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La stratégie de Hollande derrière « Hé oh la gauche ! » 

Le président de la République prépare son entrée en campagne. Quoi de mieux que de brandir le spectre d’une victoire de la droite pour mobiliser les siens ? Le mouvement « Hé oh la Gauche ! », animé par les proches du chef de l’Etat, constitue la pierre angulaire de cette stratégie.

On le dit fini dans tous les sondages. Son impopularité ne cesse d’atteindre des records. En pleine instance de divorce avec l’aile gauche de sa majorité, François Hollande doit maintenant faire face à une échappée interne.

Lancé dans le bain de la politique par M. Hollande, le ministre de l’économie Emmanuel Macron a fondé début avril son propre mouvement : « En marche ! », ni de droite, ni de gauche, comme il se plait à le décrire. Une crise de l’autorité menace-t-elle l’Élysée ? « Il sait ce qu’il me doit » a affirmé le chef de l’Etat le 14 avril lors de l’émission Dialogues Citoyens.

Lire aussi : Emmanuel Macron, un ministre qui dérange

Mais depuis quelques semaines, le jeune et très libéral ministre multiplie les sorties médiatiques à coup de déclarations chocs pour la famille socialiste : abolition de l’ISF, abrogation des 35 heures … Envoyant valser les totems de la majorité, l’ancien employé de la banque Rothschild a porté l’assaut final en lâchant dimanche dernier sur Arte : «  la gauche aujourd’hui ne me satisfait pas ».


Macron : « la gauche ne me satisfait pas »

Le dépassement des clivages ? Un créneau sur lequel se positionne déjà Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l’Essonne et candidate à la primaire des Républicains. Au regard des scrutins passés, cette formule éprouvée est loin de faire recette. Le démocrate-chrétien Jean Lecanuet s’y est essayé dès 1965 sous la bannière de l’UDF, réunissant 15 % des suffrages exprimés au premier tour sans pour autant passer le cap du tour suivant. Certes, Valéry Giscard d’Estaing a concrétisé les ambitions présidentielles centristes en 1974, mais au prix d’une majorité étriquée, fragile car reposant sur l’appui des gaullistes à l’Assemblée. Aujourd’hui c’est François Bayrou qui tente sa chance depuis 2002. Avec le succès que l’on connait.

Une élection qui favorise le bi-partisme

Cause de ces essais infructueux : le mode de scrutin majoritaire à deux tours, qui favorise la bipolarisation de la vie politique française. Surtout, l’Hexagone est peu adepte de toute culture de la coalition, pourtant si chère à nos voisins allemands. Si une recomposition politique s’opère au sein même des partis, qu’un Jean-Pierre Raffarin se déclare favorable à un pacte républicain auquel Manuel Valls a pu souscrire, le bon vieil affrontement camp contre camp demeure la règle lors des présidentielles. Rien de tel que de définir son identité en opposition à un ennemi commun pour fédérer des troupes.

Avant de revêtir les habits de père de la Nation, François Hollande l’avait bien compris et avait ainsi fustigé « le monde de la finance » lors du fameux discours du Bourget. Pour l’année qui s’annonce, le chef de l’Etat adopte une posture similaire. La fuite de son ministre de l’économie lui ouvre même la voie à une gauchisation de son discours. Afin d’apparaitre comme le seul représentant crédible des socialistes, l’ex-secrétaire du PS a missionné ses proches pour légitimer le bilan du quinquennat.

Lundi, Stéphane Le Foll et quelques ministres ont tenu le premier meeting de « Hé ho la gauche ! », forme de comité de soutien de l’action présidentielle et rampe de lancement de la pré-campagne. Et hier le numéro deux de la rue de Solférino Guillaume Bachelay a agité la menace d’une « une France low cost voulue par la droite » dans le premier des sept « cahiers de la présidentielle ». François Hollande doit grandement son élection à l’anti-sarkozysme qui prévalait en 2012. Secrètement, il espère que l’ancien pensionnaire de l’Élysée remporte la primaire de novembre, avec la conviction qu’il bénéficiera du même effet de rejet.

Crédits photo Une : afp.com/Eric Feferberg

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