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La Suisse abandonne le nucléaire…et nous ?

Ce dimanche 21 mai, les suisses ont approuvé à 58,2% la « stratégie énergétique 2050 », qui prévoit une sortie progressive du nucléaire et une valorisation des énergies renouvelables.

Le résultat des urnes représente une importante victoire pour les Verts, qui ont largement contribué au projet, ainsi que pour plusieurs associations helvétiques qui, depuis des années, se battent pour sortir du nucléaire.

Une véritable transition énergétique

Bien que l’abandon du nucléaire constitue une avancée majeure dans la stratégie énergétique helvétique, le projet qui a été voté dimanche dernier s’inscrit dans un cadre bien plus ample. En effet, la loi ne prévoit pas seulement la fermeture des centrales à la fin de leur vie, mais aussi l’encouragement et la promotion des énergies renouvelables. La Suisse s’engage alors dans une véritable transition énergétique, qui devrait conduire, à terme, au bon approvisionnement du pays à travers les énergies renouvelables.

Pour Philippe de Rougemont, président de l’association « Sortir du nucléaire », le pari est risqué : « Aujourd’hui, environ 35% de l’électricité suisse provient du nucléaire, le reste est issu des barrages hydroélectriques ». Selon les pro-nucléaires de l’Union démocratique du Centre (UDC), la transition énergétique pourrait effectivement détruire un système d’approvisionnement qui « fait les preuves de son efficacité depuis de nombreuses années ». L’abandon du nucléaire contraindrait ainsi la Suisse à un « approvisionnement moins sûr » et à une « plus grande dépendance de l’étranger ».

La Suisse compte actuellement 4 centrales, dont la doyenne d’Europe.

Une transition « progressive »

Malgré l’approbation de la « Stratégie énergétique 2050 », les centrales suisses sont loin de fermer. « Dans la loi qui a été acceptée, aucune date de fermeture est prévue. La Suisse a décidé de maintenir en fonction ses centrales pendant un temps indéterminé », souligne de Rougemont. « L’absence d’une échéance définie a sans doute joué un rôle déterminant, surtout en comparaison avec le vote de novembre dernier », poursuit le président de « Sortir du nucléaire ». En effet, les Suisses avaient rejeté en 2016 un projet de loi qui, tout en étant analogue à l’actuel, prévoyait la fermeture de toutes les centrales avant 2029. Si une transition énergétique était envisagée par les autorités helvétiques depuis l’accident de Fukushima en 2011, la sortie du nucléaire ne peut être hâtive. Au cours des débats qui ont précédé la consultation, 2035 a été évoquée plusieurs fois comme une date indicative qui pourrait coïncider avec l’obsolescence des centrales actives.

A lire aussi : Explosion à la centrale nucléaire de Flamanville : pas de risque nucléaire

Un mouvement européen de rejet du nucléaire

Le choix des suisses s’inscrit dans un mouvement européen de rejet du nucléaire : « après les danois, les belges, les autrichiens et les allemands, on ne voulait pas être les derniers de la classe » affirme de Rougemont. « A chaque fois qu’un pays sort du nucléaire, il lance un message aux autres. Nous, on s’est inspirés du résultat du référendum italien (en 2011, les italiens ont rejeté un projet de loi pour la construction de plusieurs centrales, ndr), qui a conforté beaucoup de ceux qui étaient sceptiques ». D’après l’association anti-nucléaire, la fermeture des centrales serait aussi un choix d’avenir : « dans le futur, on sera contraint de s’approvisionner exclusivement des énergies renouvelables, puisque les stocks de charbon et de pétrole s’épuisent ».

A lire aussi : Nucléaire : les anomalies de l’EPR de Flamanville

L’UDC considère, au contraire, que la transition énergétique mise en œuvre par d’autres pays européens n’ait pas été un franc succès. En Allemagne, par exemple, malgré le tournant énergétique récemment entrepris, « l’approvisionnement en électricité est et restera dominé par les agents énergétiques fossiles, soit le charbon et le gaz ». En effet, « durant les mois d’hiver les installations éoliennes et solaires produisent trop peu, voire ne produisent pas du tout d’électricité ». Se pose alors la question fondamentale du stockage de l’électricité.

Les centrales suisses existantes resteront en fonction jusqu’à atteindre une durée de vie d’environ 40 ans.

La France, « dernière de la classe » ?

Quant à l’avenir du nucléaire en France, de Rougemont est tranché : « la sortie du nucléaire sera une nécessité. Cela va se faire à travers deux mouvements distincts : le démantèlement des centrales d’un côté, et le développement des renouvelables de l’autre. Plus on attend, plus le processus sera couteux et difficile : la France prend du retard sur les autres pays européens, qui ont déjà développé une industrie nationale de revalorisation des énergies propres ». Un retard qui n’en est pas un  d’après les représentants de l’UDC, pour qui « les énergies renouvelables ne permettent pas de produire de l’électricité en quantité suffisante et à un prix abordable pour remplacer l’énergie nucléaire ».

Il faudra sans doute attendre encore quelques mois pour observer les actions concrètes entreprises sur ce dossier houleux par le président Macron.

A lire aussi : Sortie du nucléaire : Hollande tergiverse

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Rédactrice en chef adjointe du service Politique - International Rédactrice en chef "Les Snipers de l'Info" Etudiante en Droit - Sciences politiques
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