort en France, nous savons y faire, nous y avons pris l’habitude. Le reste de la rue est quasiment désert, les commerçants ont plié boutique, comme si la secousse était encore fraîche. Au loin, aux quatre coins de la ville, les citadins essayent de reprendre ce qu’ils peuvent de leur vie. Dans le bus ce matin, les regards des passagers étaient fuyants, le cœur ailleurs, l’inquiétude se lisait sur leur visage. Peut il y avoir du courage dans ces moments là ? Peut on faire autre chose que déplorer les victimes ? Y a t il une issue infime qui nourrirait un optimisme ? Ou doit on simplement continuer de vivre, c’est peut être ça le courage : continuer, même si certains nous en empêchent et qu’il semble pouvoir arrêter le temps et nous figer comme dans la glace.
Le marché de noël devrait être une fête . Aujourd’hui la fête s’est arrêtée. Quelques rues sont vides, les grandes places multicolores et féeriques de Noël sont alors éteintes. Et chacun au fond de lui espère que plus jamais cette ville, cette région et ce pays ne seront encore défigurés. Nous sommes en début d’après midi, l’homme court toujours, joyeux noël.