Uber débarque à Marseille. La société américaine espère ajouter 50 000 nouveaux clients potentiels grâce à la cité phocéenne. Si ce système de VTC peut ravir certains nouveaux usagers, en revanche, les taxis voient en eux une menace qui risque inexorablement de baisser leur chiffre d’affaire. Explications.
Après être apparu à Paris, Nice, Bordeaux, Toulouse, Lyon et Lille, la société américaine de transport Uber arrive aujourd’hui à Marseille, Nantes et Strasbourg. Elle permet, via une application mobile, de pouvoir commander une voiture de tourisme avec chauffeur (VTC). Cette nouvelle concurrence, que les conducteurs de taxis jugent déloyale, risque fortement de bouleverser le mode de fonctionnement des consommateurs.
Échauffourées et journée sous tension
Avant même d’arriver à Marseille, Uber était déjà considéré comme persona non grata. Ce matin, les nouveaux conducteurs avaient rendez-vous avec leurs futurs employeurs dans un célèbre hôtel-restaurant du 6e arrondissement de la ville. Uber pourrait faire perdre potentiellement 50 000 clients aux taxis marseillais. Remontés comme des pendules, ces derniers, venus manifester, ont perdu la raison. Ils ont invectivé et lancé de l’eau sur les journalistes présents sur place. Subséquemment, ils ont forcé les candidats présents pour le recrutement à sortir en attendant de s’attaquer au « gros morceau » c’est-à-dire les dirigeants d’Uber. Tout le quartier a été bloqué. Pour l’instant, aucun incident grave n’est à déplorer.
Mais pourquoi les taxis font-ils autant la guerre aux VTC ?
Taxis et VTC, même combat ?
Pour devenir chauffeur de taxi, il y a trois solutions : le transfert gratuit de licence, l’obtention à titre gracieux auprès d’une autorité administrative et l’achat d’une licence. Pour cette dernière option, cela coûte cher. Très cher. Le prix n’est pas fixe selon les départements ou les régions. La fluctuation des prix de l’attribution des licences est régie par la règle de l’offre et de la demande présente sur le marché. Tout dépend du lieu où l’exerçant pratique sa profession. L’obtention d’une licence peut démarrer à 50 000€ si le chauffeur travaille dans une petite commune. En revanche, elle peut avoisiner les 300 000€ dans une grande agglomération. Cela dépend aussi d’autres facteurs a posteriori. Si la licence est plus ou moins récente, si le détenteur souhaite s’en séparer très rapidement pour cause de maladie, de retraite etc.
En revanche, devenir conducteur pour Uber est très simple. Il suffit d’avoir 21 ans, d’être titulaire du permis B issu de l’Union Européenne depuis plus d’un an (un étranger peut donc exercer en France) et avoir une voiture 5 portes de moins de 10 ans. En plus de cette facilité à devenir « taxi », les prix attractifs pratiqués par ces (conducteurs) particuliers défient toute concurrence.
Comment ça fonctionne ?
Pour utiliser Uber, il faut télécharger l’application sur son smartphone (l’appli est disponible sur Androïd comme sur l’Apple Store). Une fois l’application installée, il suffit d’entrer son adresse mail, un numéro de portable ainsi qu’un numéro de carte bleue pour le règlement de la course. A la différence d’un taxi lambda, il est impossible de payer en liquide à l’intérieur de la VTC. Tout s’effectue par carte bleue ou ‘’PayPal’’ (c’est un service de paiement en ligne qui se matérialise par des flux électroniques) via l’application mobile. Le conducteur engagé par Uber est payé à hauteur de 80% sur le prix de la course. Pour un trajet d’environ 6 kilomètres, la facture avoisine les 10€, seule la circulation peut varier le montant. Pour une course en taxi, le coût aurait doublé.
Face à la fureur des taxis, un projet de loi est en cours pour interdire Uber d’exercer mais aussi de s’implanter à nouveau sur le territoire français.
Julien HOLTZER