En soufflant ses bougies, le parti n’a pas manqué d’enflammer le gâteau. Et si ce dixième anniversaire était le dernier ?
Le ver dans la pomme.
Le 23 avril 2002, l’UMP est fondée par Alain Juppé, comme réconciliation des droites conservatrices et libérales. Autrement dit, il s’agit de se faire côtoyer des souverainistes et des fédéralistes. Des gaullistes et des giscardiens. Des ultra-libéraux et des interventionnistes. Tout et son contraire.
Pourtant, le mouvement semblait être une véritable réussite à sa création. A bout de souffle après cinq ans de cohabitation, la droite voulait se ressaisir. En soutien au président Chirac dans l’entre-deux tours, le mouvement est né. Ce qui était alors « l’Union pour la Majorité Présidentielle » se voulait une et indivisible. Quitte à mettre des fauves aux convictions bien différentes dans une même arène…
Quelle stratégie suivre alors ? Fallait-il fixer une ligne politique à laquelle les militants devraient se soumettre ? Ou au contraire laisser ceux-ci s’exprimer ? Peu à peu, on a vu émerger des « courants » à l’UMP. C’est la tentative de reprise à droite d’un concept socialiste. Mais ces courants signifient la négation de l’UMP. Ils institutionnalisent les divisions qui existaient dans l’union.
Y-a-t-il une vie après Sarkozy ?
Seul Nicolas Sarkozy avait réussi à faire oublier aux militants que l’UMP reposait sur des antagonismes. Sa forte personnalité, comme président du parti et surtout comme chef d’Etat, plaisait aux militants, à tous les militants…mais rien qu’aux militants.
Le 6 mai 2012, en quittant la scène politique à la maison de la Mutualité (Paris, 5e), l’ancien président de la République a créé un immense vide politique.
Au lendemain de la défaite de Sarkozy, une nouvelle fracture est née au sein du parti. Deux écoles sont apparues.
La première considère que le président sortant a obtenu l’honorable résultat de 48% à l’élection présidentielle grâce à la radicalisation de son discours durant l’entre-deux tours. C’est la doctrine Buisson. L’ancien conseiller du président Sarkozy a inspiré à Jean-François Copé la fameuse expression de « droite décomplexée ».
La seconde affirme au contraire que c’est au centre qu’aurait dû se jouer la campagne Sarkozy II. François Fillon a fait sienne cette idée pendant sa campagne pour la présidence du mouvement. Il décrivait l’UMP comme « notre famille de la droite et du centre ».
Aujourd’hui, on aurait bien du mal à dire quel choix a été celui des militants entre Fillon et Copé. Une semaine après l’élection du 18 novembre, le premier parti de France en terme d’adhérents n’a pas de chef légitime. Carriérisme et individualisme semblent être les mots d’ordre des ténors. Même le serein Juppé, fondateur du mouvement, en a perdu les rennes. Alors, plus que jamais, le spectre omniprésent de Nicolas Sarkozy plane sur la maison UMP incendiée.