Mathieu Mercuri est un jeune militant communiste. Les résultats des régionales, plaçant le Front de gauche 5e en région PACA, pourraient l’avoir abattu. Au contraire, Mathieu est un jeune homme déterminé et lucide, convaincu depuis le plus jeune âge par ses idées d’extrême gauche. Portrait de ce camarade pas comme les autres.
Dimanche 8 décembre au matin. La France et ses régions se réveillent sous « le choc », comme le titrent les journaux. Et particulièrement Mathieu Mercuri. Il n’a pas osé se rendre à la soirée électorale du Parti communiste, « de peur de pleurer devant tout le monde ». Ce jeune homme de vingt ans s’est prêté au jeu du portrait, autour d’un café. Immédiatement, il partage les notes prises pendant l’entrevue sur les réseaux sociaux. Y voit-il une certaine fierté ?
Peut-être parce que Mathieu n’a pas une vie facile. « Mes parents sont en instance de divorce et tous mes grands-pères sont décédés avant que je naisse » confie-t-il avec une étonnante assurance. En effet, « la mort en soi ne me fait pas peur, elle fait partie de la vie ». Mathieu ne cesse de tripatouiller sa sucrette et parle très vite, comme stressé par ses propos. Face à une situation familiale tendue, c’est à la fin de la 3e que sa vie prend un premier sens. Et ce sens, il est politique. Le jeune homme se rapproche d’abord des idées du… Front national.
UN AVENIR PROFESSIONNEL POLITIQUE ?
« Je me sentais naïf » reconnaît-il. Dès la classe de première, les cours de philo le remettent sur un nouveau chemin, « car mon prof est membre du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), le parti de Besancenot ». C’est là le début d’une ascension très rapide dans son implication en politique. Et au bout, une vraie responsabilité : il est devenu en février dernier conseiller national de l’Union des étudiants communistes. Un rôle qu’il semble vivre à fond, mais face auquel il se sent un peu impuissant. « Je n’ai pas l’impression de beaucoup faire bouger les choses, je n’y arrive pas » confie-t-il avec un léger fatalisme. « Cependant, le fait que je crée des visuels en tant que chargé de communication, ce qui me permet de me sentir un peu utile« . Cette utilité, le jeune homme l’exprime aussi sur sa page Facebook, où il prend notamment soin de fêter Hanoukka, l’Aïd el-Fitr ou Noël à toutes les croyances : « je suis pour le multiculturalisme, même en tant qu’athée je comprends et soutiens toutes les religions« .
À seulement 20 ans, Mathieu n’a même pas le temps de penser à son avenir. « Actuellement je fais des études de théâtre, mais les opportunités de carrière politiques me tentent de plus en plus » reconnaît-il. Beaucoup d’activités s’entrechoquent dans sa vie. Son carburant pour l’aider à tenir, ce sont les amis. « Si je ne reçois pas de message de mes amis pendant une journée entière, je me sens très stressé » avoue le jeune homme : « sans mes amis, je serais déjà mort ! ». Débridé, débordant de joie de vivre et de bonne humeur, Mathieu profite à fond de la vie, de sa vie. Rien que la sienne.