Alors qu’il ne reste que 3 petits épisodes avant la fin de la saison, Twin Peaks prouve semaine après semaine qu’elle est une grande série. Une très grande série qui nous prend par le col et met sens dessus dessous toutes nos émotions.
Le 3 septembre, Twin Peaks achèvera son retour par un double épisode d’ores et déjà très attendu. Alors que tous les yeux sont braqués sur Game of Thrones saison 7, Twin Peaks ne cesse de nous surprendre, de nous émouvoir, de nous terrifier au fil des épisodes.
Le 15ème, dernier en date à avoir été diffusé le confirme : c’est une magistrale série.
Spoilers sur la saison 3 de Twin Peaks
Déjà dans les premières saisons, jamais Twin Peaks n’était aussi bonne que lorsqu’elle jouait avec nos émotions. On passait par tous les stades : la tristesse, l’amusement, la joie, la peur… Qu’il s’agisse de l’annonce de la mort de Laura ou du meurtre de Maddie sa cousine, tout peut arriver dans Twin Peaks. À condition de lâcher prise et de s’abandonner à la série, ce qui n’est facile, loin de là.
Dans ce « retour », rien n’est prémâché, rien n’est facile et la série peut facilement décontenancer même les plus tenaces, on a évoqué l’épisode 8 très expérimental. On pensait qu’on ne pourrait pas faire aussi fort. On se trompait. Après une petit ventre mou sur l’épisode 11-12, la série est repartie sur du très haut niveau et le dernier épisode ne nous aura rien épargné.
L’épisode s’ouvre sur l’une des plus belles scènes entre Norma et Ed. Alors que Nadine vient de rendre sa liberté à ce dernier, il se précipite au Double R et vient faire une déclaration d’amour à Norma au son de I’ve been loving you too long de Otis Redding. Le spectateur et Ed sont baladés d’un sentiment à l’autre : d’abord quand Norma semble l’éconduire, puis quand elle revient vers lui et accepte sa demande en mariage. Economie de dialogues mais une chanson qui fait tout le travail, comme si Ed parlait à Norma par la voix d’Otis Redding. Un très grand moment.
Et puis viennent, plus tard dans l’épisode, les adieux déchirants de la Log Lady. Les adieux à Hawk, à Twin Peaks, la peur du lâcher prise qui conduit à la mort, le tout avec les mots toujours choisis de ce personnage emblématique de la série. Mais comme un jeu de miroirs, ce sont aussi les adieux aux spectateurs de Catherine E. Coulson, en phase terminale d’une maladie et qui est décédée quelques temps après ce tournage. Comment ne pas être submergé par l’émotion qui nous étreint à cet instant là? La mort a souvent été filmée, montrée dans des séries. Mais cet instant-là restera unique et bouleversant. Et comme un adieu à la Log Lady, un dernier plan sur sa cabane dans les bois… et la bougie qui s’éteint. Jamais un réalisateur n’aura su aussi bien dire adieu à celle qui l’aura longtemps accompagné depuis leur rencontre en 1971 !
Bien moins émouvants mais tout aussi intenses que la scène avec Mr C en « face à face » Phillip Jeffries ou ce moment qui semble mener tout droit vers le retour de Cooper quand Douggie se retrouve de nouveau face à la prise de courant qui l’a sorti des Loges. Pour chacun de ces moments qui nous auront marqué plus qu’on ne l’imaginait, il ne faut pas avoir peur de lâcher prise face à Twin Peaks. Lâcher prise et redécouvrir l’attente de l’épisode de la semaine (à une époque du binge watching), de ne rien savoir avant la diffusion (à une époque de sur-communication).
Twin Peaks était une grande série. Ce retour confirme qu’elle distance toujours ses concurrents. Et ce, même si le public ne semble pas y être sensible…